
Que serait le cinéma sans l’apport des machines ? Au sens strict, rien du tout, puisqu’autant du temps de la projection argentique que de nos jours à l’ère du tout numérique, il faut une mécanique finement conçue, afin de donner naissance au spectacle cinématographique. En dehors de la forme technique, le cinéma a de même creusé depuis toujours le fond de cette thématique mi-fascinante, mi-inquiétante. Depuis avant-hier et encore jusqu’au mardi 9 août inclus, la sélection mensuelle de LaCinetek fait défiler en dix approches diverses et variées ces curieux machins, qui nous rendent pour la plupart la vie plus vivable. Une sorte de rappel ludique du fait que les personnages inhumains au cinéma ne datent pas (du tout) d’œuvres récentes, comme par exemple Yves de Benoît Forgeard et son frigo intelligent, sorti en salles il y a près de trois ans.
Encore et toujours le même petit rappel du mode de fonctionnement de la sélection de LaCinetek : pour moins de trois euros par mois ou bien trente euros par an, vous aurez un accès illimité aux trois courts-métrages et sept longs de la sélection sur le site de la plateforme fondée par Pascale Ferran, Laurent Cantet et Cédric Klapisch.
Partenaire officiel du Festival de La Rochelle qui s’est terminé le week-end dernier, LaCinetek accompagne sa programmation entre autres en établissant la liste des films de chevet du réalisateur espagnol Jonas Trueba (Qui à part nous), en y ayant organisé son ciné-club en ligne autour de Rainer Werner Fassbinder et la présentation des Larmes amères de Petra von Kant par François Ozon et en accompagnant les rétrospectives de Audrey Hepburn, Pier Paolo Pasolini et Alain Delon.
Onze des films de ce dernier seront par ailleurs disponibles jusqu’à la fin de ce mois-ci en vidéo à la demande au prix préférentiel de deux euros en basse définition et de trois euros en haute définition. Sur la liste de ce condensé d’une carrière mémorable figurent Plein soleil de René Clément, Rocco et ses frères et Le Guépard de Luchino Visconti ou encore les trois films que l’acteur avait tournés avec Jean-Pierre Melville : Le Samouraï, Le Cercle rouge et Un flic.

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En termes de choix de sujet, on pourrait certes faire preuve de plus d’originalité que les machines au cinéma. Or, là où la sélection de LaCinetek gagne une fois de plus ses lettres de noblesse, c’est du côté de l’éclectisme avec lequel ses sélectionneurs ont rempli cette thématique assez bateau. De grands classiques intemporels y croisent donc des films plus confidentiels ou en tout cas des regards singuliers sur l’omniprésence des machines dans notre quotidien. A noter le mélange habile entre les genres, voire la forme des films retenus, qui devraient vous permettre de faire le grand écart entre le sèche-cheveux de Shampoo de Hal Ashby et la ville du futur imaginée à trente ans d’intervalle par des réalisateurs aussi visionnaires que Fritz Lang et Jacques Tati.
A moins que l’humour jamais tout à fait insouciant du jouet humain interprété de façon magistrale par Pierre Richard dans Le Jouet de Francis Veber et du monde du travail déshumanisé tel que Charles Chaplin le voyait d’ores et déjà dans les années 1930 dans Les Temps modernes ne vous apporte un peu de légèreté en ces journées caniculaires d’été. Ça rigole sensiblement moins dans le film manifeste de la science-fiction des années ’80, le premier Terminator de James Cameron, encore plus dans la suggestion du cauchemar à venir que ses cinq suites jusqu’à Terminator Dark Fate de Tim Miller, sorti en octobre 2019.

La sélection « Machins / machines » du mois de juillet 2022
2 ou 3 choses que je sais d’elle (France / 1967) de Jean-Luc Godard, avec Marina Vlady et Anny Duperey
Ce vieux rêve qui bouge (France / 2001) de Alain Guiraudie, avec Pierre Louis-Calixte et Jean-Marie Combelles
Le Jouet (France / 1976) de Francis Veber, avec Pierre Richard et Michel Bouquet
Metropolis (Allemagne / 1927) de Fritz Lang, avec Alfred Abel et Gustav Fröhlich
Mon oncle (France / 1958) de Jacques Tati, avec Jacques Tati et Jean-Pierre Zola – Prix spécial du jury au Festival de Cannes en 1958 / Oscar du Meilleur Film étranger en 1959

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Saute ma ville (Belgique / 1971) de Chantal Akerman, avec Chantal Akerman
Shampoo (États-Unis / 1975) de Hal Ashby, avec Warren Beatty et Julie Christie – Oscar de la Meilleure actrice dans un second rôle à Lee Grant en 1976
Les Temps modernes (États-Unis / 1936) de Charles Chaplin, avec Charles Chaplin et Paulette Goddard
Terminator (États-Unis / 1984) de James Cameron, avec Arnold Schwarzenegger et Michael Biehn
Wallace et Gromit Un mauvais pantalon (Royaume-Uni / 1993) de Nick Park – Oscar du Meilleur court-métrage animé en 1994

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