Grandir sans frère, ni sœur ne doit pas être marrant tous les jours. A l’inverse, cette enfance vécue en commun peut causer toutes sortes de crispations, d’emblée ou plus tard, dans la vie d’adulte. Heureusement, le cinéma permet à tout un chacun de prendre du recul par rapport à ses fratries plus ou moins harmonieuses. Et même si ce n’est pas du cinéma à proprement parler, la sélection mensuelle de LaCinetek s’inscrit parfaitement dans la relecture ludique de ce fait social vieux comme le monde. Depuis la semaine dernière et encore jusqu’au samedi 9 avril inclus, elle vous permet de faire un tour en dix films de ces familles électives.
De quoi vous composer sans compter un cercle de proches fictifs, peu importe que vous habitiez en France, en Belgique ou bien au Luxembourg. Toutefois, dans ces deux derniers pays, pour des questions de droits d’exploitation, Les Quatre filles du docteur March de Gillian Armstrong sera remplacé par Sandra de Luchino Visconti.
On ne se lassera jamais de vous rappeler le mode de fonctionnement de la sélection du mois de LaCinetek. Moins de trois euros par mois ou trente euros par an vous suffiront, en effet, afin d’avoir un accès illimité sur son site aux dix films sélectionnés chaque mois. Un autre forfait temporaire, qui arrive hélas à échéance dans peu de temps, après-demain le jeudi 17 mars pour être précis, vous permettra de voir ou revoir la filmographie complète de l’immense Maurice Pialat sur la plateforme fondée en 2015 par Pascale Ferran, Laurent Cantet et Cédric Klapisch en échange de cinq petits euros !
Dans l’actualité de la plateforme côté vidéo à la demande, LaCinetek s’associe en ce mois de mars à la 44ème édition du Festival « Cinéma du réel » – encore en cours jusqu’au dimanche 20 mars au Centre Pompidou à Paris – à travers une carte blanche donnée au réalisateur Régis Sauder, dont le nouveau documentaire En nous sortira en salles en France la semaine prochaine. Parmi les dix films choisis par lui, citons Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin, qui sera disponible à la location pour deux euros seulement pendant une semaine à partir du vendredi 18 mars, grâce au dispositif du Ciné-club. Enfin, à partir du jeudi 24 mars, le réalisateur Patrice Leconte, actuellement de retour au cinéma avec Maigret, dévoilera la liste de ses classiques préférés dont Les Disparus de Saint-Agil de Christian-Jaque et La Meilleure façon de marcher de Claude Miller.
Fanny et Alexandre © 1982 Arne Carlsson / Gaumont / France 3 Cinéma / Svenska Filminstitutet / Persona Films GmbH /
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Les années 1980 et ’90 étaient-elles plus propices à la thématique des frères et des sœurs au cinéma que d’autres décennies ? C’est ce que l’on pourrait croire en survolant la liste assemblée par les sélectionneurs de LaCinetek. Sept de ces films ont ainsi été réalisés en quatorze ans, entre 1982 et 1996. Or, cette compression dans le temps doit surtout permettre aux spectateurs de se rendre compte à quel point les histoires de famille sont éternelles. Car même du côté des deux extrémités en termes d’années de production, le début des années ’70 pour The King of Marvin Gardens de Bob Rafelson et celui des années 2000 pour Le Retour de Andreï Zviaguintsev, il n’y a aucun bouleversement majeur dans la mécanique fraternelle à signaler.
Il n’empêche qu’on a déjà connu la sélection mensuelle de LaCinetek plus vaste, parfois même dès le temps du muet, dans son tour d’horizon des thématiques cinématographiques …
Néanmoins, les chefs-d’œuvre du Septième art se bousculent dans cet échantillon de films au ton plus grave qu’enjoué. Depuis le temps qu’on a voulu revoir l’épique Fanny et Alexandre de Ingmar Bergman, les frictions à fleur de peau dans Ma saison préférée de André Téchiné ou bien la méthode Mike Leigh au meilleur de sa forme dans Secrets et mensonges, c’est l’occasion ou jamais de tous les dévorer sans modération ! Et pourquoi ne pas oser le grand écart entre la brutalité affective de Les Poings dans les poches de Marco Bellocchio et la facture consensuelle de Europa Europa de Agnieszka Holland, avec l’humour décalé des Inconnus dans Les Trois frères de Didier Bourdon et Bernard Campan comme lien improbable, avant de se plonger dans la tragédie shakespearienne revisitée par Akira Kurosawa dans Ran ?!
La sélection « Frères et sœurs » du mois de mars 2022
Europa Europa (Allemagne / 1990) de Agnieszka Holland, avec Marco Hofschneider et Julie Delpy
Fanny et Alexandre (Suède / 1982) de Ingmar Bergman, avec Kristina Adolphson et Börje Ahlstedt, Oscar et César du Meilleur Film étranger en 1984
The King of Marvin Gardens (États-Unis / 1972) de Bob Rafelson, avec Jack Nicholson et Bruce Dern
Ma saison préférée (France / 1993) de André Téchiné, avec Catherine Deneuve et Daniel Auteuil
Les Poings dans les poches (Italie / 1965) de Marco Bellocchio, avec Lou Castel et Paola Pitagora
Les Quatre filles du docteur March (États-Unis / 1994) de Gillian Armstrong, avec Winona Ryder et Gabriel Byrne
Ran (Japon / 1985) de Akira Kurosawa, avec Tatsuya Nakadai et Akira Terao, Oscar des Meilleurs costumes en 1986
Le Retour (Russie / 2003) de Andreï Zviaguintsev, avec Vladimir Garin et Ivan Dobronravov, Lion d’or au Festival de Venise en 2003
Secrets et mensonges (Royaume-Uni / 1996) de Mike Leigh, avec Brenda Blethyn et Timothy Spall, Palme d’or et Prix d’interprétation féminine à Brenda Blethyn au Festival de Cannes en 1996
Les Trois frères (France / 1995) de Didier Bourdon et Bernard Campan, avec Didier Bourdon et Bernard Campan, César de la Meilleure première œuvre en 1996
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