Nos vagabondages de festival en festival nous ont empêchés de relayer plus tôt la sélection mensuelle des films accessibles en illimité sur la plateforme de vidéo à la demande LaCinetek depuis le début du mois de novembre. Heureusement, il vous reste encore deux semaines, jusqu’au lundi 9 décembre, pour vous plonger pleinement dans la folie filmique, telle qu’elle a été définie par les sélectionneurs avisés et érudits de la Cinémathèque des réalisateurs, fondée il y a quatre ans par les réalisateurs Pascale Ferran, Cédric Klapisch et Laurent Cantet. Le mode opératoire est toujours le même : en échange de la modique somme de moins de trois euros par mois ou trente euros par un an, vous aurez droit à un accès à volonté pendant la durée du cycle aux films mis en avant.
Signalons également une autre actualité récurrente à découvrir sur le site de LaCinetek, à savoir la liste des cinquante films de chevet d’un cinéaste de renom. Ce mois-ci, c’est la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner, dont le dernier film Little Joe vient de sortir, qui s’est prêtée à l’exercice. Sur sa liste figurent entre autres les deux films de Jane Campion qui font également partie de la sélection du mois, ainsi que des films signés par ses consœurs Agnès Varda (Le Bonheur), Margarethe von Trotta (Les Années de plomb), Kathryn Bigelow (Aux frontières de l’aube), Penny Marshall (L’Éveil), Sally Potter (Orlando), Agnieszka Holland (Le Jardin secret), Barbara Albert (Banlieue nord), Catherine Breillat (A ma sœur), Sofia Coppola (Virgin Suicides), Chantal Akerman (La Captive) et Lynne Ramsay (Ratcatcher).
« Borderline », ce terme anglais peut s’appliquer à toutes sortes de dépassements de la norme. Dans le cadre du cycle de LaCinetek, il décrit à la fois le fond et la forme, puisque les dix films sélectionnés – quasiment tous des œuvres majeures et présentés dans des copies numériques en haute définition – ont été réalisés par des icônes du cinéma iconoclaste, tels que Ingmar Bergman, Frederick Wiseman, Joseph Losey, Rainer Werner Fassbinder et Pedro Almodovar. Ils traitent soit de la folie à l’état brut dans le cas de la prison psychiatrique de Titicut Follies, soit de la folie meurtrière dans Le Voyeur de Michael Powell, soit de divers jeux de la perversion au quotidien rencontrés du côté des rapports entre maîtres et servants chez Joseph Losey et dans le cinéma coréen ou bien entre des amants aux rapports de domination malsains, le terrain de prédilection de Fassbinder et Almodovar. A moins qu’il ne s’agisse de (pas si) simplement dompter sa propre folie intérieure, comme on a pu le voir lors des débuts fulminants de Jane Campion avec Sweetie et Un ange à ma table. De quoi perdre complètement la tête … de bonheur cinéphile, face à la redécouverte de ces films qui ont, chacun à sa façon, marqué l’Histoire du cinéma.
La sélection « Borderline » du mois de novembre 2019
A travers le miroir (Suède / 1961) de Ingmar Bergman, avec Harriet Andersson et Gunnar Björnstrand, Oscar du Meilleur Film étranger en 1962
Attache-moi ! (Espagne / 1989) de Pedro Almodovar, avec Victoria Abril et Antonio Banderas
Les Larmes amères de Petra von Kant (République Fédérale d’Allemagne / 1972) de Rainer Werner Fassbinder, avec Margit Carstensen et Hanna Schygulla
Rois et reine (France / 2004) de Arnaud Desplechin, avec Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric, Prix Louis Delluc en 2004 & César du Meilleur acteur pour Mathieu Amalric en 2005
The Servant (Royaume-Uni / 1963) de Joseph Losey, avec Dirk Bogarde et Sarah Miles, BAFTA du Meilleur acteur britannique pour Dirk Bogarde en 1964
La Servante (Corée du Sud / 1960) de Kim Ki-young, avec Kim Jin-kyu et Lee Eun-shim
Sweetie (Australie / 1989) de Jane Campion, avec Geneviève Lemon et Karen Colston
Titicut Follies (États-Unis / 1967) de Frederick Wiseman
Un ange à ma table (Nouvelle Zélande / 1990) de Jane Campion, avec Kerry Fox et Alexia Keogh, Grand Prix au Festival de Venise en 1990
Le Voyeur (Royaume-Uni / 1960) de Michael Powell, avec Karlheinz Böhm et Moira Shearer