Dans le paysage en continuelle évolution des plateformes de vidéo à la demande, sous le joug économique des mastodontes américains Netflix et Amazon Prime, LaCinetek fait figure d’exception cinéphilique. Créée en 2015 par les réalisateurs Pascale Ferran, Cédric Klapisch et Laurent Cantet, elle se définit comme un passeur privilégié des chefs-d’œuvre du cinéma du siècle dernier. Son mode de fonctionnement est multiple, puisque elle se conjugue à la fois au rythme des listes des 50 films de chevet des réalisateurs les plus marquants du cinéma international, de Maren Ade à John Woo, en passant par Olivier Assayas, les frères Dardenne, Atom Egoyan, William Friedkin, Robert Guédiguian, Todd Haynes, Agnès Jaoui, Naomi Kawase, Claude Lelouch, Nanni Moretti, Park Chan-wook, Pierre Salvadori, Bertrand Tavernier, Agnès Varda et tant d’autres, de désormais plus de mille films issus de ces listes, disponibles en téléchargement légal payant, ainsi que, depuis septembre dernier, d’un abonnement de moins de trois euros par mois, voire de trente euros par an, qui permet de visionner en illimité pendant un mois les dix films sélectionnés selon un focus thématique.
C’est donc en quelque sorte l’équivalent à la maison de la programmation du Forum des Images à Paris, plus resserré, certes, mais potentiellement truffé de belles découvertes ou de retrouvailles inespérées avec les films qu’on avait vus pour la première fois à l’époque de notre plus tendre cinéphilie. Le quota de dix films par mois peut paraître un peu maigre, mais contrairement aux offres de la concurrence citée plus haut, avec leurs milliers d’heures de productions majoritairement américaines plus ou moins dispensables, celle de LaCinetek est d’une qualité irréprochable, enrichie de quelques bonus et d’une introduction à l’un des films par un cinéaste partenaire de ce service de VOD. Rien ne vous empêche ainsi de devenir le connaisseur aguerri des films mis en avant à un moment donné, en les revoyant à volonté en fonction de vos envies, au point de devenir le spécialiste temporaire de tel ou tel cinéaste ou de la thématique mensuelle.
Le changement de programme s’opère chaque 10 du mois et c’est donc depuis hier que vous pouvez vous mettre « Au travail ! » à travers une dizaine de films français, allemand et américains. Les thématiques jusqu’à l’été sont d’ores et déjà connues, histoire d’anticiper avec encore plus de fébrilité le cycle sur l’art en mai, avec entre autres Huit et demi de Federico Fellini, Le Mystère Picasso de Henri Georges Clouzot, Vérités et mensonges de Orson Welles, et sur les précurseurs en juin, auxquels appartiennent indubitablement Dziga Vertov (L’Homme à la caméra), Friedrich Wilhelm Murnau (Tabou) et David Lynch (Twin Peaks). Enfin, si vous souhaitez tester les fonctionnalités de LaCinetek avant de vous engager, il existe une formule d’essai gratuit d’une semaine, à retrouver comme l’ensemble des autres formes de paiement sur le site www.lacinetek.com .
La sélection « Au travail ! » du mois d’avril 2019
Baisers volés (1968 / France) de François Truffaut, avec Jean-Pierre Léaud et Delphine Seyrig – Prix Louis Delluc
Coûte que coûte (1994 / France) de Claire Simon
Le Dernier des hommes (1924 / Allemagne) de Friedrich Wilhelm Murnau, avec Emil Jannings et Maly Delschaft
La Foule (1928 / États-Unis) de King Vidor, avec Eleanor Boardman et James Murray
Les Glaneurs et la glaneuse (2000 / France) de Agnès Varda
L’Homme de la rue (1941 / États-Unis) de Frank Capra, avec Gary Cooper et Barbara Stanwyck
Le Jouet (1976 / France) de Francis Veber, avec Pierre Richard et Michel Bouquet
Police (1985 / France) de Maurice Pialat, avec Gérard Depardieu et Sophie Marceau – Coupe Volpi au Festival de Venise
Ressources humaines (1999 / France) de Laurent Cantet, avec Jalil Lespert et Jean-Claude Vallot – César du Meilleur Premier Film & du Meilleur jeune espoir masculin
Sauve qui peut la vie (1980 / France) de Jean-Luc Godard, avec Isabelle Huppert et Jacques Dutronc – César de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Nathalie Baye