Critique(s) : Drive

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Drive

DriveÉtats-Unis : 2011
Titre original : Drive
Réalisateur : Nicolas Winding Refn
Scénario : Hossein Amini
Acteurs : Ryan Gosling, Bryan Cranston, Carey Mulligan
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h35
Genre : Action , Thriller
Date de sortie cinéma : 5 octobre 2011

La critique de Julien Mathon : 4/5

Nicolas Winding Refn est l’un des réalisateurs les plus prometteurs de ses dernières années. Avec Pusher (son premier film), Valhalla Rising et dernièrement Bronson, il a prouvé son immense talent. Il revient sur le devant de la scène en 2011 avec Drive, un film d’action qui, il faut bien l’avouer, ne fait pas rêver sur le papier. Il fait plutôt figure d’ovni dans la Sélection du Festival de Cannes 2011 tant il ne correspond pas aux critères rigoureux des films en compétition.

Un cascadeur tranquille et anonyme se métamorphose dès que la nuit tombe : il devient pilote de voitures pour le compte de la mafia. La combine est bien rodée jusqu’au jour où l’un des casses tourne mal et l’entraîne dans une course-poursuite infernale. Il veut se venger de ceux qui l’ont trahi…

Un film d’ores et déjà culte

Au départ, tout promettait à Drive une vie très courte au cinéma et une tombée dans les abysses des DVD perdus. Scénario pas franchement aguichant, film à caractère clairement commercial, budget limité d’une bonne vieille série B pataude… Tout ceci, c’était avant que Nicolas Winding Refn ne reprenne un projet abandonné par Neil Marshall et dans lequel Hugh Jackman devait tenir le rôle principal.

Au final, dès l’entame de Drive, on en prend plein les yeux. L’univers est sombre et tendu, les personnages silencieux et énigmatiques. Le film privilégie la réflexion à l’action et c’est délicieux. Mais attention, Drive n’est pas pour autant ennuyeux et les fans d’action seront servis. Les changements de rythme sont fréquents et on passe tour à tour du suspens à l’action pure, avec des courses poursuites magistrales en passant par des scènes de romance ou des combats assez brutaux.

Un second degré de lecture

La mise en scène est toujours choisie avec minutie et aucun détail n’est laissé au hasard. Outre le mélange des genres, Nicolas Winding Refn propose un second degré de lecture de l’ensemble. On sent une douce mélancolie émaner des images, presque une poésie. De plus, Drive arpente les chemins de la réflexion sur l’honneur, la peur et la solitude. On se croirait presque dans un film de série B des années 70 et c’est bien là que le réalisateur veut nous amener. Comme quoi, on est bien loin du produit commercial auquel on s’attendait au départ.

Drive est la preuve que l’on peut encore faire de la série B de nos jours en réalisant tout de même un film artistique. Le budget n’est pas toujours un frein à la réussite. La photographie signée Newton Thomas Sigel y est certainement pour beaucoup dans l’univers sombre et enivrant de ce long-métrage.

Ryan Gosling, qui nous a déjà impressionné il y a quelques semaines dans Blue Valentine nous en met à nouveau plein la vue et prouve qu’il est un acteur en devenir au potentiel évident. Carey Mulligan (Never Let Me Go, Wall Street : l’argent ne dort jamais) est plus effacée mais ne nous laisse jamais indifférents avec une interprétation schizophrénique de son personnage.

Résumé :

Drive est la preuve qu’avec un talent immense on peut transcender n’importe quel projet en une oeuvre artistique. Nicolas Winding Refn est un grand metteur en scène et son film Drive un petit bijou dans l’univers des films d’action.

La critique de Julie D’Harlingue : 3,5/5

Danois, moderne et novateur, Nicolas Winding Refn sort cette année son huitième long-métrage sombre et palpitant : Drive. Adapté d’un court récit rédigé par James Sallis, Drive met en scène un cascadeur au fort caractère, sombre et mystérieux entouré d’un univers de mafieux. Prix de la mise en scène à Cannes en mai dernier, Drive est l’un des films d’action les plus intenses et le plus attendu de l’année.

Drive

Le prix de la mise en scène à Cannes largement mérité

Nicolas Winding Refn est fort, car il prend et tient en haleine le spectateur dès la première seconde du film. La séquence d’ouverture est très efficace. Des tic-tac qui palpitent en fond sonore, une musique pop magnifique, un filtre de couleur bleu grisé comme image et un inconnu qu’on a envie d’aimer. A la fois sombre et nette, prenante, n’importe quel spectateur (qu’il aime ou non les films d’action) entre dedans. Cette scène annonce tout de suite la couleur et les enjeux du film. L’ambiance est attirante, limite angoissante à s’en ronger les ongles. Et évidemment elle attise la curiosité de tous les spectateurs perplexes qui ont envie de voir la suite : Que va-t-il se passer après le générique ? Qui est cet inconnu sombre, sexy et mystérieux ?

Drive comporte un rythme intense et rapide. Il comporte deux parties : la première est superbe grâce aux courses crédibles et valorisées de façon originale (Drive n’est pas un film de formule 1, en aucun cas il se compose de courses poursuites qui durent deux heures : rassurez-vous). On apprend également à connaître le personnage au passé inconnu, tout comme son mauvais entourage et sa jolie relation avec la belle Irène.

Mais les acteurs ne font pas tout. Les sons, l’image, la musique et les décors comptent énormément. Les plans de coupe sur le building brillant en pleine nuit sont justes éblouissants, l’image et le son sont nets et subtilement travaillés. Chaque plan est original et bien pensé (des ombres lors d’un meurtre, des plongées /contre plongées), c’est agréable à regarder. De même que les flashbacks qui font surface au bon moment car ils permettent de ne pas perdre le spectateur. La bande-originale quant à elle correspond au ton et au registre dramatique du film : elle y est très essentielle, au point de dire que sans musique le film n’est absolument pas le même.

La deuxième partie du film est plus sombre, inégale et sans intérêt particulier. Le côté mafieux envahit l’histoire et fait perdre le spectateur qui jusqu’ici était ébloui. On est lassé par ces mafieux qui veulent tuer machin et machine tout ça à cause du fric… Alors on assiste à des tueries gores et horribles et c’est franchement chiant. Le seul personnage intéressant dans cette troupe reste le driver, qui se détache de ce délire et reste dans son objectif.

The Driver : l’antihéros complexe

Ryan Gosling est un acteur extraordinaire… en plus d’être sexy. Un petit jeune à la carrière qui décolle enfin. Un petit blondinet talentueux qui doit continuer à varier les rôles comiques et plus dramatiques tout en ne tombant pas dans les grosses productions des blockbusters. Dans Drive, il interprète un chauffeur / cascadeur sombre et mystérieux, sans nom, aux antipodes de ses autres rôles, mais tout aussi talentueux.

C’était voulu par le réalisateur, on ne sait rien du personnage qu’incarne Ryan Gosling. On ne le connaît que par son métier et par sa relation avec sa jolie voisine : Irène (Carey Mulligan). Clairement, cet homme joue un double-jeu, tantôt doux, affectueux, et protecteur avec Irène, tantôt dur, sombre violent limite psychopathe, on finit par ne plus savoir quoi penser. Le réalisateur sait faire régner le mystère : c’est prenant et vraiment plaisant.

Et comme dans tous les films d’action avec un beau gosse (le film n’est pas un blockbuster attention, les personnages sont beaucoup plus profonds), il y a la fille dont il est amoureux et qu’il protège. Et on ne sait que trop penser d’Irène (Carey Mulligan, éblouissante dans Une Education). Alors qu’elle passe pour la fille molle, fragile et insipide, les plus curieux chercheront à déceler la moindre interprétation à travers son regard, ses gestes, ses actes… pour apprendre plus de cette inconnue qui refoule tout. Certes, le personnage, sans doute pas assez exploité, serait beaucoup plus beau.

Il faut du temps au driver avant de prendre des initiatives avec cette jeune mère mariée. C’est long, intense mais ça vaut le coup. Leur relation est à la fois très complexe et ambigüe : le driver étant tiraillé entre son métier et cette femme déjà prise. Le réalisateur parvient à nous faire ressentir leurs regards à la fois hésitants et lourds de sens. Une scène entre eux, dans le film, est fatidique : celle de l’ascenseur. C’est indescriptiblement beau. Le réalisateur sait dégager de la passion grâce au ralenti, à la lumière, à la couleur et surtout grâce à la musique.

Résumé :

Le réalisateur sait tenir en haleine le spectateur grâce à une éblouissante mise en scène. Une mise en scène qui vit grâce à la musique, au son et au jeu des acteurs. On parvient même à comprendre la relation du Driver et d’Irène pourtant très complexe. Même si des zones d’ombres persistent, le film est plutôt bon et ne peut se passer de tous les éléments dont il dispose. Quant à la fin, elle est à la fois adéquate et intrigante, car le réalisateur laisse la liberté au spectateur de choisir son propre happy-ending… ou non.

5 Commentaires

  1. Ca annonce du bon tout ça.
    J’aime beaucoup les ‘Pusher’, et particulièrement ‘Bleeder’ et ‘Valhalla Rising’.

    Seule question curieuse : comment avez vous le film ?

    • Salut Jérémy,

      Un rédacteur de l’équipe l’a vu au Festival de Cannes mais il ne signe pas les articles de son nom.

      Et je peux te dire qu’il nous en a dit que du bien ! 😉

  2. Le film me semble très prometteur, j’ai adoré Pusher (en vost..) et les rares extraits présents sur le net m’ont convaincus qu’on devait s’attendre à du très bon. Ca m’a l’air extrêmement bien rythmé.

    Ce réalisateur gère très bien les silences et sait placer ces musiques au bon endroit.

    C’est un des films que j’attends cette année, j’invite les amateurs de vitesse, de sensation et d’émotion à s’intéresser à ce film aussi noir que captivant.

  3. Salut!!

    J’espère que ce sera moins lent que Valhalla Rising (même si esthétiquement le film est excellent!!). J’ai adoré les Pusher et moins Bronson qui manquait d’un « je ne sais quoi » pour être génial…Ceci dit il est, selon moi, impossible de dire que Refn est une merde. Par contre je lisais une interview de Tom Hardy qui disait quand même que Refn aimait bien se faire mousser et s’attribuer les lauriers même quand ils ne lui revenaient pas de droit….le petit saligaud!! 🙂

  4. Le film est franchement intéressant, le personnage est un peu lourd, mais la mise en scène est hyper efficace et le tout est vraiment bien géré. C’est du bon cinéma !

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