Critique : Violette

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violette_afficheViolette

France, Belgique : 2013
Titre original : –
Réalisateur : Martin Provost
Scénario : Martin Provost, Marc Abdelnour, René de Ceccatty
Acteurs : Emmanuelle Devos, Sandrine Kiberlain, Olivier Gourmet
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 2h19
Genre : Drame
Date de sortie : 06 novembre 2013

Globale : [rating:3][five-star-rating]

Cinq ans après Séraphine (sur la vie de Séraphine Louis, peintre du début du 20ème siècle), Martin Provost s’est attaché au personnage de Violette Leduc, écrivain de l’après-guerre aux années 70.

Synopsis : Violette Leduc, née bâtarde au début du siècle dernier, rencontre Simone de Beauvoir dans les années d’après-guerre à St-Germain-des-Prés. Commence une relation intense entre les deux femmes qui va durer toute leur vie, relation basée sur la quête de la liberté par l’écriture pour Violette et la conviction pour Simone d’avoir entre les mains le destin d’un écrivain hors norme.

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L’écriture comme exutoire

Écrivain un peu oublié aujourd’hui mais dont le nom revient régulièrement associé à celui de Beauvoir, Violette Leduc a trouvé en elle et à travers son histoire, la matière de ses livres dont les titres illustrent sa vie douloureuse. « Bâtarde » « asphyxiée » par une enfance sans tendresse et par la solitude,  « affamée » d’amour, Violette Leduc s’est jetée dans l’écriture en doutant d’abord de ses capacités mais aussi et surtout avec une rage et une crudité violente pour l’époque.

Soutenue sans relâche par Simone de Beauvoir qui lui versa de longues années une pension pour lui permettre de vivre et d’écrire, Violette Leduc ne cacha rien de ses souffrances d’enfant, de ses douleurs d’adulte. Elle fut une des premières, si ce n’est la première à décrire l’avortement qui faillit la tuer.

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Demander sans donner

Bâtarde à une époque où cela signifiait quelques chose par rapport aux codes moraux d’alors, laide ou en tout cas se voyant comme telle, Violette Leduc n’a apparemment vécu que dans le ressentiment, la rancœur, la crainte perpétuelle du rejet. Son  désespoir l’a conduit bien souvent à l’hystérie et dans des

Impasses sentimentales ravageuses. Amoureuse d’hommes homosexuels (Maurice Sachs, Jacques Guerin), de femmes qui ne l’étaient pas d’elle (Simone de Beauvoir) Violette se réfugiait derrière son apparence physique pour éviter de se poser les vraies questions. Or comme le dit Beauvoir à un moment du film « on n’est pas amie avec Violette Leduc – on la soutient ».

Là est probablement le drame de sa vie car sa quête d’amour, sa soif de reconnaissance n’a jamais éveillé chez elle un intérêt pour les autres. Seule « elle » doit compter pour les autres,  elle ne se préoccupe pas de leurs souhaits, de leurs vies mais leur réclame la satisfaction de ses désirs. L’égoïsme, l’égocentrisme  poussés à l’extrême de Violette (l’autre n’est qu’un objet pour Violette et n’existe jamais en tant que sujet) est absolument frappant, terrifiant même. Elle refusa par exemple de signer la déclaration de grossesse qui aurait pu sauver Maurice Sachs des allemands, lorsque Simone de Beauvoir est effondrée de chagrin le lendemain du décès de sa mère, elle la « réconforte » en déclarant que « elle-même » n’y survivrait pas si sa mère disparaissait avant elle).

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Un reconstitution pesante

Emmanuelle Devos restitue à Violette non pas sa laideur mais au moins son caractère singulier, exigeant, sa souffrance perpétuelle. Catherine Hiegel joue une mère à la fois soucieuse et donneuse de leçons. Sandrine Kiberlain compose une étonnante Simone de Beauvoir, toute en sobriété et retenue. Olivier Py est un Maurice Sachs remarquable, Olivier Gourmet un Guérin aussi en recherche d’amour que Violette, Jacques Bonnafé un Genêt parfait.

Seule la silhouette de Jouvet, que l’on reconnaît à sa voix paraît maladroite, dans l’imitation et non la composition et rend la scène de répétition des « Bonnes » assez désagréable.

Sartre par contre n’est qu’évoqué dans les conversations et jamais représenté sans que l’on comprenne trop pourquoi le réalisateur ait fait ce choix.

La campagne des années 40, le Paris de l’occupation,  de l’après-guerre et  des années 50 sont restitués avec force détails dans leur quotidien. Les étoffes et les costumes comme alourdis du froid des hivers où le chauffage manquait, les papiers peints obstinément défraîchis, les appartements minuscules et sombres, les talons claquant sur les parquets sonores (pas de voisins en 1950?), les bains dans la cuvette … tout respire une époque marquée de la difficulté de vivre dans un monde imprégné de la misère de la guerre.

Mais tout cela semble manquer de spontanéité, semble trop travaillé, trop étudié, bref trop laborieux et fini par occuper l’écran de manière disproportionnée.

Le rythme choisi est quant à lui marqué d’une lenteur extrême comme s’il fallait insister sur la pesanteur d’une époque peut-être. Or même si ces années 50 restent celles d’un après-guerre difficile et en sont durablement marquées, elles ne se réduisent pas à la tristesse des images du film.

Résumé

Réaliser un film sur un personnage finalement très antipathique est une gageure que Martin Provost réussit somme toute plutôt bien. Il lui aurait fallu imprimer cependant un peu plus de nervosité à sa réalisation pour éviter  les moments d’ennui d’un film assez long (2h19) où parfois on peine à se raccrocher à une héroïne qui participe largement à son malheur. Enfin malgré le peu d’empathie pour Violette Leduc, on sort de la projection avec quand même une certaine envie de découvrir ses livres.

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