The human surge
Argentine : 2016
Titre original : El auge del humino
Réalisation : Eduardo Williams
Scénario : Eduardo Williams
Interprètes : Sergio Morosini, Shine Marx, Domingos Marengula
Distribution : Shellac
Durée : 1h37
Genre : Drame
Date de sortie VOD : 8 avril 2020
3/5
Agé de 33 ans, le réalisateur argentin Eduardo Williams a commencé ses études dans le cinéma à l’Universidad del Cine de Buenos Aires avant de les continuer en France, au Fresnoy -Studio des arts contemporains, sous le tutorat du portugais Miguel Gomes. Résolument ancré dans le cinéma expérimental, il a réalisé 6 court-métrages avant de se lancer dans The human surge, son premier long métrage. Ce film s’est vu décerné le Léopard d’or des cinéastes du présent lors du Festival de Locarno 2016.
Synopsis : Travailler et perdre son travail. Marcher, arriver, se saluer, se connecter ou chercher la connexion. D’Argentine au Mozambique, du Mozambique aux Philippines, l’errance de quelques jeunes gens pour lesquelles certaines choses semblent totalement égales, ou presque. Dans cette quête sans hâte, quelque chose du mystère, de la poésie qui nous réunit tous, et pas seulement les êtres humains, va être dévoilé.
Trois visions d’une certaine adolescence
Les faubourgs de Buenos-Aires, en Argentine, les environs de Mabuto, au Mozambique, l’île de Bohol, aux Philippines. Trois séquences de longueur identique, et, dans chacune, des jeunes, des adolescents surtout, quelques adolescentes, désœuvré.e.s, pour qui le travail n’est pas une fin en soi, pour qui la vie semble tourner autour de leurs smartphones, autour du monde d’Internet et des réseaux sociaux. Autour de l’argent aussi, la combinaison de l’argent et d’Internet se faisant au travers de séances de « chaturbate ».
Un choix audacieux
The human surge n’est pas un film qui raconte une histoire. Quand bien même il est présenté comme étant une fiction, quand bien même il y a ce qui s’apparente à un scénario, il doit être vu comme étant un documentaire animalier dans lequel l’animal n’est autre que l’être humain, homme ou femme, de ce début de 21ème siècle, observé dans 3 environnements différents au moment où il se rapproche de l’âge adulte. Avec ses longs plans séquences de déambulations accompagnées de dialogues ne présentant qu’un intérêt très limité, le film peut surprendre. Disons même qu’il DOIT surprendre, le but revendiqué du réalisateur étant d’explorer la sensation liée au désœuvrement et à l’errance. Un choix audacieux, totalement assumé.
Eduardo Williams a longtemps pensé que les « chats » sur Internet ou sur son portable étaient les seuls moyens de communiquer à sa disposition. Coïncidence : ce film qui stigmatise l’aliénation que peut représenter Internet, ce film qui montre que les technologies modernes arrivent à créer des barrières entre les gens, ce film arrive chez nous en pleine période de confinement, une période où, au contraire, les technologies modernes sont devenues pour beaucoup le seul moyen de communiquer.
Les influences de Eduardo Williams
Les moyens techniques utilisés ne sont pas les mêmes pour les 3 séquences de The human surge : la séquence argentine a été tournée en pellicule 16 mm, la séquence Mozambique avec une caméra de poche Blackmagic, et, enfin, la séquence aux Philippines avec une caméra numérique de marque RED. Malgré ces différences, le résultat est presque toujours une image sous-exposée. L’ensemble des choix de Eduardo Williams, tant ceux concernant le scénario et la mise en scène que ceux relevant de l’esthétisme, font qu’on peut trouver dans son cinéma l’influence de son compatriote Lisandro Alonso ainsi que celle du réalisateur thaï Apichatpong Weerasethakul.
Conclusion
Ce documentaire animalier sur de jeunes être humains localisés sur 3 continents différents ne manquera pas de rebuter celles et ceux qui, concernant le cinéma, ne jurent que par les scènes d’action ou les intrigues sentimentales : The human surge n’a aucune scène d’action, aucune intrigue sentimentale. Par contre, les cinéphiles qui aiment être surpris par des choix audacieux pourront trouver leur compte dans ce film atypique.