Critique : The great green wall

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The great green wall

Grande-Bretagne : 2019
Titre original : –
Réalisation : Jared P. Scott
Scénario : Jared P. Scott
Interprètes : Inna Modja
Distribution : L’atelier distribution
Durée : 1h30
Genre : Documentaire
Date de sortie : 22 juin 2020

4/5

Une idée apparue en 2002, une initiative historique lancée officiellement en un projet très ambitieux dont les effets attendus ne seront vraiment effectifs que dans plusieurs années : combattre la désertification du Sahel par une mosaïque d’écosystèmes verts et productifs étalés sur une distance de 8000 km allant du Sénégal à l’Éthiopie. La chanteuse malienne Inna Modja nous sert de guide pour faire le point sur ce projet, tout en rencontrant d’autres artistes dans les différents pays visités. Le documentariste américain Jared P. Scott a réalisé le film. A noter la présence du réalisateur brésilien Fernando Meirelles (La cité de dieu, The constant gardener, Les deux papes) parmi les producteurs.

Synopsis : THE GREAT GREEN WALL est Le projet ambitieux de faire pousser un mur d’arbres de 8 000 km s’étendant du Sénégal à l’Ethiopie. Cette ceinture doit lutter contre la désertification progressive de la région due aux changements climatiques mais également d’éviter les conflits croissants et les migrations massives. La musicienne malienne Inna Modja nous accompagne dans ce voyage musico-écologique le long de cette grande muraille verte et nous aide à comprendre ce qui n’est plus uniquement un enjeu africain mais mondial !

Un périple en Afrique avec Inna Modja

« Osons inventer l’avenir », c’est ce qu’affirmait le Président Thomas Sankara dans les années 80. Cette formule ainsi que le nom de Thomas Sankara reviennent à plusieurs reprises dans The great green wall. Il faut dire que celui que beaucoup ont surnommé le Che Guevara africain, celui qui fut Président de la Haute-Volta puis du Burkina Faso pendant 4 ans avant d’être assassiné, cet homme progressiste, intègre et visionnaire avait commencé à lancer des actions visant à s’attaquer au problème de la désertification des pays du Sahel dès le milieu des années 80. « Le grand mur vert », c’est en fait l’extension de ce qu’il avait entrepris dans son pays à l’échelle du continent africain, du Sénégal à l’ouest, à l’Éthiopie à l’est.

Inna Modja est une chanteuse et actrice malienne, aux origines peules, très impliquée dans la défense des droits des femmes et dans celle de l’environnement. Tout en rencontrant d’autres chanteuses et chanteurs sur son chemin, tout en enregistrant un album dans lequel ces autres interprètes viennent lui prêter main forte, Inna Modja nous entraîne dans 5 pays concernés par ce projet : le Sénégal, le Mali, le Nigeria, le Niger et l’Éthiopie. Au gré des rencontres qu’elle effectue, tant auprès d’agriculteurs locaux que de responsables du projet, l’ampleur de ce rêve africain, sa progression dans l’espace et dans le temps, ainsi que les difficultés rencontrées, souvent liées à des conflits, sont présentées en détail, entrecoupées de prestations musicales qui réjouissent l’oreille. L’Europe devrait être la première à s’intéresser à ce projet et à tout faire pour qu’il réussisse : l’Afrique possède la population la plus jeune du monde, en 2050, le continent enregistrera plus d’un milliard de moins de 25 ans et, si rien n’est fait, 60 millions d’africains auront quitté le continent en 2050.

De belles images sur un sujet fort

Dans la filmographie de Tim Cragg, le Directeur de la photographie de The great green wall, on trouve The Last Man On The Moon, un documentaire sur Eugene Cernan, le dernier homme à avoir marché sur la lune, et Armstrong, un documentaire sur Neil Armstrong, le premier homme a avoir foulé le sol du satellite de notre planète. Hasard ou pas, la lune, c’est ce à quoi les régions au sud du Sahara sont sur le point de ressembler si rien n’est fait pour éviter cette catastrophe environnementale et sociale ! Aidé par des vues prises à partir de drones, le film montre avec de très belles images ce à quoi peut aboutir la désertification mais ne se prive pas par ailleurs de montrer la face optimiste, c’est-à-dire la renaissance d’une nature à la fois accueillante et nourricière suite à l’effort entrepris.

Parmi les 5 pays que le film traverse, celui qui apparait comme étant le plus en avance dans ce processus, c’est l’Éthiopie : ce pays qui a connu à plusieurs reprises des sécheresses catastrophiques, en particulier celles de 1984 et 1985 qui firent plus de 400 000 morts, semble avoir pris conscience plus tôt que les autres de la nécessité de procéder à un reboisement et la région du Tigré, particulièrement touchée par ces famines, est devenue la plus verte du Sahel. Comme on l’a vu plus haut, un autre pays a également entamé plus tôt que les autres des actions de reboisement, le Burkina Faso, lorsque Thomas Sankara était en pouvoir. Comme rien n’est montré sur ce pays dans The great green wall, on peut considérer qu’il y a complémentarité entre ce film et Sankara n’est pas mort, le beau film de Lucie Viver, sorti en e-cinéma il y a peu.

Conclusion

La désertification et la sécheresse sont sources de conflits et de migrations : le projet du grand mur vert permet d’entretenir l’espoir pour les générations futures d’une Afrique subsaharienne qui aura retrouvé la paix et qui aura les moyens de garder sa jeunesse en son sein. La musique étant pour Inna Modja (et beaucoup d’autres !)   le meilleur moyen de faire passer un message, le film baigne très souvent dans une belle ambiance musicale, et force est de constater que cette ambiance, ainsi que la beauté des images, contribuent à ajouter le plaisir des oreilles et des yeux à l’intérêt du sujet.

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