Critique : The Descendants

0
1533
The Descendants

The Descendants

The DescendantsÉtats-Unis : 2011
Titre original : The Descendants
Réalisation : Alexander Payne
Scénario : Nat Faxon
Acteurs : George Clooney, Beau Bridges, Judy Greer
Distribution : Twentieth Century Fox
Durée : 1h50
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 25 janvier 2012

Note : 4.5/5

Vainqueur il y a quelques jours de deux Golden Globes majeurs (Film dramatique et comédien pour un film dramatique), le nouvel opus d’Alexander Payne (Sideways) est un modèle de subtilité et de retenue où George Clooney excelle, entouré par une équipe de jeunes comédiens étonnants. De la grande classe.

Matt King vit à Hawaï et se retrouve du jour au lendemain dans une situation qu’il doit gérer tant bien que mal. Son épouse est dans le coma, ses deux filles ne font guère cas du peu d’autorité qu’il tente d’avoir sur elles et il s’apprête à vendre un terrain qui fera sa fortune et celle de sa famille mais risque de provoquer aussi un déchirement pour lui.

The Descendants

L’enfer au paradis

La seule évocation du 50ème état des États-Unis, seul archipel de la confédération, draine inévitablement une imagerie où s’entremêlent les fameuses chemises bariolées ouvertes sur des torses hâlés au soleil permanent, les plages interminables de sable blond et de beaux mecs partout, même dans la police comme les en immortalisé il y quelques années une célèbre série télé. Alexander Payne va couper court nos délires de vagabondage bercé d’alizés… Par un montage alternant images idylliques et leur désacralisation, il positionne son personnage principal dans un enfer paradisiaque, filant la métaphore de la séparation -des îles- pour suggérer l’éclatement familial, thème principal du film.

Une famille qui n’a pour elle que la banalité, démentant la célèbre phrase de Tolstoï qui ouvre « Anna Karénine » (« Les familles heureuses se ressemblent toutes. Les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon »). Rien en effet de bien original dans ce cercle-là : un père absent, une mère morte (ou presque), deux gamines livrées à elles-mêmes. A quelques nuances près, on a vu ça des dizaines de fois au cinéma. Et pourtant, cette banalité va nous chavirer.

The Descendants

Une révélation : Shailene Woodley

Si la première grande qualité revient au scénario, élément clé ici magistralement mené avec des portraits d’une précision métronomique et un déroulé du récit parfaitement géré, force est d’accorder bien d’autres satisfécits à ces « Descendants ». La mise en scène fluide, faussement nonchalante d’Alexander Payne confère au propos la tonalité de la chronique, genre dans lequel il a déjà excellé (Sideways) et éloigne du mélo, genre par lequel il aurait aisément pu se laisser phagocyter. Sans forcer le trait à un seul moment et sur aucune des thématiques soulevées par le sujet (le drame familial, le pardon, les déchirements et même le chapitre de l’impérialisme US sur Hawaï, île au patrimoine culturel richissime en voix de disparition), en pratiquant de nombreuses ellipses, le cinéaste livre un film aéré et remarquable d’équilibre. Et de facto les mélodies très nombreuses (la bande son est un pur enchantement), un tantinet sirupeuses, ne plombent jamais le sujet.

C’est avec ce même sens de la mesure que le cinéaste dirige son équipe de comédiens. Les admirateurs de George Clooney autant que ses détracteurs devraient saluer unanimement l’extraordinaire implication du comédien qui fait oublier le winner de tant de films. Avec une désarmante simplicité, il incarne ce père de famille engoncé dans sa maladresse tant comportementale que physique. Anti-héros, Clooney ? Ici plus que jamais. Drôle et touchant, il est l’âme et le corps de ce film. N’oublions pas toutefois ses partenaires qui, de Mathew Lillard (le killer cinglé de Scream) à Beau Bridges sont d’une impeccable justesse. Mais c’est Shailene Woodley, comédienne née, qui ici crève littéralement l’écran dans le rôle de la fille ainée. Son premier grand rôle au cinéma après un parcours faste à la télévision a tout de la révélation.

Entre tragédie et comédie, ce nouvel opus de Mister Payne a reçu le Golden Globe du meilleur film dramatique il y a quelques jours. What else ? Quelques oscars dans les prochaines semaines…

Résumé

Mené par un George Clooney à contre-emploi et d’une sobriété bouleversante, le nouveau film d’Alexandre Payne, qui navigue entre le drame le plus absolu et la comédie s’avère une réussite majeure. Mieux : un coup de cœur !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici