Critique : Si tu es un homme

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Si tu es un homme

France, Burkina-Fasso : 2022
Titre original : –
Réalisation : Simon Panay
Scénario : Simon Panay
Interprètes : Opio Bruno Bado
Distribution : JHR Films
Durée : 1h14
Genre : Documentaire
Date de sortie : 1er mars 2023

3/5

Synopsis : Mine d’or de Perkoa, Burkina-Faso. Opio a 13 ans et travaille en surface, gagnant pour seul salaire un sac de cailloux par mois. Son père souhaite qu’il intègre une formation professionnelle, mais il ne peut pas payer les frais de scolarité. Opio doit donc réunir cet argent et demande à son patron une promotion : le droit de descendre dans les galeries souterraines où l’on dit que les hommes peuvent devenir riches.

Un garçon en or

Gamin ayant manifestement la répartie facile, Opio a déjà, malgré son jeune âge, une vie très difficile : à 13 ans, à l’âge où, ailleurs dans le monde, les enfants passent leur temps à poursuivre leurs études et à s’amuser, il est contraint de travailler dans une mine d’or à Perkoa, à environ 120 kilomêtres à l’ouest de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. La raison est tristement facile à comprendre : son père n’a pas d’argent, il a 2 femmes et il a eu 5 enfants avec chacune d’entre elles. Les raisons économiques dues à cette situation ont fait qu’Opio a dû arrêter d’aller à l’école au CE1 alors que son rêve était (et continue d’être) de faire des études pour devenir soudeur. Quand on le rencontre, il est payé en sacs de cailloux dans lesquels peut se trouver un peu d’or. En fait, il gagne à peine de quoi manger en travaillant à la surface, à manœuvrer un treuil, à réunir les cailloux remontés de la mine, à les casser pour dégager les éventuelles pépites, la descente dans la mine étant réservée aux adultes. Il faut dire que les conditions de travail des mineurs sont particulièrement dangereuses : la descente dans le trou, jusqu’à une profondeur de 250 mètres, ainsi que la remontée se font à l’aide d’un treuil opéré manuellement par des gamins comme Opio et, au fond de la mine, les risques d’éboulement sont importants.

Une fois par semaine, Opio peut retrouver sa famille dans son village, situé à 5 kilomètres de la mine, et lors d’une de ces visites, la possibilité de reprendre des études semble se dessiner, avec l’accord de son père. Toutefois, la scolarité n’est pas gratuite et il faut en plus payer les fournitures. Le seul moyen d’arriver à trouver l’argent nécessaire, c’est de continuer à travailler dans la mine tout en allant à l’école et d’obtenir le droit de descendre dans le trou afin de gagner davantage qu’en restant à la surface. Aller à l’école, continuer à travailler pour payer ses études, ces 2 activités sont-elles compatibles ?

Le Burkina-Faso est un pays qui compte un très grand nombre de mines, la plupart des sites étant opérés par des acteurs locaux. A côté des mines de zinc, on compte 700 sites d’orpaillage dont seuls une petite centaine sont légalement reconnus. Sur un total de plus de deux millions de burkinabè qui travaillent dans ces mines d’or, on compterait, d’après l’UNICEF, 700 000 enfants de 5 à 18 ans. Opio est l’un d’eux. Pour son premier long métrage, le jeune réalisateur Simon Panay a souhaité continuer de travailler sur le sujet des mines d’or artisanales et du travail des enfants, un sujet qu’il avait commencé à aborder il y a 7 ans, dans Ici, personne ne meurt, un documentaire de 23 minutes réalisé dans une mine d’or illégale à Perma, dans le nord du Bénin.

N’ayant plus l’autorisation de tourner dans cette mine, il a décidé de se tourner vers le Burkina-Faso, un pays qu’il considère comme son deuxième pays et dans lequel il a des attaches. Sa rencontre à Perekoa avec Opio a été déterminante, son charisme naturel faisant de lui le garçon idéal pour représenter au cinéma ces milliers d’enfants et d’adolescents qui passent leur jeunesse à travailler dans des conditions toujours difficiles et parfois dangereuses. Le film ne quitte pratiquement jamais Opio, qu’il soit au travail, à l’école ou dans sa famille, avec son père qui peut aller jusqu’à vendre 2 poules pour l’achat des fournitures et une mère qui pousse son fils à quitter la mine. On le suit même lors de sa descente à 250 mètres sous terre, chantonnant  pour se donner du courage alors qu’on sait très bien qu’il a dû vaincre sa peur pour demander et obtenir une exception à la règle qui lui permettra, peut-être, grâce à l’argent récolté, de poursuivre des études. Si tu es un homme fait partie de ces documentaires qui se voient comme un film de fiction, avec une belle image de format scope photographiée par Simon Panay lui-même, avec une histoire dont on se demande quelle en sera l’issue, avec un personnage principal, Opio, attachant, émouvant de par son mélange de volonté et de fragilité assumée.

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