Rock the Casbah
Maroc : 2013
Titre original : –
Réalisateur : Laïla Marrakchi
Scénario : Guy Meirson
Acteurs : Morjana Alaoui, Nadine Labaki, Lubna Azabal, Hiam Abbass, Omar Sharif
Distribution : Pathé Distribution
Durée : 1h37
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie : 11 septembre 2013
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Rock the Casbah fait parti de ces films extrêmement bien écrits. Sous couvert de réunir une famille à la mort du père, Laïla Marrakchi évoque avec finesse et élégance nombre de sujets. Elle parle de son pays, le Maroc, des traditions qui ont la vie dure, de la place du patriarche et bien sûr… des femmes !
Synopsis : C’est l’été à Tanger. Une famille se réunit sur 3 jours dans la maison familiale suite au décès du père, pour se remémorer les souvenirs et partager sa perte, comme le veut la tradition musulmane. Il faut quitter les plages, les maillots de bain pour se vêtir de djellabas, réunir tout le monde et donner à la maison des allures d’enterrement. L’agitation est à son comble d’autant plus que cet homme n’a laissé derrière lui que des femmes. Tout va basculer avec l’arrivée de Sofia, la dernière des filles, celle qui a fait sa vie ailleurs. Actrice n’interprétant que des rôles de terroristes dans des séries américaines, elle arrive de New York après plusieurs années d’absence. Son retour va être le moyen de régler ses comptes avec ses sœurs et bouleverser l’ordre établi depuis toujours par ce patriarche. Entre rire et larmes, une hystérie collective va mener chacune de ces femmes à se révéler à elle-même…
L’histoire de la vie
En effet ce sont les femmes qui se libèrent et prennent la parole dans Rock the Casbah. À l’occasion de la mort du patriarche, incarné avec tendresse par Omar Sharif, la famille se réunit. Et comme pour tout enterrement, c’est le moment où chacun choisit de parler librement, évoquer les non-dits. C’est aussi l’occasion pour ces femmes de se dévoiler sous un autre jour, dans une société encore très dominée par les hommes. Subtilement, la réalisatrice centre son film sur les femmes au travers le point de vue… d’un homme ! C’est en effet le fantôme du patriarche qui va être témoin des événements, parmi les siens sans possibilité d’intervenir sur le cours des vivants, mais avec un regard bienveillant et quelques apartés poétiques à l’intention du spectateur. Cette construction est vraiment très originale pour être signalée. Le film aborde de nombreux sujets comme la fin de l’adolescence, la difficulté de grandir, la quête d’identité, le fait de devenir mère… en n’étant jamais lourd ou accablant pour le spectateur, et c’est une vraie force. Et en même temps c’est un constat frappant de cette société arabe en quête de liberté et d’identité : la mort du patriarche symbolise la fin d’une époque et pendant les trois jours que durent les funérailles, les femmes se révoltent, se révèlent, parlent de leur vie.
Pourtant le film, qui parle de décès, n’est pas tragique, la réalisatrice ayant beaucoup d’humour et croquant ses personnages avec tendresse. Il y a la bimbo qui paraît un peu écervelée mais qui va se révéler pleine de contradictions, puis celle qui a osé s’émanciper du paternel en choisissant de vivre aux États-Unis (tout en accusant sa famille d’être responsable du suicide de sa sœur aînée). Il y a aussi la sœur la moins enclin à remettre en question sa vie et dont l’identité tournait autour de son père. Il y a enfin la mère et la femme, personnage d’une force incroyable, qu’on ne comprend pas toujours au début mais qui va se révéler à la fin. Toutes ces femmes, demeurées un peu infantiles, vont devoir se réveiller et grandir, écrasées par le diktat d’une société qui pense encore trop pour elles, enfermées dans une culture sans se battre ou émettre d’objection. Ces trois jours seront donc synonyme de transgression – jusqu’au fantôme du patriarche, cigare en main pendant ses propres funérailles. Tout le monde va pouvoir dire ce qu’il pense sans contrainte dans une société où la sexualité est toujours un problème : les hommes sont présentés comme des lâchés frustrés sans considération pour leur femme. Malgré cela, les situations restent souvent fraîches et drôles : non seulement Rock the Casbah est très agréable à regarder mais il y a en plus une vraie réflexion derrière. Chapeau.
Résumé
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=tvXcJlmCkiY[/youtube]
Avec Marock sortie en 2006, Rock the Casbah résume sans tabous la vie décaler de la bourgeoisie Marocaine….