Critique : Retour de flamme

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Retour de flamme

Argentine : 2018
Titre original : El Amor Menos Pensado
Réalisation : Juan Vera
Scénario : Juan Vera, Daniel Cúparo
Interprètes : Ricardo Darin, Mercedes Morán, Claudia Fontán
Distribution : Eurozoom
Durée : 2h16
Genre : Romance, comédie
Date de sortie : 8 mai 2019

3.5/5

Juan Vera est loin d’être un débutant dans le monde du cinéma argentin, mais, jusqu’à présent il s’était distingué en tant que producteur et, très accessoirement, de scénariste. Parmi les très nombreux films qu’il a produits, on en trouve 2 réalisés par Pablo Trapero et ayant Ricardo Darin en tête d’affiche : Carancho et Elefante bianco. Ricardo Darin, on le retrouve dans Retour de flamme, première réalisation de Juan Vera, un film que ce dernier a scénarisé avec Daniel Cúparo et produit avec l’acteur et son fils, Chino Darin.

Synopsis : Marcos et Ana ont 50 ans et sont mariés depuis 25 ans. Après une grosse crise existentielle, le couple décide de se séparer. D’abord fascinant et intense, le célibat se révèle bientôt monotone pour elle et presque un cauchemar pour lui. 

Trois moins un = un + un

Vingt-cinq années de mariage ! Est-ce parti pour durer encore de longues années ? Ou bien, au contraire, la limite est-elle atteinte, celle où on n’arrive plus à se supporter ? Ces questions, Ana et Marcos ne se l’étaient jamais vraiment posées jusqu’au jour où Luciano, leur fils, part continuer ses études en Espagne. Et voilà ce couple qui, face à cette absence, se met à s’interroger. Bon, on est bien d’accord, il est sans doute normal que le sentiment amoureux ne soit plus exactement le même que dans les premiers mois de leur relation, mais quand même…. Et puis, même s’ils n’étaient pas sans s’être aperçus depuis longtemps de certains défauts chez leur partenaire, voilà que ces défauts se mettent soudainement à prendre beaucoup plus d’importance. Pensez donc, Ana est incapable de faire une différence entre les empanadas de Jujuy, ceux de Salta et ceux de Tucuman et Marcos, quant à lui, a une conception toute particulière des horaires. Alors, on se parle, on réfléchit, on essaye de trouver des réponses à ces questions toutes neuves ? Eh bien, non ! On prend acte rapidement que l’on n’est plus amoureux et on décide, le cœur léger, de se séparer. Bienvenue « dans le monde merveilleux des jeunes divorcés » !

Un monde merveilleux, ce monde des rendez-vous Tinder ? Comme dit Marcos : « C’est vraiment bizarre, cette liberté. Quand tu ne l’as pas, tu penses que quand tu l’auras, le monde sera à toi et, quand tu l’as, tu ne sais pas quoi faire, ni par où commencer, ni avec qui ! ». Et puis, comment se fait-il que dans ces nouvelles relations où il faut tout rebâtir, en commençant par les fondations, les défauts de l’autre te sautent si vite au visage ?

Des quinquagénaires attendrissants

Contrairement au titre original (El amor menos pensado) et au titre anglais (An unexpected love), assez discrets sur la façon dont le film va se terminer, le titre français laisse peu de doute sur l’issue de la relation entre Ana et Marcos. Tant pis, il faut faire avec ! De toute façon, il est probable que la très grande majorité des spectateurs auraient deviné quel était cet « amour inattendu » !

Ne sont-ils pas attendrissants, ces deux quinquagénaires qui aspirent à retrouver une deuxième jeunesse ? La première partie du film, qui voit Ana et Carlos prendre conscience du doute quant à la pérennité de leurs sentiments, est assurément la plus réussie : le réalisateur nous introduit de façon naturelle, sans vraiment insister, sans prendre partie pour l’un ou pour l’autre, dans la routine d’un couple marié depuis 25 ans. Des petits bourgeois de Buenos-Aires, mais qui pourraient être ceux de nombreuses villes de par le monde. La réussite est moins totale lorsqu’on plonge dans les tentatives faites par l’un et par l’autre pour construire un nouveau couple ou lorsque nous sont narrées les péripéties vécues par Lili et Edi, un couple ami qui lui se sépare suite à un adultère : un peu trop caricatural, un peu trop répétitif, un peu trop long. Avec, toutefois, de très bons moments dans les dialogues, par exemple lorsque Celia, ‘une nouvelle conquête de Marcos, décide de venir s’installer chez lui et lui dit : « quand j’installe ma bibliothèque, c’est au moins pour 5 ans ».

Une belle brochette de comédiens et de comédiennes

Pour son premier film en tant que réalisateur, Juan Vera n’a eu qu’à piocher dans le carnet d’adresses qu’il a pu se constituer en tant que producteur et il en a sorti deux comédiens exceptionnels pour interpréter les rôles de Ana et Marcos : Mercedes Morán et Ricardo Darin. Des comédiens auxquels le film doit beaucoup et pour lesquels, accessoirement, on est très surpris quand on s’aperçoit que leur âge est de 10 ans supérieur à celui de leurs rôles. A leurs côtés, d’excellents second rôles avec, entre autres, Claudia Fontán, qui joue Lili et qu’on avait découverte dans Le fils de la mariée, Luis Rubio, l’interprète de Edi, Andrea Pietra, qui joue Celia, et Jean-Pierre Noher, un comédien franco-argentin, par ailleurs petit-neveu de Max Ophüls.

Conclusion

C’est une situation très universelle que nous raconte le producteur argentin  Juan Vera dans son premier film en tant que réalisateur : les tourments affectifs que peuvent rencontrer des couples après 25 ans de mariage, en particulier lorsque leur progéniture quitte le nid. Bien aidé par Mercedes Morán et Ricardo Darín, il réussit haut la main son examen de passage de réalisateur lorsqu’il se focalise sur les relations internes de ce couple, peintes avec beaucoup de naturel, sans aucune outrance. Il est moins convaincant, parce qu’un peu trop caricatural et répétitif, lorsqu’il aborde les relations externes au couple.

https://www.youtube.com/watch?v=nxF0doAHWSA

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