Critique : Quiet life

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Quiet life

France, Suède, Allemagne, Estonie, Grèce, Finlande : 2024
Titre original : –
Réalisation : Alexandros Avranas
Scénario : Alexandros Avranas, Stavros Pamballis
Interprètes : Chulpan Khamatova, Grigoriy Dobrygin, Naomi Lamp
Distribution : Wild Bunch Distribution
Durée : 1h39
Genre : Drame
Date de sortie : 1er janvier 2025

3/5

Synopsis : Suède, 2018. Un syndrome mystérieux affecte les enfants réfugiés.

Dans l’espoir d’une vie meilleure, Sergeï, Natalia et leurs deux filles ont été contraints de fuir leur pays natal. Malgré tous leurs efforts pour s’intégrer et incarner la famille modèle, leur demande d’asile est rejetée. Soudainement, Katja, leur plus jeune fille, s’effondre et tombe dans le coma. Ils vont alors se battre, jusqu’à l’impensable, pour que leur fille puisse se réveiller…

Inspiré de faits réels.

 

C’est quoi, le syndrome de résignation ?

En tant que proviseur, Sergueï avait fait lire des textes interdits à des élèves. En Russie, en 2018, on ne plaisante pas avec ce type de comportement et Sergueï, objet d’une attaque au cours de laquelle il a failli perdre la vie, a dû fuir son pays en compagnie de Natalia, son épouse, et de Alina et Katja, leurs 2 filles. Direction la Suède avec l’espoir que leur demande d’asile soit acceptée. Malgré un comportement exemplaire de la part de toute la famille, les choses trainent en longueur, le « Migrationsverket », l’office national suédois des migrations, considérant qu’il est en manque d’éléments probants permettant d’accepter leur demande. Le témoignage de Katja sur un évènement récent constituerait probablement un élément probant mais la fillette tombe brutalement dans le comas, victime de ce qu’on appelle le « syndrome de résignation ». Un mal dont sa sœur Alina va également souffrir après avoir fini par craquer en faisant ce qui, venant d’elle, est un faux témoignage.

Présenté dans la section Orrizonti de la Mostra de Venise 2024, Quiet life, dont le réalisateur, Alexandros Avranas, est grec n’est pas sans rappeler le cinéma d’un autre grec, Yórgos Lánthimos, surtout dans la 2ème partie du film, lorsque, face à des parents désemparés, les 2 fillettes sont prises en charge par le corps médical : une approche glaçante, déshumanisée, totalement en phase avec ce qui semble être la marque de fabrique des autorités suédoises. Dans ce contexte kafkaïen, le seul rayon de soleil pour Sergueï et Natalia provient de l’aide que leur apporte une femme originaire du Montenegro.

Film au rythme lent et qui n’a donc rien d’un film facile à accepter, film qui, par certains côtés s’apparente à un thriller et qui donne de la Suède une image fort antipathique, Quiet life amène inéluctablement les spectateurs français à s’interroger sur ce qu’on présente sous l’appellation de « syndrome de résignation ». En effet, alors que la France, comme l’ensemble des pays européens, est touchée par le phénomène de l’immigration, il ne semble pas qu’on y connaisse cette maladie très spéciale, en tout cas pas officiellement.

Ce syndrome qui concerne aussi bien des garçons que des filles et qui ne peut pas être simulé touche des enfants de migrants auxquels le droit d’asile a été refusé. L’enfant atteint souffre d’une  absence d’activité psychomotrice et de réactivité à l’environnement, de mutisme et d’absence de réponse aux stimuli extérieurs et le mal peut durer jusqu’à trois ans. C’est en Suède que les premiers cas se sont déclarés au début des années 2000 chez des enfants de demandeurs d’asile provenant d’anciens pays soviétiques ou de Yougoslavie. La Suède, terre de syndromes ! Après le syndrome de Stockholm, voici donc le « syndrome de résignation ».

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