Matria
Espagne : 2023
Titre original : –
Réalisation : Álvaro Gago
Scénario : Álvaro Gago
Interprètes : María Vázquez, Santi Prego, Soraya Luaces
Distribution : Les Alchimistes
Durée : 1h39
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie : 3 juillet 2024
3/5
Synopsis : Dans un village de pêcheurs galicien, Ramona est ouvrière. Son usine est rachetée et les salaires sont à la baisse. Quand Ramona se rebelle contre cette ultime humiliation, elle est licenciée sur-le-champ. Prête à tout pour garantir l’avenir de sa fille, elle enchaîne alors les petits boulots à un rythme effréné… mais jusqu’à quand ?
3 mois à peine après O Corno de Jaione Camborda, le cinéma espagnol nous propose une nouvelle visite de la province de Pontevedra située dans la communauté autonome de Galice, au nord-ouest de l’Espagne, une région qui fait beaucoup penser à la Bretagne avec ses Rías Baixas qui ressemblent comme deux gouttes d’eau (et même un peu plus !) aux abers du Finistère. Une région dont l’activité économique tourne beaucoup autour de la pêche, en particulier la pêche aux moules, une région connue pour être la terre des femmes, d’où le titre de ce film centré sur un personnage féminin très fort et très attachant. C’est dans un village côtier qu’on rencontre Ramona, une femme de 42 ans à l’énergie débordante et qui enchaîne les petits boulots pour satisfaire les besoins de sa famille, une femme qui n’a pas sa langue dans sa poche et qui, malgré sa crainte de se retrouver à court d’argent, n’hésite pas à claquer la porte d’une entreprise de nettoyage dans laquelle elle travaillait quand le nouveau patron décide de ramener les salaires à ce qu’ils étaient 8 ans auparavant. Asthmatique, Ramona continue de fumer comme un pompier malgré les mises en garde du corps médical. Epouse de Andrés, elle reste avec cet homme qui a pour habitude de rentrer à la maison en état d’ébriété fort avancé et pour qui elle n’a plus aucun sentiment. Mère de Estrella, une jeune fille de 18 ans, elle s’efforce d’économiser pour lui permettre de poursuivre des études qui, plus tard, devraient l’autoriser à avoir une autre vie que la sienne et elle regrette la relation d’Estrella avec Óscar dont elle pense qu’il détourne sa fille de ses études tout en ayant une certaine propension à vivre à ses crochets. Amie de Carmen, elle aime faire la fête avec elle tout en ressentant une pointe de jalousie, cette femme ayant épousé un beau parti, ce qui lui permet d’élever ses enfants sans travailler. Ayant réussi à décrocher un poste d’auxiliaire de vie auprès de Xosé Garcia, veuf depuis peu, elle arrive à rendre le sourire à celui qui apparaissait comme étant du genre vieux bougon.
Originaire de Vigo, toute proche de Pontevedra, âgé de 38 ans, Álvaro Gago avait réalisé en 2017 un court-métrage de 21 minutes ayant déjà pour titre Matria et qui était inspiré par des faits réels s’étant déroulés à l’intérieur de sa famille. En effet, Francisca Iglesias Bouzón qui, dans ce film, interprétait le rôle de Ramona, avait travaillé comme auxiliaire de vie auprès du grand-père du réalisateur lorsque son épouse était décédée et avait largement contribué à lui redonner goût à la vie. Avant même la réalisation de son court-métrage, Álvaro Gago avait en tête la réalisation d’un long qui donnerait une peinture beaucoup plus large du personnage de Ramona. Francisca Iglesias Bouzón ne se sentant pas la force de tourner un long métrage centré sur son personnage, Álvaro Gago a choisi María Vázquez, une comédienne de métier, pour la remplacer mais il a gardé le nom Iglesias Bouzón pour le personnage. Tourné en langue galicienne et présenté dans la sélection Panorama de la Berlinade 2023, Matria se rapproche des cinémas de Ken Loach et des frères Dardenne et doit beaucoup à la prestation remarquable de María Vázquez, présente dans presque toutes les scènes du film. Est-ce une qualité ou un défaut du film : tout au long de ses 99 minutes, on voit Ramona face à un grand nombre de situations, plus souvent fâcheuses que joyeuses et on ne cesse de penser qu’à un moment, un bouleversement important va intervenir dans son existence. On attend ce moment et ….