Critique : L’odeur de la mandarine

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l'odeur de la mandarine afficheL’odeur de la mandarine

France : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Gilles Legrand
Scénario : Guillaume Laurant
Acteurs : Olivier Gourmet, Georgia Scalliet, Dimitri Storoge
Distribution : Metropolitan Filmexport
Durée : 1h50
Genre : Drame
Date de sortie : 30 septembre 2015

Note : 3.5/5

A 57 ans, Gilles Legrand n’avait réalisé que 3 longs métrages de cinéma avant de s’attaquer à L’odeur de la mandarine. Peu de films, donc, mais, à chaque fois, beaucoup d’entrées : 1 million 500 mille pour Malabar Princess, 400 mille pour La jeune fille et les loups, 700 mille pour Tu seras mon fils. Pour son 4ème long métrage, Gilles Legrand a demandé à Guillaume Laurant d’écrire le scénario à partir d’une idée personnelle, il a décidé d’engager Yves Angelo comme directeur de la photographie, comme dans ses 3 films précédents, il a fait jouer à Olivier Gourmet son premier rôle sentimental et il a choisi de donner au personnage féminin le même prénom que dans La jeune fille et les loups : Angèle, interprétée, pour sa première apparition au cinéma, par Georgia Scaliett, pensionnaire de la Comédie Française.

Synopsis : Eté 1918. La guerre fait rage pour quelques mois encore, mais pour Charles et Angèle, elle est déjà finie. Lui, officier de cavalerie y a laissé une jambe. Elle, son infirmière à domicile, vient de perdre au front son grand amour, le père de sa petite fille. Unis par le besoin de se reconstruire, ils nouent une complicité joyeuse qui les ramène à la vie. Sur l’insistance de Charles, Angèle accepte un mariage de raison. Il leur faudra entrer en guerre, contre eux-mêmes et contre l’autre avant d’accepter l’évidence de la passion qui les lie malgré eux…

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La rencontre de deux éclopés

1918 : ce qu’on va appeler la Grande Guerre bat son plein. Sa fin est proche, mais qui le sait ? Dans un château picard, pas très loin du front, un homme et une femme font connaissance, deux êtres que la guerre a amputés : Charles, un officier de cavalerie, y a laissé une jambe ; Angèle y a perdu Armand, l’amour de sa vie, le père de Louise, sa fille. Charles a besoin d’une infirmière à domicile ; Angèle, jeune femme cultivée mais rejetée par sa famille car fille-mère, est devenue infirmière et se fait embaucher par Charles. La complicité du début fait vite place à une véritable amitié que Charles souhaiterait convertir en amour qui se solderait par un mariage. L’amour ? Mis à part celui qu’elle porte à sa fille, Angèle n’en ressent qu’un dans sa tête et dans son corps : celui qu’elle porte à Armand et qui, pour elle, sera éternel. Pour elle, le mariage, dans lequel l’amour serait absent en ce qui la concerne, ne pourrait que nuire à la légèreté de l’amitié qui s’était nouée entre eux. Toutefois, Charles possède une carte importante dans son jeu : l’avenir, le bonheur futur de Louise auquel lui peut contribuer d’un point de vue économique. Et si accompagner ce mariage de conditions drastiques, imposées par Angèle et concernant la vie sexuelle du couple, était la solution !?

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Une femme face au désir masculin 

L’idée de départ du film consistait à s’immiscer dans l’intimité d’un couple tout en mettant le cheval au centre de l’histoire : un animal puissant, que l’homme cherche à dominer en le tenant entre ses cuisses et que la femme a pendant très longtemps monté dans une position moins conquérante, la position d’amazone. Situer la relation entre Charles et Angèle au moment où se déroule une guerre qui s’apparente à une véritable boucherie permet de mettre en parallèle deux volets souvent traités au cinéma et concernant la chair : d’un côté, la chair à canon, de l’autre la chair qui se donne, qui se prend lors d’une relation amoureuse. Autre retombée de ce choix historique : les hommes étant partis au combat, beaucoup d’entre eux étant morts, les femmes les ont remplacés dans dans de nombreuses tâches qui leur étaient jusqu’alors interdites et cette période voit la naissance d’une émancipation féminine, certes limitée mais réelle. Dans L’odeur de la mandarine, le comportement d’Adèle est, de ce point, révélateur : pas question de se laisser dicter son comportement par un homme ! Un homme qui, certes, est diminué par son amputation, au point de devoir pratiquer la position d’amazone lorsqu’il monte à cheval, mais qui est plein de désir et qui n’a rien perdu de son aptitude au commandement face à un déserteur arrivant avec un cheval de grande valeur qu’il a certainement volé ou face à des militaires venant réquisitionner des chevaux pour l’armée et qu’il soupçonne de détourner leurs prises à des fins personnelles. Gilles Legrand avait souhaité mettre le cheval au centre de l’histoire : il l’est, et même un peu trop. Arrivant le plus souvent avec ses gros sabots, la métaphore de l’étalon arrive à lasser, d’autant plus qu’elle est renforcée par l’apparition fréquente d’un cerf, l’animal le plus hormoné de la faune sauvage.

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Un très beau casting

Scénario intéressant, belle mise en scène bien mise en valeur par la photographie de Yves Angelo, L’odeur de la mandarine peut s’enorgueillir d’un casting haut de gamme. Ce film apporte la preuve qu’Olivier Gourmet peut tout jouer, même le rôle d’un blessé de guerre submergé par l’amour ; Georgia Scalliett s’avère être une actrice à la fois rayonnante et d’une grande sensibilité ; Hélène Vincent excelle dans un rôle de gouvernante servant de mère de substitution à Adèle ; Dimitri Storoge est convaincant dans le rôle du déserteur à la fois inquiétant et manipulateur. Quant aux petits rôles tenus par Romain Bouteille, Michel Robin et Fred Ulysse, il s’agit d’un choix que Gilles Legrand a tenu à faire, afin d’honorer leurs longues carrières en les réunissant devant sa caméra. Et le titre, au fait ? Eh bien, il se justifiait par une scène qui, finalement, a été coupée au montage et il a été conservé, titre évoquant la sensualité recherchée par le réalisateur.

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Résumé

Même si on peut regretter certaines lourdeurs dans l’utilisation parfois trop forcée de métaphores animales, L’odeur de la mandarine est un film qui fait honneur au cinéma français, à la fois par son scénario, par sa réalisation et, surtout, par son casting qui permet de regarder Olivier Gourmet avec un œil neuf, de découvrir au cinéma Georgia Scaliett, une grande actrice à l’aube d’une grande carrière, de confirmer le grand talent d’Hélène Vincent, tout en rendant une sorte d’hommage à de grands anciens : Romain Bouteille, Michel Robin, Fred Ulysse. 


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