Critique : L’extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet

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L'Extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

affiche voyage ts pivetL’extravagant voyage du jeune et prodigieux TS Spivet

USA, France : 2013
Titre original : The Young and Prodigious T.S. Spivet
Réalisateur : Jean-Pierre Jeunet
Scénario : Jean-Pierre Jeunet, Guillaume Laurant d’après Reif Larsen
Acteurs : Helena Bonham Carter, Kyle Catlett, Callum Keith Rennie, Judy Davis
Distribution : Gaumont
Durée : 1h45
Genre : Drame, aventure, familial
Date de sortie : 16 octobre 2013

Globale : [rating:2.5/5][five-star-rating]

Après Micmacs à Tire-Larigot, qui avait reçu un accueil plutôt mitigé, Jean-Pierre Jeunet s’attaque à l’adaptation du premier roman de Reif Larsen: L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet. Un voyage initiatique dans un univers façonné par Jean-Pierre Jeunet, sur le papier, cela a tout pour être réussi…

Synopsis : T.S. Spivet, vit dans un ranch isolé du Montana avec ses parents, sa soeur Gracie et son frère Layton. Petit garçon surdoué et passionné de science, il a inventé la machine à mouvement perpétuel, ce qui lui vaut de recevoir le très prestigieux prix Baird du Musée Smithsonian de Washington. Sans rien dire à sa famille, il part, seul, chercher sa récompense et traverse les Etats-Unis sur un train de marchandises. Mais personne là-bas n’imagine que l’heureux lauréat n’a que dix ans et qu’il porte un bien lourd secret…

ts spivet classe

Un univers made in Jeunet

Jean-Pierre Jeunet fait partie de ces réalisateurs qui à chaque film parviennent à créer un univers onirique et décalé. L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S Spivet ne fait pas exception à la règle, et dès les premières images on retrouve la patte du réalisateur : ces tons chaleureux, ce charme désuet et ces jolies trouvailles de mise en scène. Le tout est sublimé par une très belle 3D, qui apporte une esthétique remarquable et une profondeur appréciable mais qui aurait pu être davantage exploitée dans cet univers enfantin.

Jeunet filme un monde en décalage complet, où le temps semble s’être arrêté à l’époque où les cow-boys lançaient leurs lassos, où un cowboy tombe amoureux d’une scientifique experte en insectes. Comme à son habitude, Jeunet prend le temps de s’attarder sur les petits détails qui rendent ses personnages si singuliers et fait prendre à cette histoire touchante des allures de conte. On se laisse vite emporter par les détails du quotidien de cette famille haute en couleur et on prend la route avec T.S le sourire aux lèvres.

Cet univers et le voyage initiatique dans lequel se lance le jeune T.S n’est pas sans rappeler Big Fish de Tim Burton. Cette impression est décuplée par la présence d’Hélèna Bonham Carter au générique qui prend ici les traits de la mère de T.S et se fond à merveille dans ce décor original. Tout au long de son périple, T.S va faire des rencontres qui resteront malheureusement relativement anecdotiques, n’apportant que le plaisir de croiser Dominique Pinon, acteur fétiche de Jeunet, au détour d’un train.

ts spivet helena bonham carter

La déception au bout du chemin.

Un bon démarrage ne présage pas pour autant d’une fin au même niveau. Là où la première partie réussit à nous emporter dans l’univers farfelu de cette famille hors du commun et soulève des thèmes difficiles avec beaucoup de délicatesse, la deuxième partie déçoit en perdant de cet équilibre entre univers enfantin, fragilité et sérieux. Le corps du film- à savoir le périple du petit génie vers Washington et son parcours une fois arrivé là bas- ne parvient pas à convaincre et les personnages qui entrent en scène sont bien trop caricaturaux pour que l’on puisse éprouver autre chose que de la déception. Judy Davis livre une interprétation bien trop poussée, rendant son personnage grotesque au possible. De même, c’est sans subtilité aucune que Washington est dépeint comme un lieu de corruption en contraste avec la candeur qui se dégage de la ferme du Montana. Ce manque de finesse nuit au film, lui faisant perdre de sa fraîcheur et de sa fantaisie.

Là où le réalisateur avait su trouver le bon dosage au début de son film, la suite s’enlise dans des gags parfois puérils ou se vautre totalement en consacrant une longue scène à un récit qui tente tant bien que mal de nous tirer les larmes des yeux, mais qui se démarque par le manque de sincérité qui s’en dégage et empêche le spectateur de ressentir ne serait-ce qu’une once de tristesse. Au final, les plus âgés auront du mal à adhérer à cette fin bien trop excessive qui patauge légèrement…

ts spivet ferme jeunet

Résumé

Doté d’une photographie d’une beauté remarquable et ancré dans un univers légèrement décalé cher au réalisateur, le dernier film de Jean-Pierre Jeunet souffre cependant d’un traitement bien trop caricatural sur la fin, faisant de l’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S Spivet un divertissement familial touchant mais qui parlera davantage aux plus jeunes et ne marquera certainement pas les esprits.

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