Les Sept vampires
Brésil, 1986
Titre original : As Sete Vampiras
Réalisateur : Ivan Cardoso
Scénario : Ivan Cardoso, Rubens Francisco Luchetti
Acteurs : Nicole Puzzi, Ariel Coelho, Colé Santana
Distribution : –
Durée : 1h27
Genre : Horreur, Comédie
Date de sortie : –
Note : 2,5/5
Dans le cadre de l’impressionnante rétrospective consacrée au cinéma brésilien à la Cinémathèque Française, la case cinéma bis du vendredi 3 avril 2015 nous proposait de découvrir deux films de genre signés par Ivan Cardoso qui lorgnent vers le parodique, avec plus ou moins de réussite. Le premier de la soirée : Les Sept vampires
Synopsis : Après avoir vu son mari dévoré par une plante carnivore et avoir été elle-même mordue par l’horrible créature, Sylvia, professeur de danse, accepte la proposition d’un ami de travailler dans sa boîte de nuit où elle va créer le ballet des sept vampires. Des meurtres vont alors s’enchaîner.
Une plante carnivore et une vampire
Les Sept vampires tourné en 1986 démarre comme La Petite boutique des horreurs dont le remake signé Frank Oz (d’après le classique de Roger Corman) était son contemporain. Petit budget et scénario qui part dans tous les sens nous laisse souvent, pour le moins, circonspect pour déterminer si Ivan Cardoso a ou non du talent. En découvrant ce film puis Le Secret de la Momie (qui lui est antérieur), l’on penche hélas vers le non malgré quelques bons moments de comédie horrifique. La première partie laisse donc penser à une relecture de l’histoire de Audrey, la verdâtre mangeuse d’êtres humains (de préférence mais pas uniquement) aux tentacules criminelles. Que nenni, après la disparition du scientifique (Ariel Coelho) dans les griffes aux allures de pénis syphilitique (je n’en ai pas vu, on m’a raconté, merci Mickael Lanoye, notre dévoreur de DVD et bluray à nous) de la plante, sa femme Silvia (Nicole Puzzi) prend le relais du récit. Devenue vampire après sa morsure (c’est certainement très cohérent), elle prend la fuite et vit en recluse jusqu’à la proposition d’un patron de cabaret de travailler pour lui. Étrange interlude, il évoque le temps d’une discussion avec sa protégée les vrais grands noms du cinéma brésilien comme Anselmo Duarte (celui de la palme d’or unique du pays, La Parole donnée – voir critique de notre cher Tobias) ou l’acteur Grande Otelho. Les morts vont s’enchaîner rapidement dans les environs du club avec enquêtes en parallèle menées par un policier pas très compétent dénommé Pacheco (Colé Santana) et une autre par le détective Raimundo Marloue (!!!) (Nuno Leal Maia au jeu spécial pour le moins) engagé par l’une des victimes qui craignait pour sa vie. Évidemment, dans ce contexte parodique, son échec sera total, le privé étant plus motivé par la lecture d’illustrés d’espionnage que par sa mission pourtant rémunérée.
Humour limité et rebondissements improbables
Visuellement, le film est très marqué par les années 80, jusqu’aux costumes et décors surchargés de couleurs criardes. Après une ouverture rigolote et des enchaînements de retournements relativement inspirés dans le contexte d’une parodie entre la scène dans les docks à faire hurler de douleur les allergiques à Steppin’ Fetchit, la découverte de la plante, la transformation de la prof de danse et l’improbable introduction par Sir Alfred Hitchcock (il s’agit d’un emprunt à son anthologie Hitchcock présente), le récit s’enlise dans son humour limité qualitativement et des rebondissements improbables empruntés à la fois à Dario Argento (sans le brio de la grande époque) avec coupable inattendu et plans sur des mains criminelles (ce qu’il avait déjà fait dans Le Secret de la Momie) et au Fantôme de l’Opéra. Les dialogues sont amusants mais le suspense ou la tension sont évacués au profit d’un délire qui ne fonctionne que rarement. Parmi les personnages qui désarçonnent, citons un Fu Manchu local (Wilson Grey alias le professeur Expedito Vitus du Secret de la Momie) et surtout le pathétique Bob Rider (Leo Jaime) qui a tellement raté son hommage à Elvis Presley que son groupe les Comètes rappelle plus les Forbans que le King ou même Bill Haley. Le plus grand mystère du film restera le destin de notre pauvre plante assassine, abandonnée dans un laboratoire sans nourriture après le prologue et probablement morte de faim.
Conclusion
Admirateur de son compatriote José Mojica Marins, Ivan Cardoso ne semble pas aussi riche sur le plan de la mise en scène et signe une comédie horrifique victime d’une overdose de pistes potentiellement hilarantes évacuées au gré de l’inspiration ou du manque d’inspiration de ses envies de délire plus ou moins communicatif. Une curiosité a priori, une déception a posteriori même si le spectacle collégial dans le cadre des séances bis de la Cinémathèque a permis d’en relativiser la déconvenue.