L’Art de la fugue
France, 2014
Titre original : –
Réalisateur : Brice Cauvin
Scénario : Brice Cauvin, Raphaëlle Desplechin, Agnès Jaoui, d’après l’oeuvre de Stephen McCauley
Acteurs : Laurent Lafitte, Agnès Jaoui, Benjamin Biolay
Distribution : KMBO
Durée : 1h40
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 4 mars 2015
Note : 1/5
Le cinéma choral à la française, contrairement à celui de nos voisins italiens, est souvent redoutable, ne citons que ceux de Danièle Thompson (Le Code a changé notamment, un sommet du genre) qui ne sont pas les pires pourtant comme peuvent en témoigner les spectateurs de Sous les jupes des filles d’Audrey Dana…
Synopsis : Trois frères trentenaires peinent à surmonter leurs rapports entre eux, avec leurs compagnes ou compagnons et leurs parents.
Un film choral français de plus…
Le deuxième long-métrage de Brice Cauvin (De particulier à particulier) ne déroge hélas pas à la règle et se révèle particulièrement affligeant. Ni rire ni émotions, c’est l’apathie qui nous gagne en quelques minutes. Laurent Laffitte joue l’homosexuel mélancolique qui regarde dans le vide dès qu’il ressent quelque chose (et cela arrive souvent), Benjamin Biolay joue (encore) un neurasthénique comme dans le récent Gaby Baby Doll de Sophie Letourneur (autre purge) et Nicolas Bedos un séducteur qui ne supporte plus sa fiancée de dix ans jouée par Elodie Frégé à qui l’on demande seulement d’être hystérique et nue. Il était impossible pour elle de se sortir de son apparition dans Potiche de François Ozon car interpréter Catherine Deneuve jeune était un défi impossible, Ludivine Sagnier s’y était elle-même cassée les dents sur Les Bien Aimés de Christophe Honoré mais elle y restait prometteuse, ce qui n’est pas le cas ici. Dans le rôle des parents de la fratrie, l’on est brièvement content de retrouver deux acteurs trop rares, remis au goût du jour par un bon directeur d’acteurs, Christophe Honoré encore (même si l’on n’est pas toujours amateur de son style) : Marie-Christine Barrault (Non, ma fille tu n’iras pas danser, pour lequel elle aurait du être nommée aux César) et Guy Marchand (qui l’a été pour Dans Paris). Hélas, leurs personnages ne sont guère mieux lotis, nos poils se hérissant à chaque phrase (mal) écrite pour eux. Irène Jacob fait de la figuration inutile et là encore, cette comédienne mérite mieux.
Un gâchis…
Un sentiment de gâchis s’impose lorsque l’on voit ces acteurs naviguer à vue, guère aidés par un script où le néant se laisse de temps en temps supplanter par le vulgaire. Il s’agit déjà de la troisième adaptation d’un roman de Stephen McCauley après L’objet de mon affection, nanar de Nicholas Hytner avec Jennifer Aniston et Paul Rudd et La vérité ou presque réalisé et interprété par Sam Karmann qui n’a pas marqué les esprits, sans être aussi redoutable. Et si le problème venait de cet romancier américain ? Comment Agnès Jaoui, scénariste douée, a-t-elle pu accepter de participer à l’écriture de ce projet sans âme dont elle est en outre l’une des principales interprètes qui jongle avec les bons mots plombants qui retombent tous au sol lamentablement ? On préfère attendre son prochain projet avec Jean-Pierre Bacri, pour l’instant un quasi sans-faute en huit films en commun avec Alain Resnais (Smoking/No Smoking et On connaît la chanson) ou sans (Le Goût des autres). Car si tous ne sont pas qualitativement de même valeur, aucun n’est nul, comme cette fugue aux dialogues qui sortent plus d’une mauvaise chanson de variété que d’un plaisant lied et qu’il est conseillé de fuir, avec ou sans art.
Conclusion
Une bonne poudre d’escampette loin de ce naufrage vers des œuvres plus enrichissantes qui peuplent nos nombreuses salles de cinéma est vivement conseillée, surtout si vous aimez le cinéma…