Critique : La Mère de tous les mensonges

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La Mère de tous les mensonges

Maroc, Qatar, Arabie Saoudite, Égypte : 2024
Réalisation : Asmae El Moundir
Scénario : Asmae El Moundir
Distribution (Fr) : Arizona Distribution
Genre : Documentaire, Société
Durée : 1h36
Date de sortie : 28 février 2024

4/5

Il y a des films qui, sur le papier, me font presque peur avant d’entrer dans la salle. Avouez qu’on peut craindre, devant cette reconstruction d’un drame familial, de tomber dans un sentimentalisme malhabile ou d’assister à de longues tirades didactiques sur l’importance de la mémoire.

Le premier film d’Asmae el Moudir, c’est tout sauf ça. C’est surtout un grand film de mise en scène et un témoignage sur le silence.

Synopsis : Casablanca. La jeune cinéaste Asmae El Moudir cherche à démêler les mensonges qui se transmettent dans sa famille. Grâce à une maquette du quartier de son enfance et à des figurines de chacun de ses proches, elle rejoue sa propre histoire. C’est alors que les blessures de tout un peuple émergent et que l’Histoire oubliée du Maroc se révèle.

Face au silence de sa famille, face au lourds poids des secrets, la jeune réalisatrice recrée donc ce petit quartier en carton pâte et en petites marionnettes.

De la confrontation entre le silence traumatisant des corps et celui naturel des marionnettes, la parole va lentement se libérer. Parfois trop vite, parfois trop fort, les mots n’explique jamais, sortent par grands torrents avant d’aller se cacher à nouveau.

Ainsi, cette vieille dame, sèche, gardienne du secret, a soudainement un éclair inquiet dans l’œil ; quand elle sent qu’un secret s’est échappé. C’est trop tard, le film existe.

Et puis au delà du message, il faut voir comment ce monde des marionnettes permet de créer des petits morceaux de mémoire poétique que chacun.e est libre de recomposer à sa guise…

Certainement la naissance d’une réalisatrice ; en tout cas d’un très beau geste de cinéma !

Conclusion

C’est étonnant tout ce que le silence peut vouloir dire. Par les moyens du cinéma, Asmae El Moundir signe un premier long métrage débordant d’inventions de mise en scène et de liberté formelle qui vient “dire” sans expliquer. L’un des coups de cœur de 2024 !

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