Critique : Je vous souhaite d’être follement aimée

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Je vous souhaite d’être follement aimée

je vous souhaite d'être follement aimmé affiche Fance : 2015
Titre original : –
Réalisateur : Ounie Lecomte
Scénario : Ounie Lecomte, Agnès De Sacy
Acteurs : Céline Sallette, Anne Benoit, Elyes Aguis
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 1h40
Genre : Drame
Date de sortie : 6 janvier 2016


Note : 3/5

En 2009, Une vie toute neuve, le premier long métrage d’Ounie Lecomte, une jeune réalisatrice française d’origine coréenne, avait été présenté lors d’une séance spéciale du Festival de Cannes. Honneur tout à fait mérité, ce film presque autobiographique sur une petite coréenne de 9 ans en attente d’adoption dans un orphelinat tenu par des Sœurs catholiques montrant de grandes qualités d’écriture et de mise en scène et se révélant, sur ce sujet délicat, plein de pudeur et totalement exempt de pathos. 6 ans plus tard, voici le deuxième long métrage d’Ounie Lecomte, qui, sous un autre angle, aborde de nouveau le thème de l’adoption.

 

Synopsis : Elisa, kinésithérapeute, part s’installer avec son jeune fils, Noé, à Dunkerque, ville où elle est née sous X. Quelques mois plus tôt, elle y a entrepris des recherches sur sa mère biologique, mais cette femme a refusé de dévoiler son identité. À la recherche d’une mère inconnue, de son passé et de leur histoire, Élisa ne renonce pas et veut comprendre… Le hasard va bouleverser ses attentes…

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A la recherche de sa véritable mère

Elisa est une femme comme beaucoup d’autres femmes : environ 35 ans, mariée, mère d’un garçon de 10 ans, elle pratique un métier qu’elle aime, kinésithérapeute. Une femme comme beaucoup d’autres femmes sauf qu’elle, Elisa, est née sous X et a été adoptée par un couple ne pouvant pas avoir d’enfant. Apparemment, elle a d’excellents rapports avec ses parents adoptifs et de moins bons avec Alex, son mari. Mais là n’est pas le sujet du film. Il est dans le fait qu‘Elisa s’est mise en tête de retrouver sa mère biologique. Une première visite à Dunkerque, là où elle est née, s’était terminée par une fin de non recevoir : l’administration savait qui était sa mère mais refusait, pour des raisons légales, de lui donner son identité. Six mois plus tard, la kiné Elisa a trouvé un remplacement à faire à Dunkerque et elle quitte Paris avec Noé, son fils, bien décidée à explorer toutes les pistes lui permettant de remonter à sa véritable mère. Dans ce cas, la meilleure piste n’est-elle pas parfois de laisser faire le hasard ?

 

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Dommage !

Lorsque défilent les dernières images de Je vous souhaite d’être follement aimée, accompagnées d’un slam interprété par Grand Corps Malade, on ne peut s’empêcher d’être partagé entre deux sentiments : d’un côté, le sentiment plaisant d’avoir vu un film aux qualités indéniables et présentant même un certain nombre de scènes bouleversantes de vérité ; de l’autre, celui, frustrant, d’être tout simplement passé à côté d’un grand film ! Les sources qui irriguent le sentiment positif sont nombreuses : la description sensible de ce par quoi peut passer une jeune femme à la recherche de ses origines ; celle, en parallèle, de la difficulté à s’intégrer lorsque vos origines sont ou semblent différentes ; la peinture d’une famille banale qui a été confrontée à une situation qu’elle refusait d’accepter et qui a pesé de tout son poids pour forcer une jeune femme à prendre une décision que, le temps passant, elle va regretter. Indéniablement, Je vous souhaite d’être follement aimée aurait pu être un grand film, mais, pour cela, il aurait fallu éviter la trop grande répétition de scènes que l’on qualifiera de remplissage. Certes, il était indispensable de montrer le rapprochement corporel qui s’opère, lors de séances de massage, entre la kiné Elisa et Annette, la femme de service qui, à l’école dans laquelle il a été plutôt mal accueilli, s’est prise d’affection pour Noé, mais ces scènes sont quand même trop nombreuses et trop longues et, à force, nuisent au rythme du film.

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Deux grandes comédiennes

Pour interpréter le rôle d’Elisa, Ounie Lecomte avait besoin d’une comédienne capable de dégager le sentiment ambigu d’être à la fois fragile et pleine d’assurance, vulnérable et très forte. Elle ne s’est pas trompée en portant son choix sur Céline Sallette, qui, film après film, prouve qu’elle est, au cinéma, LA grande comédienne française de la génération des trentenaires. A ses côtés, on trouve Anne Benoit dans le rôle d’Annette, une comédienne de théâtre réputée, le plus souvent cantonnée dans des seconds rôles au cinéma et qui, ici, dans un premier rôle, prouve l’étendu de son talent. Françoise Lebrun, Louis-Do de Lencquesaing, Pascal Elso, Elyes Aguis et Catherine Mouchet complètent la distribution. Quant à la musique, un peu trop présente, elle est l’œuvre d’Ibrahim Maalouf : on l’a connu plus inspiré !


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Conclusion

Avec ce film dont le titre fait référence à L’Amour fou d’André Breton, Ounie Lecomte avait matière à confirmer l’impression de grand talent laissée par Une vie toute neuve, son premier film. Malheureusement, malgré ses qualités, Je vous souhaite d’être follement aimée marque plutôt une certaine régression, par la faute d’un rythme rendu parfois bancal par de trop nombreuses et trop longues scènes de massage. Cela n’empêche toutefois pas le film d’être recommandable, ne serait-ce que par le sujet qu’il traite et la qualité de son interprétation.

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