Critique : Headshot

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 Indonésien, 2016
Titre original : –
Réalisateur : Kimo Stamboel, Timo Tjahjanto (Mo Brothers)
Scénario : Timo Tjahjanto
Acteurs : Iko Uwais, Julie Estelle, Cinta Laura Kiehl
Distribution : –
Durée : 1h57
Genre : Action, Arts Martiaux
Date de sortie : –

Note : 3,5/5

En 2011, Toronto avait l’incroyable privilège de découvrir un jeune metteur en scène gallois, qui, avec son troisième long métrage, allait mettre d’accord à peu près tous les fans de films d’action hardcore. En exploitant le pencak silat, art martial indonésien particulièrement spectaculaire et cinégénique, il allait mettre une claque à tous ceux qui attendaient avec désespoir de voir débarquer un successeur à Ong-Bak. Vous l’aurez deviné, il s’agit de Gareth Evans, qui, avec son film The Raid, allait dépoussiérer un genre qui en avait bien besoin, et par là-même présenter au public un artiste martial étourdissant, Iko Uwais. Après le cataclysmique The Raid 2, et en attendant le retour de Gareth Evans avec ce qui serait à priori un film d’horreur, nous attendions avec curiosité et impatience de voir un nouveau film avec la nouvelle star du film de baston. Avec les Mo Brothers, duo (et non, ils ne sont absolument pas frères) nous ayant habitué à un cinéma particulièrement violent et radical, ce dernier a trouvé les réalisateurs idéaux pour laisser s’exprimer ses talents martiaux sans limite.

Synopsis : Un homme se réveille à l’hôpital, amnésique, après avoir reçu une balle dans la tête. Soigné par une jeune étudiante en médecine, il va très vite voir ses capacités de machine à tuer ressurgir lorsque cette dernière sera enlevée par un groupe de tueurs sanguinaires.

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Une violence omniprésente

L’argument est donc simple, pour ne pas dire simpliste. L’amnésique sera prêt à tout pour retrouver la disparue. Et lorsque l’on dit tout, c’est à prendre au pied de la lettre. Car tous ceux ayant vus les métrages précédents du duo savent que ces derniers ne sont pas là pour rigoler et que la violence sera évidemment omniprésente. Les spectateurs préférant la subtilité, les dialogues profonds et les scénarios complexes seront priés de choisir un autre film. Car ici, on est dans les affrontements homériques et barbares, se terminant généralement très mal pour le perdant. Les corps sont déchirés, pliés, martyrisés, à l’aide de tous les objets pouvant tomber sous la main, les visages écrabouillés (les amateurs de la scène de l’extincteur de Irréversible auront de quoi se sustenter), et absolument tout le monde peut y passer. A vrai dire, les cinéastes sont d’un tel jusqu’au boutisme que l’on en vient sérieusement à s’interroger sur le sort réservé à une fillette. Si la ligne jaune ne sera heureusement jamais franchie, on peut tout de même affirmer qu’il s’agit du film d’action le plus violent jamais réalisé, reléguant le pourtant déjà costaud The Raid 2 au rang de gentille comédie kung fu avec Jackie Chan. Les allergiques au sang giclant par hectolitres et aux scènes de massacres de grande ampleur risquent de passer un sale moment. A l’Étrange Festival 2016, où il a été diffusé, on a pu remarquer une spectatrice se cachant les yeux la majorité du film.

Bien sur, tout ceci ne peut pas être décemment pris au sérieux, la sauvagerie atteignant de telles extrémités que l’on a l’impression de voir des personnages échappés des cases d’une bande dessinée bien frappée, ce qui limite un peu l’impact des images, pour qui est capable d’un minimum de recul. Pour autant, on ne peut passer sous silence la complaisance certaine avec laquelle est filmée la barbarie, notamment la scène du carnage dans le bus, qui laisse tout de même un doute sur la démarche des cinéastes. Réelle radicalité, et atout que se sont donnés ces derniers pour immerger le spectateur dans leur univers, ou bien fascination un rien racoleuse pour la violence gratuite ? Difficile de se prononcer, mais il paraît difficile de pousser encore plus loin le curseur, sous peine de tomber dans la pure exploitation, dans laquelle le film s’aventure d’ailleurs sous bien des aspects. Avec ses dialogues réduits à la portion congrue, ses personnages archétypaux et son manichéisme, il vaut mieux ne pas faire la fine bouche et se concentrer sur ce que le film a de mieux à proposer, à savoir ses combats. Et de ce côté, difficile de se dire déçu. Même s’ils n’atteignent pas la virtuosité de ceux de The Raid 2, ils sont quand même d’une inventivité qui retourne plus d’une fois le cerveau. Une fois de plus, Uwais et ses comparses se sont dépassé pour nous donner ce que nous n’avons jamais vu dans aucun autre film du genre avant. A ce titre, le morceau de bravoure principal du film se situe dans la scène du commissariat, véritable démonstration de savoir faire, qui, par son enchaînement ininterrompu d’affrontements allant crescendo, jusqu’à atteindre une véritable acmé, laisse réellement KO, et constitue un sommet de brutalité viscérale.

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Une intensité de récit un peu faible…

Contrairement à Gareth Evans, les Mo Brothers ont du mal à maîtriser l’intensité générale de leur récit. Si la structure générale, proche du principe du jeu vidéo, reste semblable au premier The Raid, avec ses ennemis de plus en plus dangereux, jusqu’au boss final quasiment indestructible, le film a plus de mal à convaincre dans les creux, la faute à des comédiens globalement très faibles, ne réussissant jamais à donner un minimum de profondeur à leur personnage, ou à crédibiliser des dialogues d’une naïveté presque embarrassante, surtout lorsqu’ils s’aventurent dans le romantisme, franchement guimauve. On a quand même plaisir à retrouver Julie Estelle, la fameuse tueuse aux marteaux de The Raid 2, dans un rôle similaire, où elle manie cette fois ci le couteau, et ce avec la même aisance. La jeune infirmière enlevée est interprétée par une jeune comédienne très séduisante, qui aura su conquérir le cœur des spectateurs vikings de l’Étrange Festival.

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Conclusion

Si le film n’atteint pas les hauteurs que nous espérions, faute de rigueur dans le scénario, on ne peut que se réjouir de l’existence d’un cinéma aussi rageur, à l’opposé de la trop grande sagesse des studios ricains. Là où un Deadpool (dans un registre certes différent) se vautrait dans la vulgarité et la violence soft faussement transgressif, les indonésiens, eux, plongent avec plaisir dans l’ultra violence la plus crasse, ce qui peut gêner les plus sensibles, mais nous lave les yeux de tous les pseudo films d’action aseptisés que l’on subit à longueur d’années. Malheureusement, le film a été vendu à l’internationale pour une exploitation en e-cinéma, très certainement sur Netflix. Les heureux spectateurs de l’Étrange Festival auront fait partie des rares à avoir pu savourer le film sur un grand écran, ce qui est le moyen idéal de découvrir le film. Que les autres n’hésitent cependant pas à le voir dès qu’ils le pourront, pour peu qu’ils ne soient pas trop sensibles aux déchaînements de violence, ici avant tout à but défouloir !

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