Critique : Hannibal – Saison 1

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Quand Hannibal a diffusé son pilote en avril, elle semblait arriver comme un cheveu sur la soupe. Après The Following et Bates Motel, beaucoup s’étaient lassés de la fascination pour les serial killers, un des sujets préférés des séries télés depuis les débuts d’Esprits Criminels et Dexter.  Au delà du sujet, elle avait aussi le malheur d’être reléguée à la fin de saison par NBC, comme Awake l’année dernière, ce qui n’augurait rien de bon pour un renouvellement. Enfin, il s’agit là d’un personnage auquel 4 romans et 5 films ont déjà été dédiés, ce qui poussait à se demander s’il était vraiment nécessaire de l’adapter à la télévision. Les noms du créateur Bryan Fuller (Dead Like Me, Pushing Daisies, Wonderfalls) et de Mads Mikkelsen (Casino Royale, La Chasse) dans le rôle titre était suffisamment attrayant pour tenter le coup, mais Hannibal paraissait voué à l’échec ou à la médiocrité.

hugh-dancyAprès la diffusion du finale samedi dernier, un chose est claire : Bryan Fuller a réussi son coup. Hannibal est la meilleure série à débuter sur les grandes chaînes américaines cette saison, si ce n’est la meilleure série de ces chaînes, tout court. La première raison de ce succès, c’est d’avoir laissé Hannibal dans un rôle secondaire, se concentrant essentiellement sur le personnage de Will Graham. Ce dernier rentre dans un archétype vu et revu ces dernières années dans les séries, celui de l’enquêteur génial mais instable et plus ou moins asocial. Joué par Hugh Dancy, Will est pourtant un personnage fascinant car l’accent est mis sur la terrible influence que ces scènes de crime peuvent avoir sur la santé mentale de ceux qui les analysent. C’est d’ailleurs cet intérêt pour les retombées psychologiques qui différencie fondamentalement Hannibal d’une série comme The Following : plutôt que d’exploiter les scènes violentes pour choquer les spectateurs toutes les trente secondes, la série leur donne un poids qui évite de sombrer dans une banalisation de ces actes.

Mads Mikkelsen, quant à lui, mériterait sans doute un Emmy pour ce rôle (il est malheureusement improbable qu’il soit nominé dans une catégorie surchargée). Son Hannibal est indubitablement différent de celui d’Anthony Hopkins, plus subtil et contenu, ce qui paraît logique puisqu’il est encore en liberté. Il le joue comme un excentrique un peu dérangeant, mais pas le genre qu’on suspecterait de quoi que ce soit. Jack Crawford n’est pas nécessairement le personnage le plus flashy qu’il soit, mais Laurence Fishburne prouve qu’il vaut mieux que Les Experts dans les épisodes centrés sur sa femme (Gina Torres). Enfin, Caroline Dhavernas, dont le personnage semblait assez banal et inintéressant dans les premiers épisodes, s’est prouvée être l’ancre émotionnelle de la série dans le finale.

Hannibal

Le dernier aspect qui fait de Hannibal une série spéciale, c’est sa réalisation. Avec trois épisodes signés David Slade, responsable du magnifique pilote d’Awake l’année dernière, Hannibal s’est doté d’un style visuel très particulier, évoquant parfois Breaking Bad par certains aspects. Les passages en « transe » de Will sont particulièrement admirables, créant un sentiment de malaise immédiat et participant à l’ambiance généralement cauchemardesque qui règne sur la série. Cette ambiance va cependant de pair avec l’un des points faibles de la séries : les énormes failles logiques dans les enquêtes policières.

Bref, Hannibal est la nouveauté à ne pas rater cette année sur les grandes chaînes américaines. Une deuxième saison est déjà garantie et Canal + en a récupéré les droits de diffusion. Bonus supplémentaire : les titres des épisodes sont déjà en VF (ce sont tous des plats français) !

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