Critique : Get Out

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Get out

États-Unis : 2017
Titre original : –
Réalisateur : Jordan Peele
Scénario : Jordan Peele
Acteurs : Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keener
Distribution : Universal Pictures International France
Durée : 1h44
Genre : Thriller
Date de sortie : 3 mai 2017

Note : 4/5

Premier long métrage de Jordan Peele, Get Out, porté par Daniel Kaluuya, qui s’est illustré dans le dernier épisode de la première saison de Black Miror, raconte l’histoire d’un homme afro-américain qui rencontre la famille blanche de sa copine. Une rencontre sous pression qui va partir dans les tours.

Synopsis : Couple mixte, Chris et sa petite amie Rose filent le parfait amour. Le moment est donc venu de rencontrer la belle famille, Missy et Dean lors d’un week-end sur leur domaine dans le nord de l’État. Chris commence par penser que l’atmosphère tendue est liée à leur différence de couleur de peau, mais très vite une série d’incidents de plus en plus inquiétants lui permet de découvrir l’inimaginable…

 

 

Une histoire brillante

Get Out est un film d’horreur très intelligent qui se concentre davantage sur le contenu de l’histoire que sur les effets horrifiques. Ces derniers sont très classiques : quelques jump scare, quelques situations paranoïaques, quelques jeux de lumières inquiétants et des personnages mystérieux pleins de faux semblants. La belle famille du personnage cache quelques secrets bien gardés. Le postulat de départ de Get Out repose là-dessus, une rencontre inquiétante et pleine de mensonges entre deux catégories sociales. Jordan Peele réconcilie le cinéma de genre et le sujet social. Beaucoup l’ont affublé du titre de descendant de Carpenter ou Romero, étant donné avec quelle verve il s’emploie à placer entre les lignes un message social puissant. Par le prisme de cette histoire Jordan Peele présente la condition des noirs dans une Amérique encore profondément raciste. Avec une ironie singulière et quelques traits d’humour malsain, le cinéaste présente donc la vision que peuvent avoir des américains blancs sur leurs concitoyens noirs.

Get Out parvient à allier ironie, humour, peur, inquiétude et action avec talent. La mise en place lente et intense permet de légitimer chaque renversement, chaque bouleversement, chaque twist scénaristique. Malgré une fin quelque peu what the fuck, Jordan Peele pervient à créer une crédibilité à toute épreuve : le spectateur croit à tout ce que lui vend le cinéaste. En jouant sur les clichés du genre, le réalisateur offre un film respectueux du genre, avec quelques idées renversantes. Les personnages ne sont pas idiots, ce qui donne un véritable réalisme à l’histoire, et les éléments malsains, qui viennent confirmer la mauvaise intuition du spectateur, sont amenés avec tact. Jordan Peele sait prendre son temps et ne se précipite jamais, laissant le temps à l’image, à la musique et aux acteurs les moyens de s’exprimer. Jusqu’au dénouement véritablement inattendu, Get Out est plein de surprises et tient son fil rouge parfaitement bien, sans jamais perdre de vue son sujet sociétal ou l’enchaînement de l’histoire.

 

 

Une qualité technique indéniable

Jordan Peele a déjà signé avec Universal un nouveau contrat pour réaliser un deuxième long métrage horrifique. Sa technique est irréprochable, sa photographie, son écriture et sa direction artistique concordent parfaitement. Daniel Kaluuya, déjà brillant dans Black Miror, confirme ici son talent, celui d’un acteur capable de donner une véritable dimension à son personnage. Il rentre dans la peau d’un homme calme face à toute épreuve, capable de tout affronter dans un sang-froid incroyable. Daniel Kaluuya est impressionnant et attachant. Get Out lorgne souvent dans le spiritualisme. Quelques séquences d’hypnose sont à l’honneur, matérialisées simplement mais avec beaucoup d’imagination, et par le biais d’une beauté formelle salvatrice.

Mais la matière première de Get Out demeure son sujet. Le rapport entre noirs et blancs, entre deux catégories sociales, deux visions des choses, deux manières de vivre. Jordan Peele parle de racisme, de séduction, de haine, de séparation. Il confronte son spectateur avec sa propre vision des choses dans une histoire parfois ambiguë et ambivalente. Le racisme blanc est peut-être également abordé, mais c’est surtout un rapport au passé qui est mis en avant. Un rapport historique à l’esclavage et à son héritage dans la société actuelle. Finalement lorsque la question « pourquoi un noir ? » est posée, la réponse demeure floue et oscille quelque part entre haine et admiration, entre rejet et jalousie, entre volonté de séparer et de ressembler. Get Out met en avant le malaise que peut également ressentir la société par rapport aux siècles d’esclavage historique, qui tente lamentablement, parfois, de se rattraper.

 

 

Conclusion

Get Out mélange les genres. D’abord dans une ambiance paranoïaque, reposant sur les prestations calmes et les faux semblants, le film lorgne ensuite à la lisière du spiritualisme, pour se conclure dans la violence vengeresse. Porté par un talentueux comédien, Get Out se joue des clichés, repose son histoire entière sur les aprioris, et sur la catégorisation sociale.

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