Critique : Gabrielle

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Canada : 2013
Titre original : Gabrielle
Réalisateur : Louise Archambault
Scénario : Louise Archambault
Acteurs : Gabrielle Marion-Rivard, Mélissa Désormeaux-Poulin ,Alexandre Landry
Distribution : Haut et Court
Durée : 1 h 44
Genre : Drame
Date de sortie : 16 octobre 2013

Globale : [rating:2.5][five-star-rating]

Quelques jours après le décès de Patrice Chéreau, réalisateur en 2004 d’un film nommé Gabrielle dont Isabelle Huppert et Pascal Greggory étaient les têtes d’affiche, voici de nouveau Gabrielle sur les affiches. Il s’agit cette fois d’un film canadien, et c’est le 2ème long métrage de la réalisatrice Louise Archambault.

SynopsisGabrielle et Martin tombent fous amoureux l’un de l’autre. Mais leur entourage ne leur permet pas de vivre cet amour comme ils l’entendent car Gabrielle et Martin ne sont pas tout à fait comme les autres. Déterminés, ils devront affronter les préjugés pour espérer vivre une histoire d’amour qui n’a rien d’ordinaire.

GABRIELLE

L’amour entre deux handicapés intellectuels

Gabrielle est une jeune femme atteinte du syndrome de Williams. A ce titre, elle souffre d’une légère déficience intellectuelle et elle vit dans un foyer. Comme la plupart des personnes touchées par cette maladie génétique, elle est gentille, souriante et très active ; elle a aussi un don certain pour la musique. Ce don lui a donné une place de choix dans la chorale « Les Muses » de Montréal, une chorale entièrement composée d’handicapés intellectuels et qui prépare avec beaucoup de sérieux sa prestation dans le cadre du Mondial choral de Laval. C’est dans cette chorale que Gabrielle a rencontré Martin, et ils sont tombés amoureux l’un de l’autre. Pour vivre leur amour comme n’importe quel couple amoureux, Gabrielle tient à prouver qu’elle peut être totalement autonome dans sa vie de tous les jours. Sa sœur Sophie est très proche d’elle et elle fait tout pour l’aider. Par contre, Claire, la mère de Martin n’est pas sur la même longueur d’onde et cet amour naissant lui fait peur.

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Une fiction très documentée

Après Familia, un premier film remarqué dans plusieurs festivals, Louise Archambault a choisi, pour son deuxième film, de croiser son désir de parler du bonheur ressenti et donné par les membres d’une chorale avec une histoire d’amour entre deux jeunes adultes handicapés intellectuellement. Son choix le plus important a été de prendre Gabrielle Marion-Rivard pour interpréter le rôle principale : une jeune femme rencontrée à la chorale « Les Muses » et réellement atteinte du syndrome de Williams. En plus de son choix qui consistait à entremêler fiction et documentaire, Louise Archambault a pris le risque de se confronter à des séquences de totale improvisation. C’est ainsi que lorsque, Robert Charlebois, avec qui la chorale doit chanter au Mondial choral, arrive en pleine répétition, le groupe savait qu’il allait venir mais ignorait à quel moment : la véritable rencontre a été filmée et elle a été conservée telle quelle dans le montage final. Purement fictionnelles par contre, les scènes d’amour entre Gabrielle et Martin n’ont pas été pour la réalisatrice les scènes difficiles à tourner qu’elle devait craindre. En fait, elles ont même été pour Gabrielle les plus faciles à interpréter : bien aidée par Alexandre Landry , le comédien qui interprète Martin et par l’inhibition particulière générée par sa maladie, Gabrielle s’est en fait sentie plus à l’aise dans ces scènes que dans celles de la vie quotidienne, celles demandant non pas de la sensibilité mais de la coordination.

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De l’émotion mais aussi du remplissage

Si Gabrielle Marion-Rivard et la plupart des membres qu’on voit et qu’on entend chanter dans la chorale sont de véritables handicapés, le reste de la distribution est constitué de comédiens professionnels, la plus connue étant Mélissa Désormeaux-Poulin qui joue le rôle de Sophie, la sœur de Gabrielle et qui jouait dans Incendies de Denis Villeneuve, ainsi que dans Hors les murs de David Lambert. Concernant le rôle de Martin, Louise Archambault souhaitait au départ le faire interpréter par un acteur handicapé. N’en trouvant pas qui puisse travailler en osmose avec Gabrielle Marion-Rivard, elle a finalement jeté son dévolu sur Alexandre Landry, un comédien non handicapé. Choix judicieux dans la mesure où Gabrielle et Alexandre ont été en pleine complicité dès leur première rencontre ; dans la mesure, aussi, où Alexandre Landry arrive à faire vivre le handicap qu’il doit jouer sans se croire obligé d’en faire des tonnes. Dans ce film qui a obtenu le Prix du Public lors du dernier Festival de Locarno et qui représentera le Canada dans la course aux Oscars, il y a beaucoup d’émotion mais elle n’est jamais forcée et elle reste dans le domaine du raisonnable. Par contre, le film souffre de deux défauts dont un réservé aux francophones non canadiens. Tout d’abord, il y a finalement peu de matière dans le scénario et il faut reconnaître que cela a obligé la réalisatrice à faire pas mal de scènes redondantes et à combler avec des scènes de remplissage. Et puis, donc, il y a ce défaut qu’ont, malheureusement pour nous, de nombreux films canadiens francophones : l’accent canadien, très sympathique assurément, mais très souvent difficile à comprendre pour nous, habitants de l’hexagone. Certes, il y a de temps en temps les sous-titrage en français de ce qu’on entend, mais en fait, c’est probablement l’ensemble du film qu’il aurait été bon de sous-titrer. Sans vouloir être méchant, on en vient parfois à regretter que Gabrielle ne soit pas un film canadien anglophone, avec des sous-titres qui nous auraient permis de tout comprendre. En plus, à titre très personnel, avoir Leonard Cohen ou Neil Young à la place de Robert Charlebois aurait ajouté quelque chose au film !

Résumé

Gabrielle est sans conteste un film intéressant, réalisé avec beaucoup de doigté et, manifestement, avec beaucoup de passion. On peut toutefois regretter la présence de scènes redondantes et de scènes servant à remplir les vides laissés par un scénario finalement trop simple : deux handicapés intellectuels s’aiment d’amour et souhaitent vivre cet amour comme tout un chacun. Il y a aussi le problème de l’accent canadien qui, trop souvent, nous gène, nous français, dans la compréhension des dialogues.

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