Critique : Fremont (Deuxième avis)

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Fremont

États-Unis : 2023
Réalisation : Babak Jalali
Scénario : Carolina Cavalli ; Babak Jalali
Acteurs : Anaita Wali Zada, Gregg Turkington, Jeremy Allen White
Distribution : JHR Films
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h32
Date de sortie (FR): 6 Décembre 2023

3,5/5

Frémont, c’est l’histoire de Donya, d’origine afghane, ancienne traductrice immigrée aux États-Unis et travaillant dans une usine de gâteaux porte-bonheur. Pour raconter son errance, Babak Jalali choisit un ton humoristique “sec”, rafraîchissant et sans complaisance.

Le rythme du film, étonnamment tenu, laisse la part belle au silence et prend le parti pris de survoler la vie de Donya sans jamais prétendre la comprendre. Elle même, ne semble que survoler son quotidien et de ne chercher qu’à passer le temps.

Une distance assez subtile et élégante s’instaure entre le film et le public, tant Doya semble refuser d’être vraiment l’héroïne de l’histoire.

Frémont est également très drôle par moments, comme dans ces séquences hilarantes où un psy cherche à faire “confesser” Donya son traumatisme. Décu de ne pas obtenir la confession tant attendue, le médecin va se perdre dans des comparaisons bouffones entre Donya et Croc blanc, le loup du roman de Jack London.

C’est que Donya est  un peu marginale à l’intérieur même de son statut de marginalisée. Femme un peu distante, certes, mais surtout étrangère au rôle qu’on voudrait lui faire jouer, elle est la nuance incarnée dans ce sobre noir et blanc.

L’ambition du film se déploie doucement, sans effusions, avec les situations cocasses d’un quotidien ouvrier. Donya nous est présentée dans le faux rythme de sa vie, comme en suspension.

Quelle que soit l’image de soi qu’on construit pour les autres, beaucoup de gens ne se définissent pas dans une grande vocation à poursuivre ou un traumatisme à dépasser. Iels essaient simplement de trouver un équilibre  Et c’est très bien comme ça…

C’est là que Frémont réussit selon moi son pari. Celui de nous donner goût à s’amuser, avec Donya, de ce monde un peu pressé de mettre des grandes phrases sur des petits moments de la vie, au lieu de les apprécier simplement.

Synopsis: Donya, jeune réfugiée afghane de 20 ans, travaille pour une fabrique de Fortune Cookies à San Francisco. Ancienne traductrice pour l’armée américaine en Afghanistan, elle a du mal à dormir et se sent seule. Sa routine est bouleversée lorsque son patron lui confie la rédaction des messages et prédictions. Son désir s’éveille et elle décide d’envoyer un message spécial dans un des biscuits en laissant le destin agir…

Conclusion

C’est un spectacle inattendu et d’une grande rigueur que nous propose en fait Babak Jalali. Maîtrisant un film jamais ennuyeux et réussissant ces meilleures blagues, Frémont est l’écrin dans lequel se ballade tranquillement son héroïne, porte étendard d’une attitude discrète qui contraste avec tous les hurlements de l’époque. Sans révolution, un bel équilibre entre légèreté et satire tient le film, sans faiblir. Une belle bouffée d’air frais !

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