Critique : Folles de joie

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Folles de joie

folles de joie afficheItalie : 2016
Titre original : La Pazza Gioia
Réalisateur :  Paolo Virzì
Scénario : Francesca Archibugi, Paolo Virzì
Acteurs : Valeria Bruni Tedeschi, Micaela Ramazzotti, Bob Messini
Distribution : Bac Films
Durée : 1h56
Genre : Comédie Dramatique
Date de sortie : 8 juin 2016


Note : 3.5/5

A 52 ans, 12 long métrages au compteur, le réalisateur italien Paolo Virzi ne jouit pas d’une très grande notoriété dans notre pays. Dans sa production passée, on compte pourtant un certain nombre de films qui prouvaient qu’on pouvait toujours compter sur le cinéma italien : Catarina va en ville, Chaque jour que Dieu fait, Les opportunistes. Dans Les opportunistes, Valeria Bruni Tedeschi interprétait déjà le rôle principal et c’est lors du tournage de ce film que l’idée est venue à Paolo Virzi de réunir Micaela Ramazzotti, son épouse, et Valeria dans un film se déroulant dans l’univers psychiatrique. Folles de joie a permis à Paolo Verzi de faire ses premiers pas au Festival de Cannes, ce film faisant partie cette année de la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs.

 

Synopsis : Beatrice est une mythomane bavarde au comportement excessif. Donatella est une jeune femme tatouée, fragile et introvertie. Ces deux patientes de la Villa Biondi, une institution thérapeutique pour femmes sujettes à des troubles mentaux, se lient d’amitié. Une après-midi, elles décident de s’enfuir bien décidées à trouver un peu de bonheur dans cet asile de fous à ciel ouvert qu’est le monde des gens « sains».

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La réunion des contraires

Béatrice est-elle chez elle dans cette grande bâtisse au milieu de la campagne toscane ? C’est ce qu’on a tendance à croire au début du film lorsqu’on l’entend prétendre que cette propriété appartenait à sa famille, laquelle l’aurait donnée à l’Etat pour en faire une institution psychiatrique. Se considérant chez elle, Béatrice entend bénéficier d’un traitement de faveur. Problème : Béatrice est une grande mythomane atteinte d’un syndrome maniaco-dépressif aux épisodes maniaques beaucoup plus marqués que les épisodes dépressifs. Résultat : Béatrice est interdite de sortie, fût-ce même pour aller chez le coiffeur. Lorsque Donatella et ses tatouages débarquent dans l’institution, très vite un lien très fort s’établit entre Béatrice et cette jeune femme fragile et plutôt introvertie, aux tendances suicidaires. La réunion de ces deux femmes aux caractères opposés ayant donné au personnel soignant l’impression de résultats encourageants, une permission de sortie est accordée à Béatrice et Donatella, ce dont elles vont profiter pour s’évaporer dans la nature, pour aller de mère de l’une à mère de l’autre, de mari de l’une à ancien amoureux de l’autre et, surtout, pour permettre à Donatella de revoir son fils.

 

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Drôle et émouvant

Décider d’aborder au cinéma le thème de la folie représente toujours un risque, surtout lorsqu’on entend le faire en choisissant de … ne pas choisir entre le drame et la comédie. Le risque est grand, en effet, de verser d’un côté dans le pathos, de l’autre dans la caricature. Ce risque, Paolo Virzi l’a pris et, si on peut reprocher au film quelques longueurs, force est de reconnaître qu’il n’est tombé dans aucun des pièges qu’on pouvait, a priori, redouter. Dans Folles de joie, on rit souvent de bon cœur, mais, jamais, en ayant honte de ce rire. Dans Folles de joie, on est souvent ému, sans jamais avoir la sensation d’avoir été poussé à l’émotion par des effets faciles. Après un travail de documentation très important sur l’univers de la psychiatrie et avec l’aide de sa co-scénariste Francesca Archibugi, Paolo Virzi délivre un film à la fois drôle et digne qui tend à montrer que la frontière entre folie et normalité est parfois très ténue.

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Le choix judicieux des comédiennes

Pour arriver à ses fins, Paolo Virzi avait besoin de deux grandes comédiennes, capables, face à la caméra, de restituer sans excès les ambiguïtés de leurs personnages. A priori, on imaginait mal Valeria Bruni Tedeschi dans le rôle de Béatrice, une femme poussée à l’exubérance et à la volubilité par son grain de folie, son domaine de prédilection se situant plutôt dans des rôles de femme atone ou affétée, voire les deux à la fois. Eh bien, on se trompait : dans Folles de joie, elle fait preuve d’une énergie débordante, elle est formidable d’un bout à l’autre ! Quant à Micaela Ramazzotti, l’épouse du réalisateur, ses prestations précédentes montraient qu’elle pouvait être excellente (Mezzanotte, Question de cœur) mais aussi, parfois, peu convaincante (Ton absence). Dans Folles de joie, elle est au sommet de son art, arrivant à montrer sans ostentation la grande fêlure qui l’habite.

 

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Conclusion

Dans Folles de joie, c’est à la vision d’un combat livré par deux femmes quelque peu « fêlées » pour se fondre dans le monde des gens « normaux » que nous invite Paolo Virzi. Un sujet délicat à traiter dont le réalisateur italien se sort avec les honneurs, entre drame et comédie, entre rires et larmes, grâce, en particulier, à deux comédiennes parfaitement à l’aise dans leurs rôles de femmes pas très bien dans leurs têtes, amochées par la vie et les médicaments.

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