Critique Express : Un hiver à Yanji

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Un hiver à Yanji  

Chine : 2023
Titre original : Ran dong
Réalisation : Anthony Chen
Scénario : Anthony Chen
Interprètes : Zhou Dongyu, Liu Haoran, Chuxiao Qu
Distribution : Nour Films
Durée : 1h40
Genre : Drame
Date de sortie : 22 novembre 2023

2/5

Synopsis : C’est l’hiver à Yanji, une ville au nord de la Chine, à la frontière de la Corée. Venu de Shanghai pour un mariage, Haofeng s’y sent un peu perdu. Par hasard, il rencontre Nana, une jeune guide touristique qui le fascine. Elle lui présente Xiao, un ami cuisinier. Les trois se lient rapidement après une première soirée festive. Cette rencontre intense se poursuit, et les confronte à leur histoire et à leurs secrets. Leurs désirs endormis dégèlent alors lentement, comme les paysages et forêts enneigées du Mont Changbai.

Originaire de Singapour, Anthony Chen s’est fait connaître en 2007 en obtenant une mention spéciale au Festival de Cannes pour son court-métrage Ah Ma. 6 ans plus tard, son premier long métrage, Ilo Ilo, s’est vu décerné la Caméra d’Or, toujours à Cannes. Depuis, un seul long métrage de Anthony Chen, Wet Season, est sorti en salles dans notre pays, un film qui est resté très confidentiel. Il est très probable que Un hiver à Yanji, film de la sélection Un Certain Regard de Cannes 2023, va recueillir beaucoup plus de spectateurs, mais la question mérite d’être posée : combien, parmi ces spectateurs, ressortiront pleinement satisfaits de leur séance ? En effet, le réalisateur affirme qu’il a voulu très vite réaliser un film après la pandémie et, malheureusement, cela se voit : le « très vite » est devenu « trop vite ». Cela se traduit par l’absence d’un scénario solide. Certes, il y a une trame, avec la rencontre à Yanji, ville du nord de la Chine, de Li Haofeng, un jeune homme qui travaille dans la finance à Shanghai avec Nana, une jeune femme qui officie comme guide touristique auprès de touristes chinois et dont on devine qu’à cause d’un accident, elle est passée à côté d’une carrière prometteuse dans le patinage artistique. Ajoutons Han Xiao, un cuisinier, ami de Nana.

Le problème, c’est que, autour de cette colonne vertébrale qu’est cette trame, il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent : on a l’impression que ces 3 personnages, par ailleurs dépeints de façon beaucoup trop sommaire, improvisent les scènes qu’ils interprètent et qu’il y a beaucoup de remplissage sans grand intérêt pour arriver à délivrer un film de 100 minutes. Anthony Chen a toujours aimé Jules et Jim de François Truffaut, et il avoue s’être inspiré de ce film pour son histoire de trio composé de 2 hommes et une femme. Il ajoute qu’il faut voir dans la scène de la librairie un hommage à Bande à part de Jean-Luc Truffaut. Truffaut, Godard, la « Nouvelle Vague » du cinéma français : oui, on peut trouver une certaine similitude dans la liberté laissée aux interprètes, dans la sensation d’improvisation, entre Un hiver à Yanji et les films de la « Nouvelle vague », mais ces derniers ne présentaient que très rarement l’inconvénient d’être ennuyeux, ce qui est quand même souvent le cas dans Un hiver à Yanji. S’il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent concernant les relations qu’entretiennent entre eux les personnages de ce trio, à part une très belle scène sous la douche, les « à coté », eux, sont intéressants : la peinture hivernale de cette grande ville du nord-est de la Chine, proche de la Corée du Nord et dont la moitié de la population est d’origine coréenne, la beauté de la nature à proximité de cette ville, le tout étant magnifié par la très belle photographie de Yu Jing-Pin

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