Tout le monde aime Jeanne
France, Portugal : 2022
Titre original : –
Réalisation : Céline Devaux
Scénario : Céline Devaux
Interprètes : Blanche Gardin, Laurent Lafitte, Maxence Tual, Marthe Keller
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 1h35
Genre : Drame, Comédie, animation
Date de sortie : 7 septembre 2022
2.5/5
Synopsis : Tout le monde a toujours aimé Jeanne. Aujourd’hui, elle se déteste. Surendettée, elle doit se rendre à Lisbonne et mettre en vente l’appartement de sa mère disparue un an auparavant. À l’aéroport elle tombe sur Jean, un ancien camarade de lycée fantasque et quelque peu envahissant.
Un film sympathique mais qui ne décolle jamais vraiment
C’est vrai qu’elle avait tout pour être aimée, Jeanne ! Ne serait-ce que pour s’être investie dans la lutte contre la pollution des océans due aux déchets plastiques. C’est ainsi qu’elle a lancé Nausicaa, une start-up basée sur une technologie innovante. Les médias se sont intéressées à elle, jusqu’au jour où le premier essai grandeur nature a tourné à la catastrophe. La voici moquée sur les réseaux sociaux, la voilà financièrement au fond du gouffre, criblée de dettes. La voici qui finit par ne plus s’aimer elle-même. Et si le renflouage financier venait de la vente de l’appartement lisboète de Claudia, sa mère, décédée quelques mois auparavant, un appartement dont elle a hérité avec son frère Simon ?! Lisbonne, une ville que Jeanne a connue quand elle était adolescente, une ville où elle avait été en classe au lycée français avec Jean, qu’elle va rencontrer dans l’avion l’emmenant dans la capitale portugaise, une ville où elle avait eu une relation amoureuse avec Victor, aujourd’hui marié avec une institutrice de 27 ans et qui est le professeur de la chorale à laquelle participe Théo, la nièce de Jean.
On est d’accord : même si on est au cinéma, cette succession de hasards fait un peu artificiel ! Mais, que voulez-vous, pour son premier long métrage, Céline Devaux avait deux désirs forts : elle, qui n’a pas grandi en France, souhaitait parler d’expatriation, d’où l’appartement de Lisbonne ; elle voulait aussi parler de la dépression de façon plutôt joyeuse, d’où l’idée de faire se rencontrer Jeanne, une femme en train de tomber dans la dépression et Jean, un homme hâbleur et intrusif, un homme au comportement imprévisible, qui prétend être riche sans pour autant travailler, un homme parfaitement capable d’apprendre à sa jeune nièce comment voler dans les supermarchés, mais, attention, seulement dans les supermarchés, pas dans les petites boutiques. Dans ce contexte, on conçoit que le fait que Jeanne et Jean se soient connus dans une vie antérieure facilite le rapprochement dans l’avion vers Lisbonne !
Manifestement passionnée par le dessin, Céline Devaux a décidément du mal à abandonner cette appétence dans son activité cinématographique. C’est ainsi qu’après avoir réalisé plusieurs courts métrages d’animation, elle n’a commencé à utiliser des comédien.ne.s en chair et en os qu’avec Gros chagrin, couronné à Venise en 2017, un court métrage dans lequel cohabitaient des images d’animation avec le jeu de Swan Arlaud et de Victoire Du Bois. Dans Tout le monde aime Jeanne, Céline Delvaux persévère dans cette voie en introduisant régulièrement un petit fantôme animé qui dialogue avec Jeanne. Une idée intéressante car elle permet d’entendre Jeanne exprimer tout haut ses pensées intimes, en particulier ce qu’elle pense des hommes qu’elle rencontre. Toutefois, ce procédé devient lassant au bout d’un moment, alors que, utilisé avec plus de modération, ce même procédé fonctionne très bien de bout en bout dans Ninjababy, un film norvégien qui sortira mercredi 21 septembre.
Autre idée qui aurait pu être intéressante si elle avait été mieux exploitée : faire apparaitre la défunte Claudia à sa fille Jeanne. Mis à part le fait que cela permet de montrer à Jeanne que sa mère n’était pas telle qu’elle la « voyait », on regrette que cette idée n’ait pas été plus profondément utilisée. Malgré les prestations plutôt convaincantes de Blanche Gardin dans le rôle de Jeanne et de Laurent Lafitte dans celui de Jean, malgré le plaisir qu’on a toujours à retrouver Marthe Keller, Tout le monde aime Jeanne entre dans la catégorie des films sympathiques, plutôt drôles, mais qui, malheureusement, ne décollent jamais vraiment.