The summer with carmen
Grèce : 2023
Titre original : To kalokairi tis Karmen
Réalisation : Zacharias Mavroeidis
Scénario : Fondas Chalatsis, Zacharias Mavroeidis
Interprètes : Yorgos Tsiantoulas, Andreas Labropoulos, Roubini Vasilakopoulou
Distribution : Epicentre Films
Durée : 1h34
Genre : Comédie, Romance
Date de sortie : 19 juin 2024
3/5
Synopsis : Démos, un grec ténébreux à la sexualité débordante, passe son été sur les plages d’Athènes avec son ami de longue date, Nikitas. Ensemble, ils tentent d’écrire un scénario inspiré de leur vie tumultueuse, surtout celle du beau Démos, au cœur écorché par sa dernière rupture…
Une journée sur les rochers
Athènes est une des seules capitales européennes, voire la seule, où, à seulement 20 kilomètres du centre, on peut s’allonger, nu ou à moitié nu, sur des rochers chauffés par le soleil pour se consacrer à un tas d’activités différentes : rêvasser, plonger de temps en temps une tête dans la mer, travailler à l’écriture du scénario d’un film, et d’autres encore. C’est sur les rochers de la plage de Limanakia Beach, et, plus particulièrement, sur la partie naturiste et gay de la plage, accessible en bus depuis le centre d’Athènes, qu’on fait connaissance avec Demosthenes et Nikitas, deux amis dont on peut deviner que l’un d’entre eux aimerait que cette amitié aille encore plus loin. Demosthenes, 33 ans, barbu et nu, est un ancien acteur devenu fonctionnaire ; Nikitas, 27 ans, vêtu d’un maillot de bain et d’une paire de lunettes de soleil, cheveux entre rose et violet, originaire de l’île de Kastellórizo, l’île habitée la plus orientale de Grèce, est un ancien acteur devenu réalisateur. Nikitas a un producteur, Jean-Sébastien, qui lui a demandé de réaliser un film qui soit à la fois fun, sexy, grec et petit budget. Alors qu’autour d’eux se déroule ce qui se déroule sur ce genre de plage, alors que passe à côté d’eux un homme dont Demosthenes et Nikitas se demandent si c’est un gay de gauche ou un gay de droite, les deux amis cherchent à avancer dans l’écriture du scénario tout en remontant dans le passé de Demosthenes, lequel a beaucoup de mal à vivre sa séparation d’avec Panos, dont il est séparé après 4 ans de vie commune et avec lequel un chien, Carmen, est devenu une sorte d’objet transitionnel.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le réalisateur grec Zacharias Mavroeidis ne recule devant aucune audace, n’hésitant pas, par exemple, à proposer aux spectateurs de longues expositions de la nudité des corps masculins, ni même devant des scènes de rapports sexuels homosexuels montrés avec une crudité certaine, sans entrer pour autant dans la pornographie pure et dure. Dans ce contexte, ce qui est presque étonnant, c’est que The summer with Carmen n’est jamais racoleur. Beaucoup d’éléments participent à donner un côté radieux à ce qui aurait pu être plutôt glauque : la lumière grecque, bien entendu, mais aussi les touches d’humour dont le réalisateur a truffé son film, un humour discret, jamais lourd, mais aussi quelques dialogues à la fois drôles et très justes comme « toutes les mères ont déjà eu honte de leur enfant ! » ou « Mon père qui détestait les homos a eu un prêtre gay pour ses funérailles ». Et puis il y a ce côté très léger apporté par Zacharias Mavroeidis qui a manifestement choisi de réaliser un film qui ne se prenne pas au sérieux tout en étant très sérieux, un film qui nous parle du cinéma en commençant par nous détailler les règles d’or de la scénarisation, qui continue en étant découpé en 3 actes, qui énumère les scènes qui seront coupées, qui compare ce qui se passe au cinéma et ce qui se passe dans la vie réelle ( « Les films, ils nous font croire que les gens changent alors que c’est pas sûr » ) et qui se termine par la liste des messages adressés tout au long du film : tous les hétéros n’en ont pas l’air, toute mère a déjà eu honte de son enfant, la réalité n’est pas toujours réaliste, on est tous de pauvres tapettes, la connaissance de soi est une illusion et les bisexuels, ça existe. Pas de comédiens de grande notoriété dans ce film, ce qui ne nuit en rien à la qualité de l’interprétation.