Critique Express : Riposte féministe

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Riposte féministe

France : 2022
Titre original : –
Réalisation : Marie Perennès, Simon Depardon
Scénario : Marie Perennès, Simon Depardon
Interprètes : Marina Foïs (Voix)
Distribution : Wild Bunch Distribution
Durée : 1h27
Genre : Documentaire
Date de sortie : 9 novembre 2022

2.5/5

Synopsis : Élise à Brest, Alexia à Saint-Etienne, Cécile à Compiègne ou encore Jill à Marseille : elles sont des milliers de jeunes femmes à dénoncer les violences sexistes, le harcèlement de rue et les remarques machistes qu’elles subissent au quotidien. La nuit, armées de feuilles blanches et de peinture noire, elles collent des messages de soutien aux victimes et des slogans contre les féminicides. Certaines sont féministes de longue date, d’autres n’ont jamais milité, mais toutes se révoltent contre ces violences qui ont trop souvent bouleversé leurs vies. Le sexisme est partout, elles aussi !

 

Une cause juste, un choix insatisfaisant

Face aux violences sexuelles, face aux féminicides dont, il y a peu, on parlait très peu, voire pas du tout, face, plus généralement, au sexisme dont souffre notre société, un certain nombre de femmes, souvent jeunes, ont lancé, un peu partout, des collectifs dont une des actions consiste à utiliser des feuilles A4 sur lesquelles sont imprimées une ou deux lettres, des feuilles qui, collées sur des murs, les unes à côté des autres, forment des slogans dénonciateurs, souvent humoristiques, toujours incisifs. Un exemple entre mille : « Mon chien, quand je lui dis non, lui, au moins, il comprend ! ». Ces collages ont lieu le soir ou très tôt le matin, dans la joie et la bonne humeur. Les participantes, qui se définissent comme étant des colleur.euses, savent très bien que ce qu’elles affichent ne peut qu’être provisoire, que soit du fait des intempéries, de l’arrachage effectué par des personnes mécontentes ou sur décision des municipalités. Il n’empêche : éphémère ou pas, chaque slogan sera vu, ne serait-ce qu’une fois !

Bien entendu, l’action de ces collectifs ne se limite pas à ces collages : ils interviennent souvent en organisant des manifestations de soutien aux victimes de violences sexuelles ou de dénonciation de féminicides. A ce titre l’action la plus médiatisée a été celle qui a eu lieu sur le tapis rouge du dernier Festival de Cannes, où le film était projeté en séance spéciale de la sélection officielle : une immense banderole avec les noms des 129 victimes de féminicides en France  “depuis le dernier Festival de Cannes”, en juillet 2021, a été déployée sur le tapis rouge du Festival de Cannes par des membres du collectif, une scène immortalisée par le photographe Raymond Depardon. Par ailleurs, leur rejet du patriarcat va de pair avec une conscience écologiste et le rejet du racisme. Concernant la naissance, récente, de ces collectifs désormais très nombreux dans toute la France, on ne sera pas autrement surpris de voir Paris et Marseille se disputer, gentiment, la paternité, ou, plutôt, non, la … maternité. Un point important : ces collectif fonctionnent en mixité choisie, c’est-à-dire que les hommes cis (si vous avez besoin d’une traduction : les personnes de sexe masculin qui se considèrent comme étant de sexe masculin) ne sont pas acceptés. Dommage ? Normal ? Les deux à la fois, peut-être !

Interpelé.e.s par des collages réalisés dans leur quartier, Marie Perennès et Simon Depardon (Oui, il s’agit bien du fils de Raymond Depardon !) ont décidé de consacrer un film à ces collectifs. Un film cherchant à être irréprochable tant techniquement qu’esthétiquement, un film qui irait à la rencontre de ces militantes, que ce soit sous forme d’interviews ou en suivant leurs différentes actions, en particulier, des actions de collage. Concernant le volet technique et esthétique, rien à redire, c’est parfaitement réussi. Par contre, un choix devait être fait et ce n’est pas faire injure à la réalisatrice et au réalisateur que de d’affirmer, en toute honnêteté, que, malheureusement, ce n’est pas le bon choix qui a été fait : étant donné le grand nombre de collectifs existant en France, il était bien sûr exclu de les faire tous participer à ce documentaire. Marie Perennès et Simon Depardon en ont choisi une dizaine, répartis un peu partout dans l’hexagone, des collectifs de grandes villes et d’autres de petites cités,  et elle et lui ont consacré un temps à peu près égal à chacun d’entre eux. Résultat, beaucoup de redites, beaucoup de scènes qui se répètent de façon à peu près identiques. On peut penser que, pour l’intérêt des spectateurs, il aurait été préférable de se consacrer de façon approfondie à un seul collectif, peut-être deux, les autres n’intervenant que brièvement, à chaque fois pour une action bien particulière ou pour un court message inédit. En résumé, le sujet du film est important, la cause de ces militantes est juste, le film a de belles images, mais … .


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