Résistances – Quartiers lointains – Saison 8
Niger, Ethiopie, Sénégal, Egypte : 2024
Titre original : –
Réalisation : Amina Abdoulaye Mamani, Ruth Hunduma, Ramata-Toulaye Sy, Sameh Alaa
Scénario : Amina Abdoulaye Mamani, Ruth Hunduma, Ramata-Toulaye Sy, Sameh Alaa, Mohamed Fawzy
Distribution : Sudu Connexion
Durée : 1h22
Genre : Court-métrages, Drame, Documentaire
Date de sortie : 25 septembre 2024
3/5
Synopsis : Qu’ils soient basés au Nord ou à l’Ouest du continent, les protagonistes des quatres court-métrages de cette 8e saison de Quartiers Lointains abordent de manière politique et poétique plusieurs formes de ténacité et d’insurrection envers l’ordre établi.
On sait bien que les court-métrages sont les parents pauvres du cinéma. En effet, en dehors des festivals et de la télévision à des heures avancées dans la nuit, il est bien difficile d’en avoir l’accès alors que c’est bien souvent par la réalisation d’un ou de plusieurs court-métrages qu’ont commencé les carrières de la plupart des réalisatrices et des réalisateurs. On ne peut donc que remercier Quartiers lointains et Sudu Connexion d’avoir eu l’idée de réunir 4 court-métrages dans un film ayant au total la durée d’un long métrage, puis de le distribuer. Ces 4 court-métrages ont au moins 3 points communs : ils sont africains, ils durent chacun une vingtaine de minutes et ils racontent, chacun à sa façon, des résistances individuelles face à un ordre établi, qu’il soit religieux, politique ou sociétal. Le premier, L’envoyée de Dieu, nous vient du Niger et c’est un film d’une très grande force et à l’image somptueuse. Réalisé en 2023 par Amina Abdoulaye Mamani, il nous fait partager les interrogations d’une adolescente de 12 ans que des islamistes envoient, après lui avoir installée une ceinture d’explosifs autour de la taille, se faire sauter au milieu du marché local avec pour objectif de tuer le maximum de mécréants, dont, peut-être, sans doute, la mère de l’adolescente. Le deuxième, The Medallion, primé cette année à Clermont-Ferrand, est un documentaire que l’australo-éthiopienne Ruth Hunduma a consacré à ce que sa mère a vécu lors de la Terreur rouge éthiopienne, une violente campagne politique menée à la fin des années 70 par Mengistu Hailé Mariam, d’une durée de 2 ans et qui fut responsable de plus de 500 000 morts. Une période peu souvent évoquée, mais, comme le dit la mère de la réalisatrice : si 1 million de Noirs meurent en Afrique, tout le monde s’en fiche mais si un seul blanc meurt, on ne parle que de ça.
Le troisième court-métrage, Astel, a été réalisé au Sénégal par Ramata-Toulaye Sy et a obtenu en 2022 un Prix Spécial du Jury à Clermont-Ferrand. A la suite de ce court-métrage et dans le même environnement, la région de Fouta-Toro, au nord du Sénégal, Ramata-Toulaye Sy a réalisé Banel & Adama, un très beau premier long-métrage arrivé sur nos écrans durant l’été 2023. Astel raconte un moment clé dans la vie des jeunes filles, le film commençant par la très forte relation entre un père et sa fille de 13 ans et le basculement de celle-ci dans le monde des femmes. Une histoire universelle, mais qui, racontée dans l’univers des Peuls, cette ethnie de l’Afrique de l’Ouest et centrale, s’exprime bien plus à travers les regards, les corps et les mouvements des personnages, que par la parole. Les 3 premiers court-métrages de cette sélection ont été réalisés par des femmes et ont des femmes comme personnages principaux. Le 4ème, I am afraid to forget your face, a été réalisé par un homme, l’égyptien Sameh Alaa, et le personnage principal est un homme. Dans les conditions très particulières du Festival de Cannes 2020, particulièrement impacté par le COVID, ce film a obtenu la Palme d’or du court métrage. Sans jamais verser dans la caricature, ce film montre comment l’accoutrement exigé des femmes dans certaines régions du monde peut permettre à un homme de braver les interdits, par exemple en cas de deuil de l’être aimé.
