Critique Express : Queendom

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Queendom

France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Agniia Galdanova
Scénario : Agniia Galdanova
Interprètes : Jenna Marvin
Distribution : Next Film Distribution
Durée : 1h31
Genre : Documentaire
Date de sortie : 1er janvier 2025

3/5

Synopsis : Gena, artiste queer incomparable, bouscule les codes grâce à des tenues vestimentaires venues d’un autre monde, le sien. Cet artiste se promène dans les rues de Moscou et fait face à ses pantins autoritaires. Ses performances radicales ne laissent personne indifférent. Dans un pays où la démocratie est en danger, où le rejet de l’autre devient la normalité, où la peur nourrit les discours haineux, Gena n’abandonne jamais la lutte et continue de clamer, à sa façon, le droit à la différence.

Magadan, ville portuaire capitale de l’oblast de Magadan, une région de la Fédération de Russie située à l’est du pays, à près de 6000 kilomètres de Moscou, une région où règne un climat subarctique particulièrement rude. C’est là qu’il y a un peu plus de 20 ans est née Gennadiy Chebotarev, connue aujourd’hui sous le nom de Gena Marvin dans les pays anglo saxons et Jenna Marvin dans les pays francophones. Devenue très jeune orpheline de père et de mère, elle a été élevée par ses grand-parents. C’est à cette personnalité hors du commun qu’elle a suivie pendant trois ans que la réalisatrice Agniia Galdanova a décidé de consacrer un film documentaire long métrage. La première vision qu’on va avoir de  Gennadiy alors qu’elle sort d’une bâtisse de Magadan est accompagnée de l’appellation « Ma reine » que lui donne Yulia avec qui elle va se rendre dans un désert de glace afin de prendre des photos. Tenue blanche faite d’un long manteau recouvrant un justaucorps, chaussures à très, très haut talons, Gennadiy donne l’impression d’être un grand oiseau échassier. Plus tard, dans une autre tenue, très belle et particulièrement excentrique, c’est à une créature marine qu’elle ressemblera. De fait, depuis longtemps, Gennadiy qui ne connait pas la notion de genre, est devenue une artiste qui performe en drag quasiment en permanence. Cette artiste ne s’exprime pas verbalement, elle apparait, elle marche et ses tenues exubérantes et d’une grande beauté poétique font qu’elle attire les regards, parfois amusés, parfois réprobateurs, des personnes qu’elle est amenée à croiser. Autant dire que sa vie n’était pas des plus facile dans la Russie de Poutine, un pays devenu de plus en plus obscurantiste sur de nombreux sujets, un pays dans lequel  les autorités multiplient les mesures conservatrices contre les personnes LGBT+, un pays dans lequel porter un pin’s avec le drapeau arc-en-ciel peut vous envoyer en prison.

Dès le début du film on voit Gennadiy se faire sortir d’un supermarché parce que « sa lingerie se voit » ce qui perturbe l’ordre public  et qu’il y a des enfants et des personnes âgées dans le magasin. Il s’agit là de la version soft du rejet de la différence. Plus dur et plus dangereux est le rejet lorsque Gennadiy performe à Moscou. Gennadiy n’est pas mieux acceptée dans sa propre famille, du moins s’agissant de ce grand-père qui l’a élevée et qui aurait aimé qu’elle poursuive des études ou entre dans l’armée plutôt que de la voir accoutrée dans des tenues qu’il n’arrive pas à comprendre et se comporter de façon pour lui inexplicable. A côté du portrait de Gennadiy, Queendom, film dont on peut remarquer la grande qualité des images, tant au niveau des couleurs et de la lumière que de celui des cadrages, ne manque pas de nous donner des nouvelles de la Russie d’aujourd’hui, en nous invitant auprès de l’artiste dans une manifestation contre l’arrestation de Alexeï Navalny ainsi que dans une manifestation, bien entendu illégale, contre l’invasion de l’Ukraine au début de l’année 2022. La réalité russe du moment, c’est aussi, peut-être même surtout, ce panneau qu’on aperçoit et qui interroge : « Vous voulez réussir ? Choisissez le service militaire : stabilité, réalisation de soi, vie décente, statut social élevé ». Cette militarisation du pays et la circonscription qui l’accompagne ont poussé Jenna à quitter la Russie, un pays qui est devenu une véritable prison, un pays où les habitants « ont la peur dans l’ADN », et elle a choisi la France pour s’installer.

https://www.facebook.com/nextfilmdistribution/videos/590544443531810/

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