Critique Express : Pas un mot

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Pas un mot

Allemagne, France, Slovénie : 2023
Titre original : Kein wort
Réalisation : Hanna Slak
Scénario : Hanna Slak
Interprètes : Maren Eggert, Jona Levin Nicolai, Maryam Zaree, Marko Mandić
Distribution : Eurozoom
Durée : 1h27
Genre : Drame
Date de sortie : 9 octobre 2024

3.5/5

Synopsis : Nina mène une vie structurée, poursuivant une brillante carrière de cheffe d’orchestre à Munich. Lorsque son fils adolescent, Lars, a un étrange accident à l’école, elle décide de l’emmener dans leur maison de vacances sur la côte atlantique dans l’espoir de le comprendre et de retisser du lien. Dans cette nature sauvage en plein hiver, leur relation déjà fragile est poussée dans ses retranchements.

 

Cheffe d’orchestre en pleine répétition de la 5ème symphonie de Gustav Mahler à Münich, Nina Palcek se montre beaucoup moins sûre d’elle dans ses rapports avec son fils Lars, un adolescent mal dans sa peau, qu’avec les membres de l’orchestre et son entourage, affirmant par exemple de façon péremptoire que Yura, son assistante, n’est pas prête pour la remplacer lors des répétition. Alors que la date du concert se rapproche, un concert qui va représenter un tournant dans la carrière de Nina, les tourments de son fils vont la laisser face à un choix difficile : En pleine répétition, Julian, l’organisateur du concert, la prévient que Lars est tombé depuis une fenêtre de son lycée et qu’il souffre d’un traumatisme crânien, heureusement pas trop grave. Accident ? Tentative de suicide ? Même si elle semble plus préoccupée par son avenir professionnel que par l’éducation de son fils, elle est tout à fait consciente que Lars supporte mal le divorce récent de ses parents et, sans quelle sache quels étaient les rapports entre son fils et Carla, une fille de sa classe retrouvée brûlée vive dans des poubelles, elle se doute qu’il est sous le coup de sa disparition. Lorsque, à la demande de sa mère qui cherche à renouer avec son fils, Lars propose qu’ils aillent à Locmaria pour essayer de guérir ses tourments, Nina ne se sent pas la force de résister. Pourtant, Locmaria, c’est un village de Belle-île-en-mer, en Bretagne, c’est très loin, on est en plein hiver, une période durant laquelle les rotations de ferry sont parfois interrompues à cause de mauvaises conditions atmosphériques, et une telle escapade va empêcher Nina de diriger les répétitions durant de nombreux jours. Mais c’est là que Lars passait des vacances avec ses parents et c’est un endroit dont il garde de merveilleux souvenirs d’enfance. Là bas, la réparation d’un petit bateau pourrait peut-être les rapprocher.

Pas un mot n’est pas, loin de là, le premier film à nous faire rencontrer une mère célibataire quelque peu perturbée face à un adolescent mal dans sa peau, qui en veut à la terre entière et dont on peut penser qu’il n’est pas exempt de tendances suicidaires. Toutefois, Pas un mot, pour diverses raisons, arrive à se détacher par rapport à la grand majorité des films empruntant ce schéma bien connu. Il y a d’abord l’atmosphère générale du film, très froide, qui produit du début à la fin une grande tension chez le spectateur : les dialogues ne sont remplis d’aucune chaleur, les visages sont toujours fermés. Pour apporter l’émotion qui semble absente des rapports humains, il y a l’utilisation de la musique, avec de nombreux extraits de la 5ème symphonie de Mahler et les musiques originales de Amélie Legrand, une violoncelliste et compositrice française établie à Berlin. Il y a la beauté sauvage de Belle-île-en-mer, avec sa magnifique côte rocheuse, avec la marée, parfois haute, parfois basse, une représentation venant de la nature de l’évolution des rapports entre la mère et son fils. Il y a la mise en scène sans fioriture de Hanna Slak, une réalisatrice slovène établie en Allemagne et dont The miner, son premier long métrage, avait été retenu pour représenter la Slovénie aux Oscars de 2018. Il y a la prestation de Maren Eggert, l’interprète de Nina, ce mélange de force et de fragilité, remarquable et remarquée dans Je suis ton homme de Maria Schrader et dans les films qu’elle a tournés sous la direction de Angela Schanelec,  ainsi que celle de Jona Levin Nicolai, l’interprète de Lars. il y a le travail somptueux à la lumière et à l’image de la directrice de la photographie, la française Claire Mathon. Tout cela contribue à faire de Pas un mot un film très international qui sort de l’ordinaire malgré un point de départ somme toute très banal.

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