Critique Express : Oxana

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Oxana

France : 2025
Titre original : –
Réalisation : Charlène Favier
Scénario : Charlène Favier, Antoine Lacomblez, Diane Brasseur
Interprètes : Albina Korzh, Maryna Koshkina, Lada Korovai
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 1h43
Genre : Biopic, drame
Date de sortie : 16 avril 2025

3.5/5

Synopsis : Ukraine, 2008. La jeune Oxana et son groupe d’amies multiplient les actions, slogans peints sur le corps et couronnes de fleurs dans les cheveux, contre un gouvernement arbitraire et corrompu. C’est la naissance d’un des mouvements les plus importants du XXIe siècle : FEMEN. Réfugiée politique, artiste, activiste, Oxana franchira les frontières et militera sans relâche pour les droits des femmes et la liberté, jusqu’à risquer sa propre vie.

 

Je suis une réfugiée politique, une artiste, une activiste et une sextrémiste. C’est ainsi que se présente Oksana Chatchko lorsqu’elle arrive en France, en 2013. C’est ce qu’a vécu durant une  quinzaine d’années cette ukrainienne originaire de la ville de Khmelnytskyï, située à près de 300 kilomètes au sud-ouest de Kiev, que la réalisatrice française Charlène Favier a choisi pour nous raconter l’histoire du mouvement Femen dont elle a été une des fondatrices.  Personnage complexe que cette Oksana/Oxana : née en 1987 d’une mère très pieuse et d’un père qui va vite devenir alcoolique lorsque la chute de l’URSS va lui faire perdre son travail, elle se découvre très vite des talents de peintre, des talents qu’elle exploite dès l’âge de 10 ans en peignant et en vendant des icônes pour des baptêmes ou des mariages. Un moment tentée par une entrée au couvent, ce dont sa mère la dissuade,  Oxana va ensuite, tout en continuant à peindre des icônes, perdre la foi en la religion orthodoxe, alors que sa foi pour le communisme se prolongera plus longtemps. Toutefois, très vite, c’est la révolution sous des couleurs féministes qui va devenir sa lutte prioritaire. Une lutte commencée localement, à Khmelnytskyï, contre le patriarcat endémique qui y règne, contre la corruption des médecins de l’hôpital de la ville qui a entrainé la mort de de quatre femmes par manque de soins. C’est à l’université de Khmelnytskyï qu’elle va faire la connaissance de Anna Hutsol et de Oleksandra Chevtchenko[ avec qui elle va, en 2008, fonder le mouvement Femen, le nom étant apparu à la suite d’un long remue-méninges. C’est elle qui va lancer l’idée de peindre leurs slogans sur leurs poitrines dénudées. Prenant de plus en plus d’ampleur, le mouvement va se déplacer vers Kiev et se battre contre la prostitution qui gangrène le pays, avant de devenir un mouvement international avec la nécessité pour ces activistes de quitter l’Ukraine pour des raisons de sécurité, avec, aussi, des dérives de la part de Inna,  l’une des leaders du mouvement, une femme calculatrice et avide de pouvoir, loin d’avoir les idéaux de pureté et d’intégrité d’Oksana.

Plutôt qu’une relation chronologique de ce qui s’est passé pour Oksana entre le début des années 2000 et le 23 juillet 2018, Charlène Favier a opté pour de nombreux aller-retours entre les évènements importants de cette journée parisienne du 23 juillet 2018 et les moments les plus intéressants de la vie d’Oksana. Heureusement pour les spectateurs, le lieu et la date de l’évènement sont clairement annoncé(e)s au début de chaque nouvelle scène. Comme Lyz dans Slalom, le premier long métrage de Charlène Favier sorti il y a 4 ans, Oksana apparait comme étant une combattante, fruit d’un mélange de force et de fragilité, face à un monde hostile. A noter qu’on retrouve Noée Abita, l’interprète de Lys, dans le rôle d’Apolonia Sokol, une jeune artiste qui est devenue la meilleure amie d’Oksana à Paris. Doit on le regretter ou pas ? :  s’intéressant surtout à Oksana, la réalisatrice a choisi de ne pas s’attarder sur le personnage d’Inna Chevtchenko dont le goût du pouvoir a, pour beaucoup, nui au mouvement des Femen. Quant à Viktor Sviatski, un ami d’enfance de Anna Hutsol, parfois présenté comme étant l’idéologue des Femen, voire même le véritable fondateur du mouvement, il n’en est jamais question dans le film. En tout cas, Oxana montre que, depuis Slalom, Charlène Favier a réalisé de gros progrès dans sa mise en scène. Quant à Albina Korzh, quasi débutante devant la caméra, elle est remarquable dans le rôle d’Oksana.

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