Critique Express : O Corno, une histoire de femmes

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O Corno – une histoire de femmes 

Espagne, Portugal : 2023
Titre original : –
Réalisation : Jaione Camborda
Scénario : Jaione Camborda
Interprètes : Janet Novás, Julia Gomez, Nuria Lestegás
Distribution : Epicentre Films
Durée : 1h45
Genre : Drame
Date de sortie : 27 mars 2024

3/5

Synopsis : 1971, Espagne franquiste. Dans la campagne galicienne, María assiste les femmes qui accouchent et plus occasionnellement celles qui ne veulent pas avoir d’enfant. Après avoir tenté d’aider une jeune femme, elle est contrainte de fuir le pays en laissant tout derrière elle. Au cours de son périlleux voyage au Portugal, María rencontre la solidarité féminine et se rend compte qu’elle n’est pas seule et qu’elle pourrait enfin retrouver sa liberté…

1971 : cela fait 35 ans que Francisco Franco exerce son pouvoir dictatorial en Espagne et le pays continue de baigner de façon prononcée dans le patriarcat et la bigoterie. Dans ces conditions, il ne fait pas bon d’être accusé de pratiquer des avortements clandestins. C’est ce qui arrive à Maria qui, dans l’île d’Arousa, en Galice, au nord-ouest de l’Espagne, pratique aussi bien les accouchements que les avortements, en plus de son activité de pêcheuse de moules. Une accusion d’autant plus grave que Luisa, la dernière jeune fille ayant fait appel à ses services, n’a pas survécu à la tentative d’avortement. Prévenue par une amie de l’arrivée toute proche de la « guardia civil », Maria se voit contrainte de fuir son île et son pays pour aller se réfugier de l’autre côté du fleuve Minho, au Portugal.

On regrette que ce deuxième long métrage de la réalisatrice basque Jaione Camborda peine à vraiment démarrer et fasse un peu trop de place à une certaine complaisance, ne serait-ce que par la durée des scènes, dans la description des souffrances physiques subies par les femmes que ce soit lors d’un accouchement ou d’un avortement, des souffrances dont on comprend parfaitement qu’elles puissent se ressembler dans la mesure où, dans les deux cas, il s’agit d’expulsion depuis le corps d’une femme. On le regrette d’autant plus que, par ailleurs, le film présente des qualités évidentes pour parler du sujet important de l’avortement dans une époque où, un peu partout dans le monde, on constate la remise en question de sa légalisation : la mise en lumière du phénomène de sororité qui amène des femmes d’horizons, de pays, de cultures différent(e)s  à s’entraider sans se poser de question ; la très grande qualité de la photographie due au portugais Rui Poças, avec une très belle lumière et de magnifiques gros plans sur les visages féminins ; le jeu très intense de Janet Novás, l’interprète de Maria, une danseuse de métier dont c’est la première apparition sur un écran de cinéma et qui s’est vue attribuer pour ce rôle, très récemment, le Goya de la meilleure espoir féminine ; une utilisation intelligente du hors-champ. Dans ce film où on entend très peu de musique, on parle castillan, galicien et portugais. Par ailleurs on peut se poser la question de la signification du titre O Corno et s’interroger sur un avortement clandestin très différent de ce qu’on voit d’habitude, avec utilisation d’aiguilles à tricoter ou de cintres. En fait, la réponse à ces deux interrogations est commune : en galicien, le mot « corno » désigne l’ergot du seigle, qui, utilisé en infusion, peut arriver à provoquer un avortement.

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