Critique Express : Mon milieu

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Mon milieu

France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Milo Chiarini
Scénario : Milo Chiarini
Interprètes : Milo Chiarini, Nicolas Morazzani, Sabrina Nouchi  
Distribution :KapFilms
Durée : 1h59
Genre : Drame
Date de sortie : 19 juin 2024

4/5

Synopsis : Mon Milieu, c’est l’histoire de Nico. Après 20 ans de prison, il retrouve la liberté, sa famille, ses amis et doit faire face aux difficultés qu’entraîne une longue absence parmi les siens. Les liens forts avec ses amis d’enfance maintenant figures du grand banditisme marseillais vont mettre à mal sa volonté d’avoir une vie normale, et de rattraper le temps perdu…

C’est à 19 ans que Nico est entré en prison, c’est à 40 ans qu’il en sort, accueilli par Titi, son ami de toujours. Ce qu’il considère comme étant une erreur de jeunesse est à l’origine de ce long séjour carcéral : 3 hommes qu’il a tués, sans véritable raison sauf celle de jouer au caïd dans son quartier. Durant toute cette période, il n’a jamais demandé de permission, pas même pour assister aux obsèques de son père. Lorsqu’il a commencé son séjour en prison, il n’avait pas son permis de conduire : il ne sait toujours pas conduire. Lorsqu’il a commencé son séjour en prison, il était vierge : il l’est toujours. Quant à savoir se servir d’un téléphone portable, il lui faut tout apprendre. La première requête que Nico adresse à Titi, c’est que ce dernier l’emmène voir la mer. La deuxième, c’est qu’il le conduise auprès de Maria, sa mère, et de Clara, sa jeune sœur qu’il n’a pas vu grandir. Sinon, il n’a qu’une idée en tête : tout faire pour ne pas se retrouver à nouveau en prison, un jour ou l’autre. Son credo est le suivant : j’ai besoin de rien. Mais est-il si facile de ne pas se retrouver mêlé à des embrouilles lorsque Anthony, son propre frère, lorsque Titi,  son meilleur ami, deux hommes avec lesquels Nico aimerait rattraper le temps perdu, sont devenus des membres du grand banditisme marseillais, alors même qu’il tombe amoureux de Nora, la sœur de Djama, un des chefs de clan de ce milieu, entraînant la jalousie de Hakim, homme de main de Djama qui en pince pour elle ? Que faire lorsqu’on vous dit : « un calibre, il vaut mieux en avoir un et ne jamais avoir à s’en servir que l’inverse » ? Et puis, malgré cette attitude pleine de zénitude que Nico s’efforce d’adopter depuis sa sortie de prison, il ne peut pas, dans certaines circonstances, s’empêcher de tomber dans la violence la plus extrême.

Mon milieu est le 3ème film de Milo Chiarini mais c’est le premier à avoir une sortie nationale. Une sortie qui sera très probablement très discrète, ce que l’on ne manquera pas de regretter tellement ce Roméo et Juliette des cités marseillaises, entre corses et arabes, regorge de qualités. Bien souvent, trop souvent, les films qui nous entraînent dans les gangs des cités sont tonitruants, plein d’hémoglobine tout en étant accompagnés d’une musique omniprésente, le plus souvent, aujourd’hui, à base de rap. Contrairement à ce que pourrait laisser croire la bande-annonce, rien de tout cela dans Mon milieu : certes, on y trouve quelques scènes de fusillades mais elles sont rares, elles ne durent pas longtemps et elles ne sont pas complaisantes. L’utilisation d’une musique d’accompagnement est absolument homéopathique et cela contribue à donner une grande tension à la plupart des scènes. Quand on va voir un film se déroulant dans le milieu du grand banditisme et qu’on ne fait pas partie de ce milieu, ce qui est le cas de la très grande majorité des spectateurs, on se demande toujours si on peut accorder un certain crédit à ce que l’on voit et, même si on apprécie le film, il arrive souvent qu’on soit très circonspect à ce sujet. Eh bien, il y a de fortes chances que la très grande majorité des spectateurs va croire à ce qu’ils auront vu et entendu dans Mon milieu.  Ce que le réalisateur excelle à faire, c’est à nous faire entrer dans la psychologie des personnages, des personnages qui s’avèrent tourmentés, mal dans leur peau et il le fait de façon feutrée, sans qu’on ressente une quelconque exagération dans les dialogues et dans cette plongée dans l’intime. Quant aux interprètes, on ne trouve aucune grande star « bankable » parmi eux mais, toutes et tous, par le fait justement qu’on ne puisse pas mettre un nom d’interprète sur leurs personnages et par le caractère de véracité qu’ils et elles dégagent, contribuent grandement à écarter le film du tout-venant en matière de polar des cités. Cela est d’ailleurs à la source d’un petit défaut qui n’a heureusement rien de rédhibitoire : il y a parfois des bribes de dialogue que l’on peut avoir du mal à parfaitement comprendre. Dans cette distribution très attachante, on mettra particulièrement en avant Milo Chiarini, le réalisateur du film, exceptionnel de justesse dans le rôle de Nico, ainsi que Sabrina Mouchi très convaincante dans le rôle de Nora.

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