Ma vie est un défi
Suisse : 2022
Titre original : –
Réalisation : Stephan Rytz
Interprètes : Yves Auberson, Alain Auberson, Christine Brandt-Tripet
Distribution : Jupiter Films
Durée : 1h24
Genre : Documentaire
Date de sortie : 23 août 2023
3.5/5
Synopsis : Ex-golfeur professionnel, Yves Auberson est atteint de la maladie de Parkinson depuis l’âge de 35 ans. Souvent considérée comme la maladie du vieillissement, elle touche aujourd’hui toujours plus de jeunes patients. Pourtant, Yves n’a aucun antécédent familial et rien ne laissait présager qu’un tel diagnostic allait être posé.
Alors qu’il est fortement handicapé par la dyskinésie, Yves s’est lancé le défi de faire le tour des Alpes suisses en parcourant plus de 1000 km à pied afin de démontrer que le Parkinson ne le condamne pas à l’inactivité.
À travers un témoignage poignant et unique, ce film part à l’aventure avec Yves pour nous faire découvrir son histoire et ses 15 ans de combat contre les symptômes du Parkinson qui ont complètement changé sa vie.
Un circuit de 1122 kilomètres dans les Alpes suisses, des kilomètres parcourus à pied en 60 étapes sur 83 jours, le plus souvent sur des sentiers de montagne, avec 40 cols à gravir, un total de 60 000 mètres de dénivelé, avec, entre autres, une étape affichant 1400 mètres de dénivelée positive : pas mal pour un quinquagénaire ! Un véritable exploit lorsqu’on sait que ce quinquagénaire souffrait de la maladie de Parkinson depuis 15 ans lorsqu’il a entrepris ce périple. Cet homme, Yves Auberson, celles et ceux qui regardent régulièrement Stade2 à la télévision s’en souviennent sans doute car cette émission s’est intéressée à lui à 2 reprises en 2021. En se lançant ce défi, Yves Auberson avait pour objectif de sensibiliser un large public sur la maladie qui le frappait en montrant qu’une activité sportive avait pour effet de favoriser le ralentissement de l’évolution de cette maladie. Pour réaliser cet objectif, le défi était indispensable mais le médiatiser au travers d’un film l’était tout autant. C’est pourquoi Yves Auberson s’est adressé à Stephan Rytz, un réalisateur de documentaires suisse dont la maman était elle-même touchée par le Parkinson.
Né en mars 1969 de parents ayant été tous les deux des joueurs de tennis de haut niveau, Yves Auberson a toute sa vie pratiqué de nombreux sports, dont le golf qu’il pratiqua en tant que professionnel pendant 8 ans, dont la participation à des trails au début des années 2000. C’est en 2004 que les premiers symptômes de sa maladie sont apparus : tremblement du bras, perte de l’odorat et état dépressif. Une visite à un neurologue va confirmer qu’il s’agit bien de la maladie de Parkinson. 2019 : Yves Auberson a 50 ans, dont 15 ans de vie commune avec Parkinson. C’est cette année là qu’il se lance le défi qui va faire l’objet du film de Stephan Rytz. Un défi qui, certes, va être perturbé par la pandémie, mais qui va pouvoir se dérouler du 4 juillet 2020 au 26 septembre 2020, avec départ et arrivée à Montreux, chaque fois au milieu des ses amis et de sa famille.
Si le film débute par des évènements de type ménagers, tels que difficultés pour remplir son chariot de course ou pour faire la cuisine alors qu’Yves Auberson aime cuisiner, interview de Maya, sa maman, il va rapidement s’orienter vers le périple entrepris par Yves au milieu de paysages somptueux. C’est là où le film est particulièrement habile : faire parler Yves de sa maladie, du comportement de ses amis, ceux qui lui sont restés fidèles, ceux qui l’ont abandonné (« L’avantage d’une telle maladie, c’est que ça permet de faire le tri ! »), faire parler ses amis et des membres de sa famille sur la façon dont ils perçoivent la force de caractère d’Yves, tous ces intervenants étant confortablement assis dans des lieux fermés, eut été bien sûr fort intéressant à écouter mais quand, en plus, ces paroles sont accompagnées d’images de paysages absolument magnifiques, le film, c’est indéniable, prend une toute autre ampleur. En fait, Ma vie est un défi est à la fois un documentaire passionnant et bouleversant sur Yves et sur la maladie de Parkinson et un magnifique documentaire visuel sur les Alpes suisses, avec, entre autre, utilisation de drones.
En voyant le film, on peut avoir l’impression qu’Yves Auberson a très souvent été accompagné lors de son périple : par son frère Alain, par Youri, son ami d’enfance, par Christine, sa meilleure amie, par Arno, son fils, et, bien sûr, par la petite équipe chargée de le filmer. Il n’en est rien : l’équipe du film est loin de l’avoir suivi tout du long et le total des durées durant lesquelles Yves avait à ses côtés un accompagnateur ne représente qu’un faible pourcentage du temps total passé à crapahuter ou à se reposer. C’est donc le plus souvent seul qu’il a marché, qu’il est tombé, qu’il s’est relevé. Une de ses chutes a d’ailleurs entrainé un passage dans un hôpital et un repos forcé de quelques jours retardant sa progression. Par contre, Yves, heureusement, pouvait bénéficier d’un accompagnement matériel ne serait-ce que pour lui permettre de trouver tout au long du parcours les médicaments dont il a quotidiennement besoin : en tout 1800 pilules pour ces 83 jours ! Parmi tout ce que nous dit Yves sur Parkinson, il y a une hypothèse qu’il soulève et qui n’est en rien anodine : il est arrivé à la conclusion que la maladie neurologique qu’est Parkinson lui est tombée dessus du fait des pesticides et des engrais qui sont utilisés en grande quantité sur les parcours de golf. Une hypothèse à comparer à tout ce que vous pourrez lire sur Internet si vous tapez Parkinson + golf sur un moteur de recherche, des textes nombreux et unanimes pour conseiller la pratique du golf à toutes les personnes touchées par la maladie de Parkinson !! Si le film nous apprend que Yves a subi une opération consistant à la pose d’implants dans le cerveau peu de temps après sa randonnée alpestre, il y a un fait qu’il ne pouvait pas raconter, le film étant terminé lorsqu’il a eu lieu : Yves Auberson s’est éteint le 6 avril 2023 !