Les Harkis
France, Belgique : 2022
Titre original : –
Réalisation : Philippe Faucon
Scénario : Philippe Faucon, Yasmina Nini-Faucon, Samir Benyala
Interprètes : Théo Cholbi, Mohamed Mouffok, Pierre Lottin
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 1h22
Genre : Drame, Historique
Date de sortie : 12 octobre 2022
3.5/5
Synopsis : Fin des années 50, début des années 60, la guerre d’Algérie se prolonge. Salah, Kaddour et d’autres jeunes Algériens sans ressources rejoignent l’armée française, en tant que harkis. Á leur tête, le lieutenant Pascal. L’issue du conflit laisse prévoir l’indépendance prochaine de l’Algérie. Le sort des harkis paraît très incertain. Pascal s’oppose à sa hiérarchie pour obtenir le rapatriement en France de tous les hommes de son unité.
Un film honnête et nuancé sur un sujet délicat
60 ans après, le sujet des Harkis est toujours aussi brulant. Considérés par certains, aussi bien en France qu’en Algérie, comme des traitres à leur patrie, ces supplétifs de l’armée française ont été très nombreux à être honteusement abandonnés par la France à la fin du conflit ou, pour les plus chanceux, parqués avec leur famille, pendant de nombreuses années, dans des camps de transit. Il a donc fallu un courage certain à Philippe Faucon pour se lancer dans un film racontant l’histoire des Harkis dans un film de fiction. Mais, du courage, Philippe Faucon n’en a jamais manqué et, lui dont la filmographie s’est très souvent montrée concernée par le phénomène de l’immigration, se devait de s’intéresser un jour à cette tragédie qui fait tache dans notre histoire nationale, quitte à recevoir des échos défavorables aussi bien en Algérie qu’en France. Dans Les Harkis, coproduit par les frères Dardenne et présenté en mai dernier à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes, l’histoire se déroule sur trois périodes des trois dernières années de ce que, à l’époque, on appelait les « évènements d’Algérie » (ce n’est qu’en 1999 que l’expression « guerre d’Algérie » a été officiellement adoptée dans notre pays) et tourne autour de trois personnages principaux. Septembre 1959, intégration des supplétifs algériens du film dans une de ces formations paramilitaires appelées harka, des supplétifs à qui on explique que la France est en Algérie pour toujours. Au même moment, le Président de la République française, le général De Gaulle évoque pour la première fois le principe de l’autodétermination. Juin 1960, des tentatives de pourparlers sont entamées entre des émissaires français et des représentants du FLN, alors que, peu auparavant, De Gaulle a parlé pour la première fois d’Algérie algérienne. 1962, le cessez-le-feu a été signé, les harkis sont désarmés, le piège bâti sur des mensonges s’est refermé sur eux. Que vont-ils devenir ?
Quant aux trois personnages principaux, un est français et deux sont algériens : Pascal, un jeune lieutenant, Salah et Krimou. Chacun a sa propre conception des évènements qu’ils sont en train de vivre. Pascal a toujours cherché à se comporter de façon humaine avec ses « hommes » et, en particulier, il va tout faire à l’issue du conflit pour qu’ils puissent rejoindre la France. Pas facile lorsque, au sommet de l’état français, on trouve, qu’avec leurs familles, ces supplétifs sont trop nombreux pour qu’on puisse tous les accueillir et qu’on fait tout, jusqu’à utiliser l’illettrisme de la plupart d’entre eux, pour faire le tri parmi eux. Concernant Salah et Krimou, ils ont été choisis par le réalisateur pour représenter deux catégories d’algériens ayant suivi des chemins différents pour devenir des supplétifs de l’armée française. Salah fait partie de ces paysans algériens que la guerre empêchait de travailler leur terre et, qui, sans avoir un sentiment pro-français particulièrement ancré en eux, mais, tout simplement, pour des raisons de survie économique, ont fait le choix de porter les armes du côté français. D’autres étaient d’autant plus enclins à faire ce choix que certains de leurs proches avaient été assassinés par le FLN. Le FLN, Krimou, lui en avait fait partie mais, ayant parlé sous la torture, il n’avait plus qu’une seule issue, rejoindre le camp français. Comme toujours chez Philippe Faucon, le rythme est nerveux et les ellipses nombreuses, ce qui donne un film de 82 minutes qui nous dit beaucoup plus de choses que de nombreux films de 120 minutes ou plus. En plus, Philippe Faucon se montre nuancé dans son propos, il fait la part des choses sans manichéisme : montrant aussi bien une scène de torture à la gégène commise par l’armée française que des assassinats sanglants commis par le FLN, ne cachant pas que l’entrainement militaire des harkis était très sommaire et que, comme le dit la mère de Salah à son fils, « Ils envoient nos hommes les premiers, parce qu’ils cherchent à épargner les leurs ».
Le journaliste ne doit pas connaître l’histoire de la guerre d’Algérie et propage malgré lui la propagande des généraux d’Alger. Votre article va très mal vieillir… je vous aurais prévenu