Critique Express : Les damnés

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Les damnés

Belgique, Canada, France, Italie, U.S.A. : 2024
Titre original : –
Réalisation : Roberto Minervini
Scénario : Roberto Minervini
Interprètes : René W. Solomon, Jeremiah Knupp, Cuyler Ballenger
Distribution : Les Films du Losange
Durée : 1h29
Genre : Historique, Guerre
Date de sortie : 12 février 2025

3/5

Synopsis : Hiver 1862. Pendant la guerre de Sécession, l’armée des Etats-Unis envoie à l’Ouest une compagnie de volontaires pour effectuer une patrouille dans des régions inexplorées. Alors que leur mission change de cap, ils questionnent le sens de leur engagement.

Un film de guerre différent

Connu comme documentariste n’hésitant pas à introduire des éléments fictionnels dans ses films, le réalisateur italien Roberto Minervini peut donner l’impression d’avoir écrit un scénario d’une grande pauvreté lorsqu’on regarde Les damnés, son premier véritable film de fiction. « Il peut donner l’impression » car la vérité est toute autre. En fait, Les damnés, qui s’est vu décerner le Prix de la mise en scène de la Sélection Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes, est typiquement le genre de film sur lequel la même personne peut porter un jugement totalement différent selon son état lorsqu’elle voit le film : elle se montrera probablement très négative si elle est fatiguée, si elle a du mal à se concentrer et, au contraire, peut-être, voire sans doute, plutôt enthousiaste si elle est en pleine forme.

C’est vrai qu’il ne se passe pas grand chose dans cette peinture d’un groupe de soldats de l’armée des Etats-Unis envoyés en 1862 dans les terres inexplorées de l’ouest : on rencontre des soldats qui discutent entre eux, de religion en particulier, des soldats qui jouent aux cartes, des soldats qui s’entrainent au base-ball avec des équipements de fortune. A deux reprises, une escarmouche fait des dégâts parmi les militaires et leurs chevaux. L’ennemi ? On ne le voit jamais. Cette vision de la guerre, une vision proche de celle qui se dégage de « Le désert des tartares » de Dino Buzzati, c’est précisément celle, à l’opposé de celle que l’on retrouve dans la plupart des films de guerre, que le réalisateur tenait à nous proposer : des soldats qui ne savent pas pourquoi ils sont là, des anti-héros qui s’ennuient, qui doutent, qui s’avèrent découragés, face à un ennemi qu’on leur a désigné mais qu’ils ne voient pas. Y a-t-il moyen plus fort de montrer le caractère inhumain des guerres et la « connerie » qu’elle représente,  comme l’a écrit Jacques Prévert ? Tourné dans les magnifiques paysages du Montana, magnifiquement filmé par le mexicain Carlos Alfonso Corral, Les damnés s’avère d’autant plus « vrai » que les dialogues ont été élaborés par les interprètes eux-mêmes, lors d’une période de préparation qui a duré un mois.

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