Critique Express : Les barbares

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Les barbares

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Julie Delpy
Scénario : Julie Delpy, Matthieu Rumani, Nicolas Slomka, Elsa Domenach
Interprètes : Julie Delpy, Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h41
Genre : Comédie
Date de sortie : 18 septembre 2024

4/5

Synopsis : A Paimpont, l’harmonie règne : parmi les habitants, il y a Joëlle – l’institutrice donneuse de leçons, Anne – la propriétaire de la supérette portée sur l’apéro, Hervé – le plombier alsacien plus breton que les Bretons, ou encore Johnny – le garde-champêtre fan de… Johnny. Dans un grand élan de solidarité, ils acceptent avec enthousiasme de voter l’accueil de réfugiés ukrainiens. Sauf que les réfugiés qui débarquent ne sont pas ukrainiens… mais syriens ! Et certains, dans ce charmant petit village breton, ne voient pas l’arrivée de leurs nouveaux voisins d’un très bon œil. Alors, au bout du compte, c’est qui les barbares ?

 

On était en droit de se demander ce que Julie Delpy, une réalisatrice française vivant aux Etats-Unis, allait pouvoir faire en se lançant tout feu tout flamme sur les traces du Ken Loach de The old oak. Eh bien, elle allait tout bêtement réaliser un film qu’on déguste avec délectation, un film qui, certes, est loin d’apporter une révolution d’un point de vue purement cinématographique mais qui, à la sortie de la salle, permet de dire à d’autres personnes ou de se dire in petto : qu’est ce que c’est jouissif de passer du rire aux larmes ou vice versa en l’espace de quelques secondes ! Le point de départ du film est d’une grande simplicité : le conseil municipal de Paimpont, bourgade bretonne qui, d’après Wikipédia, comptait 1781 habitants en 2021, a voté à l’unanimité l’accueil de migrants ukrainiens. Manque de chance : les réfugiés ukrainiens ont eu tellement de succès qu’il n’en reste plus. Arrive à la place une famille de 6 syriens : le patriarche, un couple, lui architecte, elle graphiste, leurs deux enfant, une fille, un garçon, et la sœur de l’architecte, docteure en médecine. Au départ, un seul membre du Conseil municipal, Hervé Riou, plombier de son état, voudrait mettre des bâtons dans les roues de Sébastien Lejeune, le maire, qui, lui, accepte ce changement sans barguigner. Et puis, à l’usage, les choses vont évoluer, ce qui va permettre à Julie Delpy de se moquer avec finesse de tous les préjugés imbéciles qui font le lit du racisme ordinaire. Lui permettre aussi, avec l’aide de la musique, de la danse et de la cuisine, de prouver sans avoir besoin d’appuyer avec lourdeur combien des cultures qui sont censées être aux antipodes l’une de l’autre sont en fait beaucoup plus proches que ce qu’on pense.

Pour arriver à faire de son film une œuvre positive permettant de garder espoir dans la nature humaine, Julie Delpy a su trouver avec beaucoup d’intelligence le moyen de retourner une situation qui semblait mal partie, sans tomber dans le n’importe quoi, en se contentant d’utiliser ce que la nature offre de plus beau en matière d’optimisme. En voyant ce film, on pense donc bien sûr à The old oak de Ken Loach et Julie Delpy n’a pas à rougir de la comparaison. On pense aussi à ce qui s’est passé à Callac, en Bretagne justement, où, il y a 2 ans, la municipalité avait envisagé d’ouvrir un centre d’accueil de migrants qui aurait revivifier la bourgade et a fini par jeter l’éponge face aux menaces des identitaires locaux. A la vision du film, on sent que l’ensemble des interprètes a dû prendre un grand plaisir lors de son tournage. Tous font dans l’excellence mais on ne peut pas s’empêcher de mettre en avant Laurent Lafitte, l’interprète du plombier, irrésistible en beauf raciste et bas du front, Sandrine Kiberlain, en femme trop soumise versée dans l’alcoolisme, Julie Delpy, en institutrice au grand cœur et pleine de bonne volonté. Les interprètes de la famille syrienne sont également excellents, avec, en particulier, Ziad Bakri, palestinien, Dalia Naous, franco-libanaise, Rita Hayek, libanaise, Fares Helou, syrien, toutes et tous interprètes confirmés. On regrette de na pas pouvoir ajouter le nom de la jeune interprète de la fille de la famille syrienne, aussi introuvable sur Internet que lumineuse à l’écran.

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