Critique Express : Le bruit du dehors

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Le bruit du dehors

Allemagne, Autriche : 2021
Titre original : Outside Noise
Réalisation : Ted Fendt
Scénario : Ted Fendt, Mia Sellmann, Daniela Zahlner
Interprètes : Mia Sellmann, Daniela Zahlner, Natascha Manthe
Distribution : Shellac
Durée : 1h01
Genre : Drame
Date de sortie : 1er juillet 2022 au cinéma et en VOD. En DVD le 6 juillet.

3/5

Synopsis : Daniela ne sait pas quoi faire. Elle est devenue insomniaque. Mia termine un master qu’elle a commencé spontanément. Leurs rencontres à Berlin et à Vienne pendant plusieurs mois. En compagnie de Natascha, une autre amie qui envisage de s’installer à Vienne, elles se promènent et discutent.

Une prise de risque assumée et réussie.

Il y a des sujets qui sont difficiles à traiter au cinéma. Prenez l’ennui, par exemple : depuis que le cinéma existe, plusieurs réalisateurs ont essayé de nous décrire ce que pouvait être le fait de s’ennuyer et, malheureusement, leur film dégageait presque inéluctablement un ennui plus ou moins profond. Autre tâche tout aussi délicate, se lancer dans la description de la vacuité d’une ou de plusieurs existences. Très récemment, Sweat, le film polonais du réalisateur suédois Magnus Von Horn, s’est confronté à ce défit en nous racontant ce qu’était la vie particulièrement vide de sens de Sylvia, une jeune femme utilisant les réseaux sociaux à la fois en tant qu’influenceuse et qu’animatrice d’un cours de fitness. Résultat : un film aussi vide que son personnage principal ! Autant dire que le jeune réalisateur américain Ted Fendt a pris un gros risque en choisissant de nous raconter les rencontres tant à Berlin qu’à Vienne entre Mia, Daniela et Natascha, 3 jeunes femmes allemandes qui ont l’air de se délecter dans l’ennui et dont l’existence semble aussi vide de sens que celle de Sylvia dans Sweat.

Eh bien, ce risque méritait d’être pris car Le bruit du dehors s’avère être ni ennuyeux ni vide. Plusieurs raisons peuvent expliquer ce constat, la première étant la brièveté du film : une heure et quelques secondes. Mais c’est surtout le choix des protagonistes qui permet de maintenir l’intérêt tout au long de cette description de leur ennui et de leur apparent vide existentiel : Mia, Daniela et Natasha sont loin d’êtres sottes, elles ont des choses à dire et elles les disent. Certes, tout n’est pas d’un intérêt majeur dans leurs conversations mais, quand le niveau s’élève, cela arrive à voler très haut sans pour autant s’égarer dans une insupportable pédanterie. Pour tout dire, on n’est pas si loin de certaines facettes du cinéma de Eric Rohmer. Quant à la façon de filmer de Ted Fendt, elle est faite d’une succession de plans fixes avec de très rares mouvements de caméra : dans ces plans, les comédiennes qui portent dans le film leurs véritables prénoms sans que le film soit autobiographique pour autant, arrivaient avec leurs propres dialogues travaillés en amont sur le scénario de Ted Fendt.

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