L’an 01
France : 1973
Titre original : –
Réalisation : Jacques Doillon, Alain Resnais, Jean Rouch
Scénario : Gébé
Interprètes : Coluche, Gérard Depardieu, Daniel Auteuil
Distribution : MARY-X DISTRIBUTION
Durée : 1h28
Genre : Comédie
Date de nouvelle sortie : 1er janvier 2025
3.5/5
Synopsis : Le film narre un abandon utopique, consensuel et festif de l’économie de marché et du productivisme. La population décide d’un certain nombre de résolutions dont la 1ère est « On arrête tout » et la 2ème « Après un temps d’arrêt total, ne seront ranimés que les services et les productions dont le manque se révélera intolérable ». L’entrée en vigueur de ces résolutions correspond au premier jour d’une ère nouvelle, l’an 01.
Entre 1970 et 1972, quelques années après 1968, quelques mois avant le choc pétrolier de 1974, Georges Blondeaux, plus connu sous le pseudonyme de Gébé, a fait publier L’an 01, une bande dessinée utopiste, à la fois grinçante et poétique, imaginant la fin de la société productiviste, la population s’arrêtant de travailler (à l’exception d’un petit groupe de conspirateurs), l’écologie, la négation de l’autorité, l’amour libre, la vie en communauté, le rejet de la propriété privée et du travail devenant les valeurs phare de la société. Début 1973, sortait l’adaptation cinématographique de cette BD, réalisée principalement par Jacques Doillon (dont c’était le premier film) avec quelques scènes réalisées à New-York par Alain Resnais et d’autres tournées au Sénégal par Jean Rouch. Aujourd’hui, alors que nous abordons l’an 52 post an 01, ce film ressort en version restaurée. L’intérêt de cette nouvelle sortie est à la fois politique, sociologique et cinématographique.
En partant de la réflexion philosophique « On nous dit, le bonheur, c’est le progrès, faites un pas en avant et c’est le progrès, mais c’est jamais le bonheur. Alors si on faisait un pas de côté ! Si on essayait autre chose, si on faisait un pas de côté, on verrait ce que l’on ne voit jamais », les pas de côté faits par la population nous entrainent dans une succession de sketchs tournés en noir et blanc et dans lesquels on retrouve de nombreux interprètes très peu connus à l’époque et qui, depuis, sont devenus quelques unes des plus grandes stars du cinéma français : Coluche, Gérard Depardieu, Josiane Balasko, Daniel Auteuil, Christian Clavier, Gérard Jugnot, Miou-Miou, Thierry Lhermitte, etc. On retrouve aussi Cabu, le Professeur Choron, François Cavanna, Delfeil de Ton, Wolinski, des collaborateurs de Hara-Kiri interprétant les conspirateurs, ainsi que Daniel Leconte, Jacques Higelin et Gotlib. Certes, la qualité des sketchs est parfois inégale mais on peut faire au moins 3 remarques. Tout d’abord, en montrant par exemple qu’il y a plus de 50 ans, certains mettaient déjà en avant ce qu’on pouvait attendre de l’agriculture urbaine, L’an 01 permet de prouver que, souvent, les utopistes sont ceux qui ont raison avant les autres. Une impression qui est renforcée par le nombre de fois où, dans le film, la pratique de la bicyclette était déjà présentée il y a plus de 50 ans comme étant dans de nombreux cas de figure une alternative pertinente à l’automobile. Et que dire d’un film qui, quelques mois avant le choc pétrolier de 1974, montrait déjà des restrictions d’essence dans une station-service ! D’une manière générale, L’an 01 permet de clore le débat entre celles et ceux qui affirment qu’on parlait déjà d’écologie il y a 50 ans et celles et ceux qui prétendent le contraire.