Critique Express : La panthère des neiges

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La panthère des neiges

France : 2021
Réalisation : Marie Amiguet
Scénario : Marie Amiguet, Vincent Munier
Interprètes : Sylvain Tesson, Vincent Munier
Distribution : Haut et Court
Durée : 1h32
Genre : Documentaire
Date de sortie : 15 décembre 2021

3.5/5

Synopsis : Au cœur des hauts plateaux tibétains, le photographe Vincent Munier entraîne l’écrivain Sylvain Tesson dans sa quête de la panthère des neiges. Il l’initie à l’art délicat de l’affût, à la lecture des traces et à la patience nécessaire pour entrevoir les bêtes. En parcourant les sommets habités par des présences invisibles, les deux hommes tissent un dialogue sur notre place parmi les êtres vivants et célèbrent la beauté du monde.

 

Nous ne sommes pas seuls !

« – Tesson ! Je poursuis une bête depuis six ans, dit Munier. Elle se cache sur les plateaux du Tibet. J’y retourne cet hiver, je t’emmène. – Qui est-ce ? – La panthère des neiges. Une ombre magique ! – Je pensais qu’elle avait disparu, dis-je. – C’est ce qu’elle fait croire. » C’est ainsi que l’écrivain voyageur Sylvain Tesson présente la façon dont le photographe animalier Vincent Munier l’a convaincu de l’accompagner sur les hauts plateaux du Tibet afin de lui faire connaître les vertus de la patience lorsqu’on souhaite approcher des animaux sauvages, avec, aussi, l’espoir peut-être chimérique de lui faire rencontrer une panthère des neiges, cet animal mythique que Vincent avait découvert à travers les récits d’aventure du biologiste américain George B. Schaller et que, plusieurs années auparavant, il avait eu la chance de rencontrer pour la première fois. A la suite de ce périple, Sylvain Tesson a écrit le récit La panthère des neiges, Prix Renaudot 2019, et, 2 ans après, voici le film, un film réalisé par Marie Amiguet, la compagne de Vincent Munier, un film qui aurait dû sortir en 2020 et dont le titre a d’abord été Promesse de l’invisible.

Même si le film donne l’impression d’avoir été filmé dans la continuité au cours d’une seule expédition, les choses sont un peu plus compliquées. En fait, ce sont deux séjours de 3 semaines, en 2018 puis en 2019, que Sylvain et Vincent ont effectués de concert, accompagnés d’une toute petite équipe de deux cameramans, Marie Amiguet et Léo-Pol Jacquot, qui ne manquaient pas de filmer la nature et des animaux chaque fois qu’ils le pouvaient, mais dont le rôle principal consistait à filmer l’écrivain et le photographe dans les conditions extrêmement difficiles qu’ils devaient affronter : une altitude moyenne entre 4500 mètres et 5000 mètres, une température tournant très souvent entre -25°C et -30°C, atteignant même -35°C un certain matin. De Marie Amiguet, Vincent Munier avait vu et apprécié son travail avec Jean-Michel Bertrand dans le film La Vallée des loups. Quant à Léo-Pol Jacquot, il travaille auprès de Vincent Munier depuis plus de 10 ans. A côté des images tournées par Marie Amiguet et Léo-Pol Jacquot, le film a fait appel au réservoir d’images d’animaux accumulées par Vincent Munier au cours de ses 5 séjours précédents, le plus ancien datant de 2011.

A la vision du film, on oublie vite le côté forcément un peu artificiel de sa genèse : on voit deux hommes qui, malgré le froid extrême, doivent malgré tout s’abstenir de bouger et on oublie qu’à côté, forcément, il y a une femme et un homme qui sont là pour les filmer. On s’amuse en constatant combien Sylvain Tesson donne parfois l’impression de s’ennuyer lors des longues périodes d’affût. Comme, durant le film, il fait des commentaires, cela donne : « Il faut avoir une sacrée vie intérieure pour les supporter ». Toutefois, il apprend aussi et, de ces moments d’observation, il déduit : « J’ai beaucoup voyagé, j’ai été beaucoup observé et je ne le savais pas ». Et puis, il y a le reste, le plus important, la vision magnifique d’une nature grandiose et celle d’un certain nombre d’animaux à la beauté exceptionnelle : des yaks sauvages, des renards du Tibet, des chirus appelés également antilopes du Tibet, des ours du Tibet, des manuls, également appelés chats de Pallas, et puis, bien sûr, parce que Sylvain Tesson a eu de la chance, cette fameuse panthère des neiges qui vient lui faire un petit coucou. Une nature, des animaux, dont le film, discrètement, nous fait sentir combien leur préservation est essentielle pour nous autres, humains. Tout cela accompagné par la musique de Warren Ellis, ce musicien australien membre du groupe The Bad Seeds, groupe accompagnateur de Nick Cave, lequel, à la fin du film, intervient vocalement dans la chanson « We are not alone » qui reprend en anglais un texte de Sylvain Tesson qui arrive à bien résumer le sujet du film :

Ce monde a des oreilles et les rochers ont des yeux
La nature aime se cacher
Le monde est un buisson plein de regards de feu
La nature aime se cacher
J’ai beaucoup voyagé, j’ai été observé
J’ai été observé et inconscient
J’ai beaucoup voyagé sans me douter qu’on m’observait
On n’est pas seuls (Bonne nouvelle pour la vie)

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