Critique Express : La montagne

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La montagne

France : 2022
Titre original : –
Réalisation : Thomas Salvador
Scénario : Thomas Salvador, Naïla Guiguet
Interprètes : Thomas Salvador, Louise Bourgoin, Martine Chevallier
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h52
Genre : Drame, Fantastique
Date de sortie : 1er février 2023

2/5

Synopsis : Pierre, ingénieur parisien, se rend dans les Alpes pour son travail. Irrésistiblement attiré par les montagnes, il s’installe un bivouac en altitude et décide de ne plus redescendre. Là-haut, il fait la rencontre de Léa et découvre de mystérieuses lueurs.

Du réalisme à un fantastique de pacotille

Il y a 8 ans, après avoir trouvé sympathique Vincent n’a pas d’écailles, le premier long métrage de Thomas Salvador, nous avions modéré ce jugement plutôt positif en précisant que la matière scénaristique de ce film n’était quand même pas suffisante pour un long métrage et nous avions conclu par : On attend Thomas Salvador sur un deuxième long métrage au scénario plus riche et plus construit. Eh bien, ce deuxième long métrage, le voici, c’est La montagne, film présenté en mai dernier à la Quinzaine des Réalisateurs de Cannes où il s’est vu décerner le prix SACD et dans lequel le réalisateur est à nouveau l’interprète principal. Alors que Vincent n’a pas d’écailles a une durée de 78 minutes, La montagne dure 1 h 52 minutes. On se dit que, cette fois ci, Thomas Salvador a dû réussir à réunir une matière scénaristique suffisante pour alimenter ces 112 minutes. Pas de problème, la première heure du film conforte cette hypothèse : Pierre, un chercheur en robotique, qui part pour 2 jours dans la montagne au dessus de Chamonix, qui fait connaissance avec Léa, cheffe du restaurant d’altitude de l’Aiguille du midi, qui bivouaque sur un glacier, qui se fait passer pour malade auprès de ses employeurs, qui décide de ne plus redescendre, etc. Nous voilà donc dans un film plutôt réussi sur le ras-le-bol d’un travailleur quant à la vie qu’il mène, un ras-le-bol qui le pousse à tout plaquer pour se plonger à corps perdu « Into the wild ».

En résumé, film écolo, film de rejet de la société de consommation, film aux images splendides d’un lieu naturel, un glacier, qui, bientôt, n’existera probablement plus. Au bout d’une heure, on espère que le réalisateur va continuer à creuser ce sillon intéressant, en espérant qu’il sache, dans ce contexte, utiliser avec tact et discrétion la relation sentimentale qui commence à se nouer entre Pierre et Léa. Mauvaise pioche : voilà, au contraire, Thomas Salvador qui se croit obligé de tomber dans cette tendance qu’on retrouve de plus en plus dans un certain cinéma français : passer en cours de film du réalisme au fantastique. Qui plus est, un fantastique de pacotille avec, ici, la mise en contact de Pierre avec des « lueurs », des objets gluants et rougeoyants, qui le rendent fluorescent et capable de s’introduire dans les rochers, au sein de la montagne. On ne peut que s’interroger : pourquoi, au bout d’une heure, cet abandon d’un réalisme à la fois plein d’intérêt et esthétiquement réussi pour s’abandonner à ce fantastique sans grande envergure ? Sentiment, pour le réalisateur, d’avoir épuisé la matière scénaristique ?


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