Critique Express : La mer et ses vagues

0
247

La mer et ses vagues

Liban, France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Liana & Renaud
Scénario : Liana & Renaud
Interprètes : Roger Assaf, Hanane Haji Ali, Mays Mustafa, Mohammed Al Ammari
Distribution : Shellac
Durée : 1h23
Genre : Drame
Date de sortie : 29 janvier 2025

3/5

Synopsis : Par une nuit de pleine lune, la jeune Najwa et le musicien Mansour se rendent à Beyrouth. Ils suivent la piste des passeurs pour rejoindre une femme de l’autre côté de la mer. À quelques rues de là, Selim, le gardien de l’ancien phare, tente de réparer l’électricité de son quartier.

A côté des films qui, ayant fait partie d’une des sélections d’un Festival de Cannes, n’ont jamais été distribués dans les salles de notre pays, il y a les films également présents dans une sélection qui attendent de longs mois avant de pouvoir être vus sur des écrans de l’hexagone. C’est le cas de La mer et ses vagues qui faisait partie de la sélection ACID de 2023 et que le distributeur Shellac a le courage de sortir. En effet, on peut parler de courage car ce film n’est ni une comédie facile, ni un film d’action, ni un polar plein de suspense, c’est un film poétique, très beau visuellement, un conte qui n’hésite pas à s’écarter du réalisme pour nous parler de la situation qui règne au Liban au travers de 4 personnages seulement : Mansour, un musicien qui joue du mijwiz, Najwa, sa jeune soeur, Selim, un vieux gardien de phare, et une vieille vendeuse de billets de loto. Mansour et Najwa, ce sont des jeunes venus d’on ne sait où qui traversent le Liban à moto pour arriver à Beyrouth, une ville rongée par la crise économique, une ville désertée par ses habitants. Ces jeunes ont un but : embarquer sur la mer vers un ailleurs plus radieux. Selim, le vieux gardien de phare, a probablement connu l’époque où on disait du Liban que c’était la Suisse du Moyen-Orient, que c’était un pays où il faisait bon vivre et, gardant en lui un certain optimisme face à l’état de ce pays tombé dans l’obscurité, il s’efforce de rallumer la lumière. Quant à la vendeuse de billets de loto, qui promet l’arrivée de gains importants à ses clients, c’est un personnage qui est là pour réveiller le souvenir d’un Liban opulent où pouvaient se faire d’importantes fortunes. Tourné dans une atmosphère nocturne, symbolisant l’état d’obscurité dans lequel se trouve le Moyen-OrientLa mer et ses vagues donne une grand importance à la lune et, plus particulièrement, à la pleine lune. Le symbolisme de la pleine lune est tellement riche qu’il parait présomptueux d’affirmer qu’il ne faut retenir ici que les symboles optimistes liés à la pleine lune, son aptitude à dissiper les ténèbres, à représenter la vie qui s’épanouit, ou au contraire les symboles pessimistes, la pleine lune annonçant un déclin, évoquant une trop grande ambition en se prenant pour le soleil. Toujours est-il que visuellement, cela donne de très belles images.

C’est de façon totalement assumée que Liana & Renaud ont donné à leur film un ton très théâtral, que ce soit au travers du jeu des interprètes ou des structures géométriques du paysage urbain qui s’apparentent à un décor de théâtre. A ce titre, il n’est pas étonnant de retrouver deux figures importantes du théâtre libanais dans les rôles du gardien de phare et de la vendeuse de billets de loto : très engagé politiquement et socialement, Roger Assaf est tout à la fois dramaturge, metteur en scène, réalisateur et acteur, Hanane Hajj Ali étant elle metteure en scène, comédienne et … militante. Tous les deux originaires de Syrie, Mays Mustafa, qui vient d’un camp de réfugiés de la Bekaa, et Mohammed Al Ammari, directeur technique d’un théâtre de Beyrouth, les interprètes de Najwa et de Mansour, n’avaient aucune expérience de comédiens. Par contre, il était important qu’elle et il soient de bons musiciens et de bons chanteurs, leurs dialogues étant parfois chantés. Quant au duo Liana & Renaud, Liana est libanaise alors que Renaud est français. Ils se sont rencontrés à Paris en 2007 et, depuis, ils ont réalisé plusieurs court-métrages en 16 mm argentique. La mer et ses vagues est leur premier long métrage et il a été également été  tourné en 16 mm argentique. C’est un film dont on peut dire qu’il se mérite tout en donnant une belle satisfaction à celles et ceux qui auront accepté de faire l’effort nécessaire. 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici