Kyuka – Avant la fin de l’été
Grèce, Macédoine du nord : 2024
Titre original : Κιούκα: Πριν το τέλος του καλοκαιριού
Réalisation : Kostis Charamountanis
Scénario : Kostis Charamountanis
Interprètes : Simeon Tsakiris, Elsa Lekakou, Konstantinos Georgopoulos
Distribution : The Dark
Durée : 1h45
Genre : Drame
Date de sortie : 16 avril 2025
3/5
Synopsis : En plein été, Babis, père célibataire, embarque ses jumeaux, Konstantinos et Elsa, sur l’île de Poros pour des vacances en mer. Entre baignades, rires et nouvelles rencontres, une révélation bouleverse leur insouciance : sans le savoir, ils croisent leur mère biologique, disparue depuis leur enfance. Un été où les illusions s’effritent, où le passé refait surface, et où grandir devient inévitable.
Le prochain été se rapproche à grands pas et vous ne savez peut-être pas comment vous allez l’occuper. Le réalisateur grec Kostis Charamountanis a une proposition à vous faire : il vous invite à venir le retrouver « avant la fin de l’été » sur un voilier et sur une île grecque dans un film qui va parfois vous paraitre laisser ses interprètes improviser en totale roue libre mais qui in fine, va, se révéler attachant et émouvant. Ce film a un titre dont la première partie est un mot japonais, Kyuka, dont la traduction est « vacances ». Il est le premier long métrage d’un jeune réalisateur autodidacte qui avait déjà 6 court-métrages à son actif et il a fait l’ouverture de la sélection ACID lors du dernier Festival de Cannes. Elsa et Constantin sont sœur et frère et on les découvre, dans un format 1:33, en train de décharger les affaires d’une voiture pour les transporter dans le voilier de leur père. Tout sauf passionnante la vie sur ce bateau même si Babis, le père, essaye de mettre un peu d’animation en tentant d’apprendre à ses enfants à pêcher et à naviguer. Toutefois, c’est sur terre, sur l’île de Poros, que certains évènements vont se dérouler, des rencontres dont l’une a été organisée, celle entre Babis et Anna, son ex, la mère d’Elsa et de Constantin qui, un jour, avait quitté sa famille pour aller acheter des cigarettes, alors que deux autres sont dues au hasard, celle de Constantin avec Anna, dont il ignore qu’elle est sa mère, et celle d’Elsa et de Constantin avec Loli, leur demi-sœur dont l’existence leur était totalement inconnue.
On découvre dans Kyuka que cette bonne vieille Nouvelle Vague du cinéma français de la fin des années 60 a un nouvel héritier en Grèce, tout particulièrement celle du Jacques Rozier de Du côté d’Orouët. Cette filiation n’empêche pas Kostis Charamountanis de faire preuve d’inventivité, comme dans cette scène où, pour montrer que Boris est en train de voir sa vie s’effondrer, il a choisi de la filmer en utilisant le procédé de la marche arrière ou celle, montée en boucle, qui voit Elsa jeter son père à l’eau, la répétition appuyant sur le fait que Boris est symboliquement détrôné dans sa propre famille. Quant à l’intense prise de bec entre Boris et Dimitris, le nouveau compagnon d’Anna, à propos des mérites comparés de la pêche à la ligne et la pêche au harpon, elle devient tellement âpre que le réalisateur décide de couper la parole aux deux hommes qui n’en continuent pas moins à s’invectiver … en silence. Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que les poissons dont il est beaucoup question dans le film, ces poissons que les hommes cherchent à pêcher et qui se font de plus en plus rares et de plus en plus difficiles à capturer, représentent en fait la gent féminine. Dis comme cela, la comparaison ne donne pas l’impression d’être très fine, mais découverte incidemment dans le film, elle n’est pas sans dégager une certaine poésie. En tout cas, Kyuka, film sur l’abandon, la jalousie et le pardon venant perturber la légèreté et la langueur d’un bel été grec, arrive à toucher les spectateurs avec, en particulier, une très belle scène finale accompagnée par la voix chaude de Tonis Maroudas.
