Critique Express : Karnawal

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Karnawal

Argentine : 2020
Titre original : –
Réalisation : Juan Pablo Félix
Scénario :  Juan Pablo Félix
Interprètes : Martin López Lacci, Alfredo Castro, Mónica Lairana, Diego Cremonesi
Distribution : Bodega Films
Durée : 1h38
Genre : Drame
Date de sortie : 11 mai 2022

3.5/5

Synopsis : Pendant le carnaval andin, à la frontière entre l’Argentine et la Bolivie, un jeune danseur de Malambo, Cabra, se prépare pour la compétition la plus importante de sa vie. Lorsque son père, El Corto, ancien détenu et voleur de grand chemin, revient, il met tout en péril…

Karnawal, le carnaval en langue quechua

Dans la province de Jujuy, au nord-ouest de l’Argentine, la Quebrada de Humahuaca est à la fois, par l’authenticité qu’elle a conservée, par la beauté riche en couleurs de ses paysages et de ses villages, une région touristique et, du fait de sa proximité avec la Bolivie, une région de contrebande et de trafics en tous genre entre un pays vraiment pauvre et un pays plus riche. Cabra, originaire de Abra Pampa, une petite ville de l’Altiplano argentin, est un adolescent qui pratique le Malambo à très haut niveau et il s’entraine avec des coéquipiers et en solo pour participer à une compétition de ce type de danse qui va avoir lieu à Jujuy dans la continuité du carnaval, une compétition ouvrant la porte à une qualification pour le championnat national. Afin de pouvoir acquérir la paire de bottes dont il rêvait pour améliorer son « look » en vue de cette compétition, il a accepté de faire un transport (et un seul) entre la Bolivie et l’Argentine, sans vraiment être conscient des risques et des conséquences. Pourtant, ces risques, ces conséquences, il était bien placé pour les connaître, son père, surnommé El Corto, étant lui-même en prison depuis 7 ans. Ce père, Cabra le connait peu. On apprendra petit à petit que c’est un étranger, un chilien qui n’a guère de liens avec le folklore local et qui se moque complètement des dons de son fils pour le Malambo. En fait, Rosario, la mère de Cabra, a dorénavant comme compagnon un gendarme, Eusebio, qui est sur le point d’être muté dans le sud du pays. Pour Cabra, pour Rosario, pour Eusebio, les problèmes sont sur le point d’arriver, El Corto bénéficiant d’une permission de 3 jours et les entrainant dans un de ces coups louches dont il s’est fait une spécialité.

 

Tout à la fois drame familial, thriller et road-movie, Karnawal est avant tout un très beau film sur le passage à l’âge adulte d’un adolescent qui n’est pas encore assez âgé pour qu’il puisse prendre ses propres décisions mais n’est plus assez jeune pour être mené par le bout du nez sans réaction de sa part. Les rapports avec le nouveau compagnon de sa mère n’étaient pas toujours du genre cordiaux, mais ceux avec son père ne sont pas franchement meilleurs, d’autant plus que, par son comportement, ce dernier risque d’empêcher son fils de participer à cette compétition dont il attend beaucoup. Par ailleurs, Karnawal nous entraine dans une magnifique région de l’Argentine et nous fait connaître le Malambo, une danse masculine typique de la culture des gauchos, les gardiens de bétail de la pampa, deuxième danse nationale du pays après le tango, une danse très physique, très technique, magnifique à regarder lorsqu’elle est pratiquée par de très bons danseurs. Juan Pablo Félix, le réalisateur de Karnawal, son premier long métrage de fiction, avait lui-même pratiqué cette danse dans sa jeunesse et, pour interpréter le rôle de Cabra, il tenait à ce que ce soit un très grand danseur de Malambo à qui on ferait faire une formation d’acteur. C’est au bout d’un casting d’une durée de deux ans et la rencontre de 300 danseurs que la perle rare a été trouvée : Martin López Lacci, un jeune champion national de Malambo, originaire de Salta. Ensuite, la formation avec une coach qui a duré un an a donné un résultat très satisfaisant en matière de jeu d’acteur ! Il faut dire que le personnage de Cabra est peu loquace, mais, par contre, il y a beaucoup de non-dit dans ses attitudes et son regard. A ses côtés, l’acteur chilien Alfredo Castro, très souvent présent dans les films de son compatriote Pablo Larraín, interprète le rôle de El Corto, celui de Rosario étant interprété par Mónica Lairana qu’on avait découverte il y a 17 ans dans le très beau El Cielito de Maria Victoria Menis.

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