Critique Express : Jeunesse en sursis

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Jeunesse en sursis

Ukraine : 2021
Titre original : Stop-Zemlia
Réalisation : Kateryna Gornostai
Scénario : Kateryna Gornostai
Interprètes : Maria Fedorchenko, Arsenii Markov, Yana Isaienko, Oleksandr Ivanov
Distribution : Wayna Pitch
Durée : 2h02
Genre : Drame, Romance
Date de sortie : 14 septembre 2022

1/5

Synopsis : Masha effectue sa dernière année de lycée. Elle traîne le plus souvent avec deux amis aussi anti-conformistes qu’elle, et tombe amoureuse d’une manière qui la force à sortir de sa zone de confort. Une histoire universelle sur la jeunesse ukrainienne qui trouve une résonance particulière dans le contexte actuel.

Petite note d’introduction

Un film qui nous vient d’Ukraine, un film réalisé par une jeune ukrainienne de 33 ans, juste avant l’invasion de ce pays par la Russie, un film consacré à la jeunesse ukrainienne de ce moment, un film qui, dans cette période si difficile pour le cinéma, est distribué en France par une petite structure qui met toutes ses forces et son savoir-faire pour le promouvoir, pour trouver des salles acceptant de le programmer et lui permettre de trouver un public. Dans ces conditions, ne pas avoir aimé ce film, l’avoir trouvé profondément ennuyeux mises à part 5 minutes sur les 122 minutes de la durée totale, on peut se l’autoriser, mais le faire savoir est déjà plus délicat. Et puis, finalement, on se dit qu’on est là pour dire honnêtement ce que l’on pense à condition, bien sûr, d’expliquer les raisons de son rejet, d’autant plus que Jeunesse en sursis est typiquement le genre de film à trouver par ailleurs un appui massif de la part d’une grande partie de la critique voire même bénéficier d’un bouche à oreilles positif.

Un film qui ne donne pas envie de redevenir adolescent !

En Ukraine, on atteint la terminale du lycée à l’âge de 16 ans. Kateryna Gornostai nous « jette » dans un groupe d’élèves d’une classe de terminale sans faire beaucoup d’efforts pour les caractériser, pour nous permettre de les reconnaitre facilement. Ce n’est que très progressivement qu’on prend conscience que le film se concentre sur 4 de ces élèves, Masha, peut-être amoureuse de Sasha, Yana, sans doute amoureuse de Senia, Senia, très probablement amoureux de Masha, et Sasha, le ravi de la crèche qui ne se rend compte de rien. Pendant 2 heures, la réalisatrice empile une succession de petites scènes, le plus souvent sans aucun rapport les unes avec les autres, sans souci affiché de raconter une histoire.

Certes, ces scènes de dialogues entre lycéen.ne.s ou de dialogues d’un lycéen ou d’une lycéenne avec un de ses parents sont bien filmées, avec des plans séquence bien maitrisés, avec une belle lumière, mais on souffre quasiment en permanence de la vacuité de ces dialogues d’où, progressivement, l’apparition d’un profond ennui, et, surtout, d’entendre la plupart des phrases prononcées par les protagonistes se terminer par des gloussements d’une grande niaiserie. Vacuité des dialogues ? La réplique la plus intéressante, « je ne sais pas ce qui est pire, ne pas aimer ou un amour non partagé », donne une idée de ce que peuvent donner les autres. Alors oui, sur les 122 minutes que dure ce film trop long et trop bavard, force est de reconnaître que, alors que la fin approche, il y en a 5 qui sortent du lot : un garçon et une fille dansent ensemble, ils ne se parlent pas, ils se contentent de se regarder. Si seulement le film avait été tout du long de ce niveau !

En partant d’un casting sauvage qui a attiré plus de 800 personnes, Kateryna Gornostai a réuni 25 adolescent.e.s pendant neuf semaines et a démarré avec eux un « laboratoire d’études » ce qui, via des ateliers, leur a permis de mieux se connaître, d’apprendre à jouer et a également permis à la réalisatrice d’imaginer l’histoire de chacun des protagonistes à partir de leur personnalité et de son imagination. Lors du tournage des scènes, les protagonistes en connaissaient le point de départ et le point de chute mais avaient la liberté d’improviser leur dialogue, ce qui explique sans doute leur vacuité ainsi que les gloussements intervenant à la fin de presque toutes les phrases. Finalement, il faut reconnaître un mérite à ce film : il ne donne pas du tout envie de redevenir adolescent !


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