Critique Express : Familia

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Familia

Italie : 2024
Titre original : –
Réalisation : Francesco Costabile
Scénario : Vittorio Moroni, Francesco Costabile, Adriano Chiarelli
Interprètes : Francesco Gheghi, Barbara Ronchi, Francesco Di Leva, Marco Cicalese
Distribution : Damned Distribution
Durée : 2h03
Genre : Drame
Date de sortie : 23 avril 2025

3.5/5

Synopsis : Rome, début des années 2000. Licia élève seule ses fils Gigi et Alessandro, suite à une mesure d’éloignement de Franco, leur père dont la violence a marqué leur enfance. Gigi grandit en trouvant refuge auprès d’un groupe néofasciste et reproduit peu à peu le schéma paternel. Après dix ans d’absence, Franco réapparaît, bien décidé à retrouver sa place au sein de ce qu’il considère comme son foyer.

3 ans après Una femmina, un film sur la lutte d’une femme contre les violences de la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, film sélectionné en 2022 dans la section Panorama du Festival de Berlin mais qui n’est jamais sorti sur les écrans hexagonaux, le réalisateur italien d’origine calabraise Francesco Costabile s’attaque avec Familia aux violences faites aux femmes dans le cadre familial et à l’emprise que, trop souvent, elles subissent, en adaptant  « Non sarà sempre così » (« Ce ne sera pas toujours comme ça »), le livre autobiographique écrit en 2017 par Luigi Celeste. Quand on rencontre Licia Celeste, on est en 1997 et elle est dans un service d’état civil en train de demander et d’obtenir l’effacement du noyau familial de Franco Celeste, son mari, un homme extrêmement violent d’une manière générale et tout particulièrement avec elle. Un homme qui passe son temps à aller dans la case prison et à en sortir, un homme qui, par la peur qu’il lui inspire, fait subir à Licia une emprise dont elle n’arrive pas à se débarrasser. Lorsqu’elle fait changer la serrure de son appartement, Franco arrive à s’y introduire en se servant d’Alessandro et surtout de Luigi, les 2 enfants du couple, âgés respectivement à l’époque de 12 et 9 ans, et une fois qu’il est dans la place, Licia, malgré les coups, n’arrive pas à faire quoi que ce soit pour lui résister.

A chaque sortie de prison de Franco, le même schéma se reproduira. Il faut dire qu’à cette époque, en Italie comme dans de trop nombreux pays, les autorités ne font pas grand chose pour protéger les femmes victimes de violences conjugales. C’est ainsi que lorsqu’on viendra signifier une demande d »éloignement à Franco, suite à de la demande d’effacement du noyau familial faite par Lisia, cette dernière ne comprend pas que Alessandro et Luigi lui soient arrachés tout autant qu’à Franco : « Vous deviez les éloigner de lui, pas de moi ! », clame-t-elle alors. Et elle gardera bien ancrée en elle la crainte de se voir à nouveau privée de ses enfants en cas d’une nouvelle plainte déposée contre Franco. C’est ainsi, aussi, que lorsque, 10 ans après, un de ses enfants viendra signaler à la police des violences commises contre sa mère, on lui répondra que les procédures sont telles que c’est elle seule qui, dans un tel cas, est habilitée à porter plainte, ce que, bien sûr, elle se refuse à faire. Mais au fait, sommes nous absolument certains que, dans ce domaine, les choses se soient, depuis, considérablement améliorées, que ce soit en Italie ou en France ? Et les enfants, que deviennent ils dans cet enfer conjugal, eux qui, derrière une porte, ont entendu le bruit des coups portés contre leur mère et les cris de douleur de cette dernière  ? Alors que Alessandro, l’ainé, a vite compris le caractère toxique et manipulateur de son père et se montre à chaque retour de celui-ci dans le foyer familial plein de réticence à entretenir une relation filiale avec lui, Luigi semble avoir hérité de la violence de Franco et cela se traduit par la fréquentation d’un groupe de jeunes néofascistes et un comportement sans réelle aménité avec Giulia, sa petite amie. C’est à la demande de Franco, en retournant cette violence contre son père, qu’il va arriver à se débarrasser de ses pulsions malsaines. Ayant suivi en prison des études de sécurité informatique, Luigi Celeste a pu retrouver une vie normale et il envisage de devenir père. L’interprétation sans faille que Francesco Gheghi fait de Luigi lui a valu de se voir attribuer le Prix du meilleur acteur dans la section Orizzonti de la dernière Mostra de Venise où le film était présenté. Après L’enlèvement et Il Boemo, Barbara Ronchi prouve à nouveau toute l’étendue de son talent en interprétant de façon très sobre le rôle de Licia. Quant à Francesco Di Leva, il se montre très convaincant dans le rôle de Franco. Familia apporte une nouvelle preuve que le cinéma italien est loin d’être mort et on s’en félicite !

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