Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère) ?
Thaïlande : 2024
Titre original : Lahn Mah
Réalisation : Pat Boonnitipat
Scénario : Pat Boonnitipat, Thodsapol Thiptinkorn
Interprètes : Putthipong Assaratanakul, Usha Seamkhum, Tontawan Tantivejakul, Sanya Kunakorn
Distribution : Tandem
Durée : 2h06
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 16 avril 2025
3/5
Synopsis : Quand M apprend que sa grand-mère est malade, il voit une opportunité de mettre fin à ses galères. En jouant les petits-fils modèles, il compte bien décrocher l’héritage ! Mais gagner ses faveurs est loin d’être une mince affaire, et pour toucher le pactole, il est prêt à tout. Ce qui commence comme une mission intéressée devient peu à peu l’histoire d’un petit-fils et d’une grand-mère qui apprennent à se connaître…
Les films en provenance de Thaïlande sont plutôt rares sur nos écrans. On se souvient bien sûr de la Palme d’or attribuée en 2010 à Apichatpong Weerasethakul pour son film Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures). Sinon, il s’agit le plus souvent de films d’action. C’est donc avec un sentiment se partageant entre surprise et intérêt qu’on reçoit la comédie dramatique Comment devenir riche (grâce à sa grand-mère)?, le premier long métrage de cinéma du jeune réalisateur Pat Boonnitipat, un film déjà sorti dans un grand nombre de pays et qui, partout, a rencontré un très grand succès. Au point que la publicité du film affirme qu’il s’agit du film « qui a fait rire et pleuré le monde entier ». Concernant le rire, c’est une affirmation un peu exagérée car le film s’avère beaucoup plus caustique que franchement comique. Quant au fait de pleurer en regardant ce film, tout dépend de la façon dont vous réagissez face à des situations qui se révèlent émouvantes sans pour autant tomber dans le pathos. L’action de Comment devenir riche ? se déroule au sein d’une famille thaï d’origine chinoise et, comme dans tout ira bien, l’excellent film chinois de Hong-Kong sorti en tout début d’année, il y est principalement question d’héritage. Force est de reconnaitre que Pat Boonnitipat, qui est lui-même un thaïlandais d’origine chinoise, n’est pas très tendre avec sa communauté qu’il dépeint comme plaçant l’argent bien au-dessus de l’affection dans les relations familiales.
Dans son film, le personnage principal, M, est un jeune homme qui a abandonné ses études pour se lancer, avec un succès très relatif, dans la diffusion de contenu sur Internet. Lorsque M apprend que Mui, sa cousine, est devenue l’héritière principale de leur grand-père commun, grand-père du côté paternel pour lui, parce qu’elle était la seule de sa famille à s’être occupée de lui à la fin de sa vie, il se dit qu’il pourrait peut-être arriver au même résultat en s’occupant à temps complet de Mengju, sa grand-mère côté maternel, qui, atteinte d’un cancer de l’intestin en phase terminale, n’a plus, au maximum, qu’un an à vivre. Pour lui, les conseils de Mui sont bons à prendre : ce qui est le plus précieux pour les vieux parents, c’est le temps qu’on leur consacre, lui a-t-elle dit, tout en lui glissant que tant qu’on continue à trouver qu’ils ne sentent pas bon, c’est que le temps qu’on leur consacre est insuffisant. Du temps à consacrer à Mengju, son entourage n’en a jamais eu beaucoup, pris par d’autres « obligations », que ce soit Kiang, son fils ainé, un agent de change financièrement très à l’aise, Sew, la mère de M, ou Soei, l’autre fils de Mengju, qui ne cesse de perdre de l’argent au jeu et qui n’hésite pas à voler sa mère. Par contre, comme c’est bizarre, la mort de Mengju approchant, on voit se dessiner une sorte de compétition pour être le mieux classé possible dans la hiérarchie de ses préféré(e)s. Mal reçu au début par Menju, qui n’est pas dupe du soudain intérêt qu’elle suscite chez les uns et les autres, M ne va peut-être pas faire l’héritage dont il rêvait mais ce séjour auprès d’elle, séjour qui va lui permettre de mieux la connaitre et de se rendre compte de ce qu’est le monde du travail, l’amenant par exemple à se lever à 5 heures du matin pour aller vendre avec Mengju le gruau qu’elle a préparée, va le métamorphoser et lui faire prendre conscience, lui qui est en train d’arriver à l’âge adulte, de l’importance des liens familiaux.
Même s’il souffre de quelques longueurs et de quelques maladresses dans la conduite du récit, même si l’accompagnement musical qui a trop tendance à envahir le film s’avère plus souvent nuisible que vraiment utile, le côté doux-amer de Comment devenir riche ? et l’irrésistible attachement qu’on ressent pour Mengju et pour M sont à mettre à l’actif de Pat Boonnitipat et lui permettent, lui qui vient de la réalisation pour la télévision, de réussir son entrée dans le cinéma. On notera que Usha Seamkhum a fait à 78 ans ses premiers pas devant une caméra en interprétant parfaitement le rôle de Mengju.